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vendredi 31 octobre 2014

L'arrivée de la Toussaint me fait toujours la même impression que celle de la Saint-Valentin. Non pas que je nourrisse, en moi, un penchant morbide pour les amours défuntes. Mais je ne peux m'empêcher de déplorer le manque d'originalité dont témoignent les marchands de fleurs pour attirer les chalands des quatre coins de France .

Chaque 1er Novembre, ce sont des chrysanthèmes à profusion  qui font leur appartition sur les tombes. Les allées des cimetières, jusque-là  colonisées par les herbes folles, sont ratissées de frais . Les sépultures, après avoir subi, une année durant,  les outrages de la pluie et du vent, font brusquement l'objet de soins intenses. On se souvient soudain que l'on a des ascendants reposant à six pieds sous terre, quelque part, loin du bruit et de la fureur urbaine. Et cette brusque réminiscence déclenche en nous le réflexe pavlovien bien connu du mouton : C'est en procession que nous allons faire l'acquisition du pot de fleurs imposé pour l'occasion .

Quelle punition nous nous infligeons! A-t-on idée, en temps normal, de fleurir notre maison de cette espèce végétale à la chair grasse et à l 'effluve nauséeuse? Vénérons-nous si peu nos morts pour les gratifier d'une offrande aussi commune? Oublions-nous que, de leur vivant, les jardins secrets qu'ils cultivaient étaient à nul autre pareils, et que, si nous les chérissions, c'était en raison de leur singularité quintessentielle?

Mais la célébration de la Toussaint n'est pas la seule à détenir le monopole de la fleur unique. Il en est de même pour la Saint-Valentin. Je plains mes consœurs de devoir feindre l'enthousiasme quand elles reçoivent, des mains de leur cher et tendre, l'inévitable, l'indémodable et surtout l'hyperbanal bouquet de roses rouges. Comme si les hommes, à court d'inspiration, n'osaient s'aventurer sur le terrain fertile de la symbolique en composant des gerbes de capucines, d'héliotropes, de camélias et de jacinthes à l'élue de leur cœur .

A moins que, malheureusement, l'amour qu'ils prétendent éprouver ne soit qu'un amour convenu, aux fondations fragiles et voué à périr. On comprend, dès lors, les précautions dont ils s'entourent en offrant des roses rouges à la signification si limpide: trop peu nombreux seraient ceux qui goûteraient, ne serait-ce que fugitivement, l'enivrement , l'ardeur , l'admiration et, surtout, la dévotion pérenne que supposent l'héliotrope , la capucine , le camélia et la jacinthe ...

mardi 28 octobre 2014

Ça n'a pas l'air comme ça, mais être artiste , de nos jours , comporte certains risques. La surexposition médiatique, qu'elle soit voulue ou subie, peut concourir à mettre une vie en péril. En dévoilant son intimité sur papier glacé, avec interviews et photos à la clé, on ne peut que s'attendre à la consolidation d'une sympathie ou, inversement, d'une antipathie, dont l'expression se manifeste aussitôt sur les multiples réseaux sociaux. Stalkers , hackers ou trolls s'en donnent à cœur joie sur la toile grâce à l'anonymat que cette dernière leur procure.

Mais au sein de la communauté artistique , ceux qui ont le plus à craindre pour leur vie sont les Happy Few bénéficiant, on ne sait pourquoi, des insignes faveurs des autorités suprêmes. Enhardis par le crédit qu'une poignée d'élus leur a accordé, ils créent, au gré de leur fantaisie et surtout de leurs fantasmes, des œuvres destinées à être érigées en place publique. Bien mal leur en prend, quelquefois, de penser jouir d'une impunité quand leur unique souci est de générer une onde de choc, à défaut d'une onde de chic. En exposant des créations dont la seule valeur marchande est la provocation qu'elles ne manqueront pas de susciter, ils surestiment l'impact médiatique qu'elles vont engendrer, et sous-estiment, erreur fatale, les inclinations d'une population attachée à sa culture et surtout à son histoire.

La récente défiguration de la Place Vendôme, à Paris, par la mise en place d'une structure gonflable monumentale en forme de plug anal nous a donné la mesure de l'irrespect que certains représentants de l'art contemporain témoignent à l'endroit des Parisiens. Des tentatives avaient déjà été faites, par le passé, pour donner un coup de jeune au plus vieux pont de Paris. Christo nous avait fait, tant bien que mal, partager son obsession à empaqueter le Pont Neuf , qu'Henri IV avait honoré de sa présence lors de son inauguration. Envelopper un pont de pierres de gigantesques langes en polyamide doré n'était sans doute pas banal. Les Parisiens ont certes un peu grogné, mais l'œuvre de l'artiste ne fut pas pour autant conspuée. Après tout , une couche-culotte a une utilité dont beaucoup de nouveaux-nés auraient du mal à se passer .

