jeudi 27 juillet 2017
On n’a qu’une vie ! Il n’y a pas de memento mori plus convaincant, ni de mantra plus séduisant pour nous inciter à sortir de l’ornière de la routine et à faire le grand saut . Mais si ces choix peuvent nous griser en estompant la grisaille du quotidien, ils ne sont pas sans conséquence.
Sous prétexte que notre vie non seulement nous appartient mais qu’elle est bornée ,sur l’axe temporel , par une abscisse x inconnue , et donc terrifiante, nous nous autorisons à prendre des décisions qui affectent non seulement le cours de notre existence mais aussi celui des autres. Car, parmi les candidats au changement radical figurent majoritairement les personnes qui souhaitent dénouer des liens conjugaux ou parentaux, quand il ne s’agit pas de sectionner des attaches professionnelles jugées trop étouffantes.Alors que tous leurs rêves de réussite se sont évanouis, ils donnent corps à leurs fantasmes au fil de leur désir, sacrifiant conjoints, enfants et carrière, se délestant d’un passé jugé pesant pour courir après un avenir ductile. Les poumons gonflés par un vent de liberté , les yeux fixés vers l’ aube parturiente, ils mettent les voiles, emplis de l’espoir enfantin que des printemps enchanteurs aboliront l’hiver de leur mécontentement.
Mais c’est leur mortalité qu’ils fixent à l’horizon sans le savoir. Car c’est bien un euphémisme que cette exclamation qu’ils ne manqueront pas de formuler pour justifier leur acte: sous le vernis d’un hymne à la vie, c’est bien l’aveu de leur finitude qu’ils déplorent en creux.
On ne vit qu’une fois, certes, mais on meurt tant de fois, pourtant, au cours d’une vie. D’envie et d’impatience quand l’esprit se cogne aux murs paresseux du temps , de faim et de soif quand le corps capricieux nous réclame son dû . De chagrin, quand on est pris en tenaille par le destin . Mais c’est finalement quand on meurt d’ennui que l’on prend soudainement conscience que l’on n’a qu’une vie, et que l’on arrache la plume des mains du scribe patient de notre biographie pour la tremper dans l’encrier chatoyant de nos désirs, et saisir, in extremis, la main tendue de cette vie qui file, avant qu’Atropos n’en coupe imprévisiblement le fil.
Sous prétexte que notre vie non seulement nous appartient mais qu’elle est bornée ,sur l’axe temporel , par une abscisse x inconnue , et donc terrifiante, nous nous autorisons à prendre des décisions qui affectent non seulement le cours de notre existence mais aussi celui des autres. Car, parmi les candidats au changement radical figurent majoritairement les personnes qui souhaitent dénouer des liens conjugaux ou parentaux, quand il ne s’agit pas de sectionner des attaches professionnelles jugées trop étouffantes.Alors que tous leurs rêves de réussite se sont évanouis, ils donnent corps à leurs fantasmes au fil de leur désir, sacrifiant conjoints, enfants et carrière, se délestant d’un passé jugé pesant pour courir après un avenir ductile. Les poumons gonflés par un vent de liberté , les yeux fixés vers l’ aube parturiente, ils mettent les voiles, emplis de l’espoir enfantin que des printemps enchanteurs aboliront l’hiver de leur mécontentement.
Mais c’est leur mortalité qu’ils fixent à l’horizon sans le savoir. Car c’est bien un euphémisme que cette exclamation qu’ils ne manqueront pas de formuler pour justifier leur acte: sous le vernis d’un hymne à la vie, c’est bien l’aveu de leur finitude qu’ils déplorent en creux.
On ne vit qu’une fois, certes, mais on meurt tant de fois, pourtant, au cours d’une vie. D’envie et d’impatience quand l’esprit se cogne aux murs paresseux du temps , de faim et de soif quand le corps capricieux nous réclame son dû . De chagrin, quand on est pris en tenaille par le destin . Mais c’est finalement quand on meurt d’ennui que l’on prend soudainement conscience que l’on n’a qu’une vie, et que l’on arrache la plume des mains du scribe patient de notre biographie pour la tremper dans l’encrier chatoyant de nos désirs, et saisir, in extremis, la main tendue de cette vie qui file, avant qu’Atropos n’en coupe imprévisiblement le fil.
jeudi 15 juin 2017
La nature est sans nul doute un terreau inépuisable de richesses qui nous fait , d'une part , prendre conscience de nos limitations et de notre insignifiance au sein du monde minéral , végétal et animal . Les promenades pédestres au sein du bréviaire de la Création nous enseignent en effet l'humilité en nous faisant mesurer l'étendue de nos prétentions . Mais dans ce livre magique , nous parvenons aussi à réaliser une expérience esthétique et synesthésique magistrale, qui nous invite à transcender nos limites par le simple acte de la pensée . En admirant ce que nous ne pouvons égaler , nous nous emplissons aussi du bonheur ineffable d'exister .
