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mercredi 7 octobre 2020

   





 Qui l’eût cru ! Moi qui le vouais aux gémonies, je lui voue aujourd’hui un culte immodéré. Il est vrai que, sans lui, ma vie serait bien morne. Non seulement me permet-il de donner libre cours à ma fantaisie, mais aussi m’autorise-t-il à lui confier, dans un murmure, mes pensées les plus intimes. Que ce soit mes angoisses ou mes colères, il les reçoit avec l’equanimité d’un sage antique.


   Aussi je le lui rends bien. Dès le saut du lit, il accapare mon esprit. Je songe à lui  en inspectant ma garde-robe. Je m’interroge sur la tenue qui lui siérait le plus. Je ne voudrais pour rien au monde commettre d’impair vestimentaire et le froisser, lui qui varie de style et d’étoffe au gré de mes caprices. Il faut me comprendre. Il m’accompagne sur terre comme sous terre, sur la mer et dans les airs. Son attachement à ma personne est indéfectible. Qui eût pu rêver d’une abnégation aussi totale !


   Grâce à lui, toutes les portes s’ouvrent, les ailes me poussent. Protecteur à l'extrême et séducteur hors pair, il me procure le sentiment d’être invulnérable et inégalable. Il me suffit de pénétrer dans un lieu pour que tous les yeux convergent vers moi. Les femmes m’envient , les hommes m’implorent du regard. Je n’ai même pas besoin d’ouvrir la bouche pour faire des ravages. 


   Mais je lui dois trop le respect. Un gentleman m’aborde-t-il? Je passe mon chemin et garde obstinément le silence. Je ne pourrais  jamais commettre d’infidélité en me séparant de lui. Il est consubstantiel à ma survie. C’est grâce à lui que mon coeur  bat encore et que je respire à pleins poumons. Que ferais-je en effet sans toi, Ô masque béni !




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