Étrangement , c'est aussi la même partie anatomique du corps humain qui a inspiré l'artiste commandité pour la "transfiguration "de la place forte des joailliers . Il est vrai que les fessiers rebondis sont vénérés par la frange masculine de notre société et que l'on assiste à une consécration de bimbos callipyges sans précédent ces dernières années . Mais de là à célébrer un objet censé pénétrer l'orifice associé à la fécalité ! Sans compter que le sextoy vert démesuré criait haut et fort sa parenté avec un monstre aux flatulences avérées : Shrek!

Vous comprendrez que c'en était trop pour le Parisien aux narines délicates et aux mœurs policées. L'un d'entre eux, dit- on, exaspéré, a porté la main sur l'auteur de l'excroissance disgracieuse, tandis que d'autres, à la faveur de la nuit, ont été jusqu'à dégonfler la boursouflure au parfum sulfureux. Il était temps! Des artisans peu scrupuleux commençaient à commercialiser l'objet délictueux auprès de touristes désireux d'explorer des pans ignorés de leur sexualité . Henri IV ne s'était pas trompé: Paris vaut bien une messe! Mais  pas une fessée...

lundi 27 octobre 2014

Halloween a pris ses quartiers d'automne bien plus tôt que prévu, cette année. La chasse aux sorcières est ouverte. Mais, pour une fois, ce ne sont pas les créatures douées pour la locomotion aérienne et dotées de compagnons félins qui font les frais de l'ire collective. Ceux qui sont la cible d'une impitoyable traque depuis quelques semaines jouissent, en temps normal, d'un prestige à faire pâlir de jalousie vampires, démons et succubes, ne serait-ce que par le public juvénile qu'ils séduisent. Les clowns, pour les nommer, ont cessé de nous faire rire.

 Échappés des chapiteaux de cirque , ils hantent les lieux publics et rôdent autour des lycées, non pour divertir mais pour faire déguerpir nos concitoyens apeurés. Armés jusqu'aux dents et pétris de mauvaises intentions, ils poursuivent les malheureux enfants ou agressent leurs parents dans des one-man shows macabres aux scénarios tout droit sortis de films d'épouvante .

La contagion gagne toutes les régions. Du nord au sud, la police est mobilisée sur tous les fronts. On compose le 17 à tout bout de champ. La psychose est à son comble. Veto est donné aux magasins de déguisement d'écouler costumes bariolés, faux nez et perruques trop voyantes. Il est désormais mal vu de porter des habits colorés et fortement déconseillé de découvrir son nez. Un rhinophyma , et vous voilà embarqués dans un panier à salade à destination du commissariat!

Les plus à plaindre, ce sont les alcoolos. Vu qu'ils se sentent visés, ils  évitent de sortir en soirée et demeurent cloîtrés comme des pestiférés. Pour noyer leur chagrin, ils passent leur temps à écluser des godets, ce qui amplifie leur rougeur nasale et fait rougir de rage leurs femmes. Certains ménages sont au bord du naufrage. Après  le mariage pour tous, certains réclament le divorce pour tous !

 Et tout ça en raison de clowns qui s'amusent à faire les clowns. A cause d'une cocasse mise en abime, la population se retrouve au bord de l'abîme. La solution ? elle est pourtant bien simple. Au royaume des clowns, le clown blanc est roi. Avec son bagou, il saura faire entendre raison à son comparse diabolique. Mais au fait, le clown blanc, qui nous dit qu'il est encore vivant ? Si ça se trouve ...

Plus qu'une chose à faire, dans ce cas . Convoquer les sorcières et les mauvais esprits , et leur demander de faire un sort au maléfique Auguste. Pour une fois , Halloween , ce ne sera pas si nul que ça ...

samedi 25 octobre 2014

Dans les années 90, pour être un super mannequin, il fallait mesurer 1m80 , peser presque rien , et surtout exiger des montagnes de sequins avant de risquer un peton du lit et atterrir en couv  glossy  des fashion magazines . Dans les années 2010, pour être un super mannequin, il faut soit être une putain (pour joueurs de milieu de terrain) , soit être accro à l'héro ( histoire de ne pas prendre de kilos) ou mieux encore , se distinguer grâce à une maladie de peau ( le vitiligo) ou exhiber sur les catwalks  une poche de stomie ou une pompe à insuline ( pour plus de réalisme ) . De l'ère des Rastignac, à l'œil malin et à l'âpreté au gain ( vivent les zeugmes!)  on est passé à l'ère des Rougon-macquart, à l'avenir incertain et à l'œil éteint ( vivent les chiasmes !). Pour faire court , Balzac s'est fait damer le pion par Zola ! Et ce n'est ni la faute à Voltaire , ni la faute à Rousseau ( Merci Hugo!)

