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vendredi 28 août 2020





Fléau du ciel ou bienfait des dieux selon que l’on soit monothéiste ou polythéiste, à chacun son avis sur la pandémie Covid. Les partisans de Malthus doivent en tout cas se frotter les mains. Ce virus fait des miracles, démographiquement parlant . Surtout qu’il cible les populations dites improductives et qu’il faut, en plus, nourrir à nos frais. D’aucuns m’accuseront de cynisme, je l’avoue , mais moi j’affirme que hâter la mort de ceux qui ont eu une belle vie n’est rien en comparaison de l’ôter à ceux qui viennent seulement de voir le jour. 


Que mes détracteurs  emploient donc leur temps libre à  lire les préceptes prônés, au Siècle des Lumières, par le non moins cynique Jonathan Swift dans son traité  A Modest Proposal. Sans doute seront-ils horrifiés de découvrir que l’un des auteurs favoris de leur enfance fut en même temps l’instigateur du cannibalisme infantile. Qui eût pu penser que l’auteur des Voyages de Gulliver  aurait l’esprit assez tordu pour  proposer de savourer la chair tendre, je cite,  « d’ un  jeune enfant bien sain, bien nourri, qui , à l’âge d’un an, est un aliment délicieux, très-nourrissant et très-sain, bouilli, rôti, à l’étuvée ou au four, (…) en fricassée ou en ragoût. » Mais bien évidemment, tout cela n’est que pure satire, et Swift comme moi, en sommes férus. 


Satire ou pas, on ne peut nier  que cette pandémie, si elle contribue au malheur de certains corps de métier, fait le bonheur d’autres professions dont les représentants, il faut bien le dire, s’engraissent à nos dépens. L’on ne peut nier que Covid fait les choux gras de l’industrie pharmaceutique. Masques jetables, gels désinfectants, gants chirurgicaux, visières de protection, voilà la manne tombée du ciel qui trône en tête de gondole dans toute pharmacie qui se respecte. Les entreprises funéraires ne sont pas en reste. Les croque-morts ont maintenant le teint frais et l’oeil pétillant. Finie l’époque de quatre mariages et un enterrement !  Les proportions sont inversées. 


D’ailleurs il faudrait être sot pour convoler en justes noces en ce moment. Distanciation sociale oblige, il faudrait un bras télescopique pour glisser l’anneau nuptial à sa promise. Sans compter que  les mariés seraient bien marris de faire lit à part dans la chambre nuptiale. Remarquez, à mariage non consommé, divorce bien mérité, et, par voie de conséquence, chute de la natalité assurée. N’est-ce pas aussi ce que préconisait Malthus? Mais si ce dernier se réjouirait de voir ses prédictions vérifiées, Swift serait bien en peine de proposer ses fricassées de bambins potelés, puisque de bambins, il n’y en aurait point. 


Covid programmerait-il l’extinction de la race humaine? Rien de cela. Entre  les vieillards mal en point et les bambins, il se trouvera toujours une population d’humains qui s’avanceront masqués au sens propre, comme ils l’ont été jusqu’ici au sens figuré. Partant, le paradoxe inhérent à Covid est qu’il met l’homme à nu en l’obligeant à porter un masque. Quel farceur, ce virus …