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dimanche 13 septembre 2020





Bien que nouvel accessoire de mode et de séduction, le masque anticovid, aussi élégant et aussi propice soit-il à entretenir le mystère, a tôt fait de se transformer,  au fil des heures, en instrument de mortification. Irrité, notre épiderme l’est tout autant que l’état de notre humeur, vu l’accumulation des bouffées de gaz carbonique que notre narine offusquée inhale à longueur de journée. Mais reprenez espoir! Voici quelques moyens imparables pour ne plus vous infliger, dans les espaces publics, le port de ce cilice.


 Le premier a trait à l’une de nos fonctions vitales : celui de se sustenter. Le quotient de désirabilité des terrasses de café et tables de restaurant a connu, de ce fait, une croissance inespérée. Que l’on soit seul ou accompagné, l’on ne craint plus d’attendre un temps relativement long pour poser son séant et déposer à l’abri des regards le rectangle de polypropylène détesté. Les Parisiens ne mangent plus sur le pouce, ils prennent enfin leur temps. La durée des repas s’allonge démesurément. On mastique avec lenteur, on savoure, on déglutit même à contrecœur, car plus vite se vide l’assiette, plus tôt doit-on céder sa place et remettre l’appendice buccal indésirable.


En contrepartie, l’embonpoint revient en force. Les poignées d’amour refont surface. On fulmine. Au lieu d’une taille de guêpe, nous voilà pourvu(e)s de celle d’un bourdon! Pris de remords, nous entrons dans un bureau de tabac et déchirons avec dépit la cellophane d’un paquet de cigarettes. Entre les calories et la nicotine, notre coeur ne balance pas : on  préfère cette dernière substance, d’autant que, Dieu soit loué, il nous est permis de retirer le satané masque pour porter à nos lèvres le réconfort momentané. Mais on ne tarde pas à concevoir que ce succédané n’est pas le plus approprié. Imaginez si Covid a la mauvaise idée de nous visiter. Il aurait vite fait de nous terrasser en s’attaquant à nos poumons atrophiés.


 Alors, pour éviter que notre vie ne parte en fumée, on pense à la troisième option, qui a la mérite, tout en contournant l’obligation d’arborer l’accessoire naso-buccal, de remédier à notre obésité naissante et de décrasser nos poumons : le vélo! Oui, la petite reine a détrôné la trottinette au grand galop et nous exonère du devoir auquel doit se plier tout piéton parisien. Alors on se remet en selle, on pédale, on pédale, on pédale jusqu’à n’en plus pouvoir, ivres de liberté , jusqu’à ce qu’une toux brutale nous arrête dans notre élan. Eh oui, à Paris, ce n’est pas tant Covid qui nous guette à vélo, mais les microparticules. En fin de compte, on n’échappe jamais, à Paris, au port d’un masque…