Si le milieu urbain ne recèle pas une part de divinité , il révèle néanmoins le génie qui peut animer l'être humain , ne serait-ce que par les réalisations architecturales qu'il incorpore . Le foisonnement de monuments historiques des capitales , le style varié des façades des immeubles d'habitation , les sculptures qui soudainement jaillissent d'une fontaine ou nous surprennent au détour d'une rue , tout cela témoigne tout autant de l'élan créateur qui anime l'homme que de l'évolution de ses principes artistiques au cours des siècles .
De sorte que musarder en solitaire , à la belle saison , à la ville ou à la campagne , c'est à la fois se laisser traverser par un flux agréable de sensations et d'émotions qui oblitèrent , pour un temps , les diverses tensions et limitations auxquelles l'on est inévitablement soumis de par notre condition humaine . S'immerger , au gré de nos pérégrinations , au sein du Grand-Tout à l'immuabilité temporelle , ou voir émerger les strates du passé en se confrontant à la mutabilité des créations de notre espèce , nous renvoie tour à tour à notre humilité devant ce qui nous échappe , et à notre excessive fierté d'appartenir à une espèce en perpétuelle évolution et aux contours aussi changeants que le rythme des saisons .
mardi 27 décembre 2016
Les médias eux-mêmes sont pris au piège . Ils postent leurs espions à tous les carrefours des réseaux sociaux pour recueillir le moindre indice des événements à venir. Quand ils veulent jouer les Cassandre , ils parlent de « toile qui s’enflamme » , comme si les plateformes électroniques constituaient la nouvelle agora où se jouait le sort des nations . Mais ce ne sont souvent que des feux de paille . Beaucoup de bruit pour rien, pourrait-on dire , sauf que de bruit, il n’y en a pas , puisque nos écrans sont muets . Pas de clameur . Seulement quelques bribes de mots , que notre accoutumance au langage texto avait déjà tronqués et défigurés. La novlangue de la culture 2.0 , c’est celle de l’ icône du pouce levé . On " like" à gogo. Et c’est bien dans cette faille que s’est engouffré notre ego. Contrairement aux jeux du cirque où la vie des gladiateurs était anéantie si le pouce de l' empereur venait à se baisser, notre vie numérique ne risque aucunement d’être dévastée par une semblable occurence Alors on persiste et on signe. Rien ne peut nous abattre. Non delenda est Ego! semblent nous seriner nos divins réseaux sociaux.
Faut-il donc les vouer aux gémonies, ces interfaces numériques , qui alimentent le feu de notre narcissisme ? N’ont -elles pas sonné le glas de notre civilisation, en faisant de nous , non les acteurs, mais les spectateurs béats de notre grandeur illusoire dans cette vaste foire aux vanités où chacun congratule l’autre sur ses actions ou possessions? Point n'est la bonne solution . Pour filer la métaphore, il n’y a pas de fumée sans feu. Si notre ego a besoin de tellement d’expansion, c’est qu’il est par ailleurs, soumis à beaucoup de restrictions, voire même d'une oblitération. Que ce soit dans le cadre professionnel , familial , ou amical, on est tenus de ne pas trop faire montre de notre autosatisfaction . Cela pourrait aliéner la sympathie de notre entourage , pire ,attiser leur envie, leur malveillance peut-être. Quoi de mal , donc, à ce que notre ego s’octroie un brin de réconfort virtuel et qu'il se repaisse de festins d'émojis qui le flattent , s'il garde ,toutefois , en mémoire, que rien ne le prémunira d’un Big Bug digital ?
mardi 20 décembre 2016
Mais c'est aussi le signe que l'autre est un obstacle à l'accomplissement de nos désirs . Qu'il se trouve toujours sur notre chemin un quidam qui nous freine dans nos élans . Le plus souvent il s'agit d'une simple trajectoire spatiale où le corps physique de l'autre agit comme une barrière ou un écran . Il nous gêne , nous agace même . Il est là, statique , ancré sur terre . On lui en veut de prolonger son immobilité . "Pardon" , dit-on alors en chantonnant, avec une intonation ascendante , en prolongeant la durée de la deuxième syllabe comme pour adoucir la dentale qui pourrait être ressentie comme trop brutale . Et , comme par miracle , le petit mot passe- partout réussit à accomplir des prodiges là où une injonction formulée à l'impératif aurait échoué. La voie est libre et notre frustration s'estompe .
La frustration peut aussi venir de l'autre, quand on le bouscule par maladresse ou qu'on lui marche sur les pieds . Lui dire "pardon" revient alors à s'excuser d'avoir malmené une partie de son corps , de lui avoir infligé une douleur , peut-être . Il n'est alors pas rare qu'on rajoute ,en amont de notre énoncé , une interjection de stupeur : "oh, pardon !", dit-on. Le ressenti est différent . Au lieu d'un air agacé, on adopte un air contrit . La culpabilisation se lit sur notre visage . Mais peut -on dire qu'on soit vraiment coupable ?
Le paradoxe , c'est que le mot "pardon" , tellement banal au quotidien , peine à être prononcé quand on l'est vraiment , coupable . C'est pourtant ce mot qu'attendent , lors de procès , les parents des victimes dont l'assassin comparait au tribunal. C'est surtout le mot que l'on attend d'un parent qui nous a punis trop sévèrement , d'un conjoint qui nous a bannis, ou d'un ami qui nous a trahis . C'est quand le mal est invisible , mais tellement plus incommensurable que les blessures physiques , que ce mot demeure dans le domaine du non-dit , qu'il reste à la lisière de notre guérison et à la frontière de la rédemption de ceux qui nous ont meurtris.