Pour parodier Scapin, et rendre hommage au divin Poquelin , je dirais aux fashion designers du nouveau millénaire : Que diable allez-vous donc faire dans cette galère ? Pourquoi jeter en pâture à la presse ces pauvres hères ? À quoi certains me rétorqueraient sûrement : " Toi, l'intello, si tu veux toujours avoir ta place en front row, tu ferais mieux de consacrer ta prose à la seule gloire de nos  paletots et tricots , et penser que ces créatures de chair ne sont ni plus ni moins que des porte-manteaux ." Tu parles, Karl! ( vive la paronomase!) , tu veux sans doute dire " créatures sans chair "? À moins que tu n'aies commis un lapsus et que tu n'aies voulu dire "créatures trop chères "?

" Insupportable , cette petite est ! " hurlerait mon idole aux verres fumés ( vive l'hyperbate !) . J'ose une digression : Eh oui ! Maître Yoda était un fin lettré. En plus d'être un Jedi, il connaissait toutes les figures de style consignées dans le Littré. Mais revenons à Karl et à l'insupportable petite Emmanuelle, qui veut toujours mettre son grain de sel , quand bien même elle sait que c'est la première cause d'accidents cardiovasculaires . Pourquoi faut-il qu'elle fustige le choix des créateurs en matière de mannequins ? Ignorerait-elle qu'une nouvelle loi est en préparation, visant à instaurer une discrimination positive au sein de la guilde de la Haute Couture ? Et que tous les critères de sélection jusque-là en vigueur , i.e poids , taille , tour de hanches et de poitrine , seraient repensés de façon à permettre au plus grand nombre de femmes de s'identifier aux modèles en train de défiler ?

"Herr Karl, si je comprends bien , vous insinuez donc que moi , la petite Emmanuelle, au modeste poids , à la modeste taille , au modeste tour de hanches et de poitrine , je vais pouvoir maintenant intégrer la caste tant convoitée des mannequins de grands couturiers ? "."Tu as tout pigé, belle oiselle! Et crois-moi ! Je ferai en sorte que tu sois pistonnée ! Car, vois-tu, lorsque je te vois, chaque fois, prendre tes airs de déesse offensée alors que je te fais l'insigne honneur de te placer à côté d'un rappeur coké, ou d'une bimbo écervelée , je manque toujours d'avoir un AVC en pensant au papier assassin que tu vas encore publier pour rendre compte de mon défilé ! Ainsi , dorénavant , tu porteras mes créations , et tu laisseras le soin à un autre écrivaillon de décortiquer le déroulement des shows hollywoodiens que je réserve à mes collections . Ça te fera le plus grand bien , car je m'en voudrais que ton cerveau puisse un jour connaître le sort de celui d'un Cyrano , qui , à force de dire tout haut ce qu'il pensait , finit par en  avoir le crâne fracassé! "

dimanche 19 octobre 2014

On dit que tomber amoureuse est la meilleure chose qui puisse arriver. Moi qui en ai fait la récente expérience, je montrerai un peu plus de prudence dans mes affirmations. Si ce n'est pas la pire des choses qui soit advenue dans ma vie, c'est, en tout cas, de loin la plus risible.  Maintenant que ma folle passion repose outre-tombe, et que me revoilà dotée de toute ma raison, je suis donc en mesure de procéder à une dissection sans concession de cette "fameuse "relation.

Commençons par celui qui a fait les frais de mon exaltation. Bel homme, certes, aux charmantes proportions. Sa profession? Menteur. Sa vocation? Mateur.  Vous l'aurez compris, le bellâtre était l'incarnation de la perfection. D'ailleurs son air d'autosatisfaction sur la photo que je portais en médaillon avait allumé en moi des désirs bien polissons.

Que vous dire! Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point! Le fringant Apollon  avait tellement enflammé mon imagination que mon cerveau était en constante ébullition. L'excitation de mes sens était à son comble. J'assistais, tel Néron en proie à la jubilation , à l'embrasement de mes pulsions , alimentées par des fantasmes ultrapuissants . Et pour flatter l'ego du gai luron, je lui consacrai même des vers de mirliton , dont j'attends encore , soit dit en passant , la publication .

