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samedi 30 octobre 2021





 Dieu est  mort ! Voilà ce que proclamait, il y a plus d’un siècle, un certain philosophe d’outre-Rhin. La prophétie semble se réaliser aujourd’hui. La nouvelle vient de se répandre comme une trainée de poudre. Le créateur de l’univers vient de se faire détrôner par les apprentis démiurges de la Silicon Valley. Après une longue gestation cérébrale, ces derniers viennent de porter sur les fonts baptismaux leur tout dernier-né : le métavers ! 


Certains ont crié à l’outrage. Oser se comparer à Dieu ! Quel sacrilège! Le diable soit de l’Oculus Quest— pardon,  le Meta Quest!  D’autres, un peu plus raisonnables, accueillent cet univers à dimension humaine avec philosophie. Après tout, l’univers est beaucoup trop vaste, et que rapporte à l’homme de connaitre l’existence des exoplanètes sinon de le faire se détourner de la planète Terre. Au lieu de vouloir flotter dans l’atmosphère comme tant d’astronautes en herbe, mieux vaut s’occuper du trou dans sa stratosphère. L’Antarctique, quand même, mérite d'être préservé. Ce n'est plus le bout du monde, que je sache. 


Mais laissons-là les verts, et revenons au métavers, qui, pardonnez-moi l'image, me fait immanquablement penser au jardin d’Eden. En se coiffant d’un casque à réalité virtuelle, l’on se retrouve immergé dans un monde onirique comme celui généré par la pilule bleue dans Matrix. Un coup de blues dans la grisaille hivernale et vous voilà évoluant telle une hirondelle dans un azur printanier, ou virevoltant dans la salle de bal d’un palais princier. La réalité est morte, vive la réalité ( virtuelle)! 


Mais comme dans tout jardin d’Eden, le ver se dissimule dans la pomme du métavers. Le casque high-tech du chevalier des temps numériques ne sert qu’à cacher la triste réalité dans laquelle il vit. On nous promet de nous retrouver en communauté dans des espaces virtuels partagés ; mais il ne faut pas omettre que nous ne bougerons jamais de notre tanière et que si nous communiquons, ce ne sera jamais qu’avec d’autres nous-mêmes, avatars désincarnés  « sans teeth, sans eyes, sans taste, sans everything ». Ainsi disait  le mélancolique Jacques , et par son entremise,  son divin créateur Shakespeare. 


Le métavers, ce n'est pas seulement la mort de Dieu, c'est la mort de l'homme.