Que d'odes et d'élégies je composai pour lui! J'enviai Racine d'avoir mis, dans la bouche de Phèdre,  le flamboyant alexandrin qui, trois siècles plus tôt, avait si bien décrit mes impressions  : " Je le vis , je rougis , je pâlis à sa vue ." L'expert ès séduction me scrutait du regard, derrière sa paire de lorgnons , se demandant certainement si c'était du lard ou du cochon . Je le couvrais de baisers enfiévrés , le menaçais des pires tourments s'il s'avisait de repousser mes serments passionnés . Je me consumai, jour et nuit , corps et âme , pour un freluquet qui ne rêvait qu'aux ébats de Sasha Grey , alors que je lui infligeais mes débats sur la dualité de Dorian Gray .

Sa vie fut un enfer, la mienne un paradis . Il fut assez digne pour tout endurer de moi : mes imprécations , quand je le prenais en flagrant délit de dissimulation , aussi bien que les phases aiguës de mon adoration. Jusqu'au jour où mon envie se tarit et mon désir s'évanouit. Je mesurai alors sa désolante impuissance à combler mes attentes, et ses silences , que j'avais pris pour de la déférence, m'apparurent comme la signature de son indifférence.

Conclusion? L'introspection a ceci de bon qu'elle nous fait prendre conscience de nos hilarantes illusions et de notre  inclination innée à la romantisation. Explication? On nous élève au biberon de fictions regorgeant de fées et dragons , de princesses et donjons. Dès lors , quoi de plus normal que de prendre un motard à califourchon pour le plus bel étalon!

 Récapitulation: Plutôt que de prodiguer leurs soins à des bataillons de fanfarons , je conseille aux générations futures de femmes au bord de la pâmoison de protéger leur cœur d'une armure de plomb  et de partir en croisade contre Cupidon , qui les prend trop souvent pour de vulgaires pigeons .

vendredi 17 octobre 2014

L'Oncle Rhabdo vous connaissez? Eh bien , c'est le nom du fléau qui s'abat sur les accros du cross fit , dernier né des sports au pays de l'Oncle Sam. En deux mots , ce  gentil Tonton flingue vos muscles et bousille  même vos reins si vous poussez un peu trop le bouchon en matière d'entraînement physique .

Plus qu'une discipline sportive, le cross fit est un véritable supplice . Pour faire partie de l'élite du fitness ,  mieux vaut avoir le cœur bien accroché , et ne pas avoir peur de dégobiller. Il n'y a qu'à regarder la mascotte de l'activité en question pour  être vite mis  au parfum . Pukey the Clown ( le clown dégueulis)  nous fait rire jaune . On est loin d'Auguste , notre clown  hexagonal ,  qui , toutes générations confondues , met en branle nos zygomatiques à des fins cathartiques . Le cirque , c'est bien connu , purge nos passions au même titre qu'une tragédie antique .

Pukey , lui , veut nous en faire baver . Il veut nous prendre les tripes , nous donner la nausée , nous tordre les boyaux . Mauviettes , s'abstenir ! Car il ne s'agit pas seulement de sculpter son corps en effectuant push-ups et squats .Le clown diabolique a des visées bien plus ambitieuses , pour ne pas dire périlleuses . Il veut nous faire tâter de l'haltère , des barres de traction , de la corde et même du pneu... Oui, du pneu ... Rien que ça . Et pas n'importe lequel . Du pneu de moissonneuse-batteuse de préférence . Histoire de jouer les gros bras , et de déverser sa rage sur le bandage en caoutchouc à coups de marteau XXL.

L'inventeur de cette dernière technique serait-il donc un gros bourrin ? Aurait-il un contentieux à régler avec la firme Michelin ? Voudrait-il concurrencer les tambours du Bronx ? Je privilégie,  pour ma part , une autre hypothèse . Car la philosophie qui sous-tend ce melting-pot de pompes , tractions , flexions , grimper de corde , arraché, épaulé-jeté et soulevé de terre , pour ne citer que les principales figures imposées , est celle d'un dépassement de soi , d'une hubris propre aux héros tragiques qui veulent s'égaler aux Dieux de l'Olympe.

Or qui mieux qu'Héphaïstos n'incarne la divinité maniant le marteau et l'enclume !  L'image du crossfitter tapant comme un désespéré de son marteau de géant sur un  pneu , ne serait , dans ce cas , que la version grotesque du Dieu des Forges . On comprend mieux pourquoi il en coûte , à certains pratiquants de ces entraînements à haut risque , de se mesurer de façon aussi caricaturale au fils de Zeus et de Junon . L'Oncle Rhabdo avec sa panoplie de  bobos ne serait que la personnification burlesque  de Némésis , déesse implacable vengeant les Dieux des affronts des hommes présomptueux .

mercredi 15 octobre 2014

Il y a quelques décennies , le robot ménager lui avait permis d'économiser ses efforts dans le domaine culinaire . Ce seul appareil lui permettait de venir à bout des tâches les plus ingrates : couper , hacher , battre , mixer , pétrir  ou cuire . Aucun aliment , si coriace fût-il , ne pouvait résister à cet instrument de torture .

 Mais cela n'avait pas suffi à étancher la soif créatrice du gastronome en tablier . Il lui fallait aller plus loin , et obtenir un produit fini digne de concurrencer ceux des artisans les plus chevronnés . Une seconde génération d'appareils lui apporta la satisfaction tant recherchée . Yaourtières, sorbetières, machines à pâtes ou à pain , smoothie makers.  et que sais-je encore , vinrent auréoler ceux qui en faisaient usage du quart d'heure de célébrité warholienne lors de dîners fortement arrosés.

C'était sans compter la mise au point de la fabrication additive à l'aube du nouveau millénaire , qui allait doter l'homo sapiens d'un pouvoir jusqu'à présent inégalé. Celui de créer des objets matériels , du plus modeste  au plus gigantesque , grâce au système révolutionnaire d'impression tridimensionnelle .

D'abord cantonnée au domaine médical pour la mise au point de prothèses et d'implants, la voilà qui joue dans la cour des grands et se propose de concevoir avions et automobiles aux designs les plus futuristes . De quoi faire pâlir les manufactures de renom ! Moyennant un coût , pour l'instant  élevé , nous pourrons bientôt  jouer les apprentis sorciers et réaliser les joujoux vrombissants les plus fous .

 Et vivent les batmobiles ! L'on verra , dans les rues, au volant de super voitures , de faux super héros , aux pectoraux de silicone et au cerveau de chauve-souris , filer à toute allure pour retrouver leurs  bimbos aux implants fessiers et mammaires outranciers . Jetant négligemment leurs clés aux voituriers de cafés à la réputation plus qu'usurpée , ils grignoteront un en-cas imprimé en 3D , siroteront un smoothie concocté par un robot nouveau-né,  et se dégonfleront comme des baudruches  quand le garçon leur apportera une addition à la mesure de leurs prétentions démesurées.

jeudi 9 octobre 2014

Le nec plus ultra ces derniers temps aux USA, c'est de se passionner pour les clichés anthropométriques publiés dans les commissariats de police. Peu importe le délit commis. Il suffit que le ou la criminelle possède un fort potentiel érotique pour que les réseaux sociaux se déchaînent  et que l'on rêve d'aventures sans lendemain avec un Billy the Kid ou une Calamity Jane version 2.0.

Il faut dire que ce n'est que justice . Pris en otage que nous sommes par des bataillons de selfies duckface, nous nous devions bien, un jour ou l'autre, de tomber en pâmoison devant les frozen faces des photographies d'identité  judiciaire. On boude désormais les bouches en cul de poule, et on fait  les yeux doux aux mugshots des repris de justice, à condition qu'ils soient sexy.

 L'attrait pour les gangsters et criminels psychopathes n'est plus à prouver . De Clyde Barrow  à Charles Manson, la liste est longue de ceux qui ont enflammé la libido des ménagères en mal de rush d'adrénaline. Il faut les comprendre. Le frisson ressenti devant un épisode des Feux de l'Amour n'a rien de comparable à celui éprouvé à la lecture des casiers judiciaires des malfrats . Braquer une banque n'est pas donné à tout le monde. Tuer de sang froid non plus.

Sans compter que la mine glaciale des prévenus contribue à faire monter la température . Et pas seulement des dames , figurez-vous ! Les hommes connaissent aussi des pics de sérotonine à la vue de photos de face et de profil de délinquantes diaboliques . Qu'elles soient expertes en hold up, en homicides, ou en trafic d'héroïne, elles parviennent à leur donner une dose d'excitation plus forte que  leurs porn stars favorites .

Mais que leurs sages épouses se rassurent. Elles ne seront jamais dépouillées de leur sacrosaint lien conjugal par ces diablesses à la main leste . Ces messieurs auraient trop peur de se faire délester de leurs bas de laine pleins à craquer. Ils veulent bien se rincer l'œil et s'imaginer en train de cavaler, cheveux au vent,  aux côtés de ces délinquantes sans foi ni loi , mais ils en resteront là. Le fantasme , ça n'a pas l'air, mais ça n'a pas de prix !