Quand donc le mot "pardon" acquiert-il tout son sens ? C'est dans la religion , sans doute , que la demande de pardon peut s'exprimer authentiquement et librement . Car ,dans la prière, on ne s'adresse plus à notre semblable , à un humain victime qui se transformera bien , lui aussi , un jour , en bourreau , mais au Tout-Puissant , à celui dont on ne connaît ni le visage ni la voix , mais dont on décrète que le silence est le témoignage de son absolution . " Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés.» Le pardon n'existe pas en fait, seulement le verbe pardonner .
mercredi 23 novembre 2016
Mais on ne l’a pas fait. Par manque de courage . Par peur de se découvrir plus fort qu’on ne le pensait aussi . A cause de cet enfant timoré et fier qui fait le siège de notre inconscient et qui nous fait des crocs-en-jambe quand on ose le défier.
Mais il persiste . Il est coriace. Il se nourrit de notre rage et détruit nos frêles constructions , nous qui rêvions de bâtir des chateaux en Espagne. Entre temps notre sauveur s’est enfui. Il est lui aussi retombé en enfance . Il faut que jeunesse se passe…
Que nous reste-t-il alors? Une lueur . Mais elle suffit à nous guider au coeur de la tempête . C’est alors qu’on réalise qu’elle a toujours été en nous , que nous l’avions seulement perdue de vue à force de fixer la splendeur d’un soleil trompeur . Elle grandit et devient flamme , embrase notre esprit et , coup de théâtre , réduit en cendres les palissades qui emprisonnaient notre âme.
Nous voilà sans entrave . Enfin libres de nous mesurer au monde qui nous terrifiait tant. L’enfant terrible a péri sous les coups du poignard que l’on a finalement saisi et que l’on jette au loin , accessoire de théâtre devenu superflu.
Mais la pièce n’est pas encore finie ! iI nous reste à jouer notre dernier acte , pour renaître de nos cendres et se prouver que l’on a bien grandi. Voilà donc où elle se trouvait , la chance ! On pensait l’avoir laissé passer alors qu’elle attendait simplement son heure , à un tournant de notre vie , plus ou moins tard , mais toujours assez tôt pour qu’on la saisisse avant le tomber du rideau.
dimanche 30 octobre 2016
Homo homini lupus . L'homme est un loup pour l'homme . Il semble que
cet adage n'ait jamais été aussi vrai . Car bien que notre civilisation
ait atteint un degré élevé dans des
domaines tels que la science et la technique , il n'en reste pas moins
que la caractéristique fondamentale de l'homme soit la lutte pour la
survie , et qu'elle ne s'exerce plus qu'aux dépens de ses congénères .
En effet, Il s'est arrangé pour éliminer la menace que faisaient peser
sur lui les grands prédateurs de l'espèce animale qui lui faisaient
concurrence sur terre en les assignant à résidence dans des réserves
animalières ou des parcs zoologiques . Quant au milieu naturel hostile ,
il l'a façonné ou plus exactement défiguré pour qu'il réponde à ses
besoins d'expansion .
Cette
lutte pour la survie se dissimule derrière des artifices langagiers
subtils . On parle de performance et de dépassement de soi , en mettant
en avant la satisfaction personnelle qui découlerait de cette
inclination à viser toujours plus haut , et que les compétitions et
concours nous permettraient d'évaluer . Mais pour cela il faut se
mesurer à d'autres , et surtout avoir pour fin de faire mieux qu'eux .
L'autre n'est en définitive qu'un ennemi à abattre . Sans coup férir ,
au sens propre , et dans des cadres policés obéissant à des règles bien
précises , on rejoue les combats sanglants qui se déroulaient dans les
arènes des empereurs romains .
Il est symptomatique que de tels types de confrontation soient mis en scène par l'industrie du divertissement encore plus qu'auparavant . Pour édulcorer la férocité inhérente à tout combat singulier qui rappelle inéluctablement la pratique du duel, on nous propose des combats entre équipes , histoire de faire resurgir la notion de solidarité entre candidats d'une équipe donnée. Mais cela ne peut masquer l'appétit de domination qui sous-tend ce genre de manifestation . Que l'on soit seul ou à plusieurs , on veut toujours vaincre l'adversaire , et on rejoue en cela sans cesse le combat originel pour la survie de l'espèce .
Plus encore que l'industrie du divertissement , l'arène politique nous propose un spectacle haut en couleurs de ce que je viens de citer . Mais point de codes ici . Les coups bas sont permis . On exhume les cadavres des placards des politiciens en lice , mais on affectionne plus encore de dénicher les amants ou maitresses cachés dans leur lit , avec une préférence , il faut le dire , pour les créatures plantureuses qui répondent au nom si peu poétique d'escorts. Le sexe , comme chacun sait , conduit au sommet du pouvoir tout autant qu'à la ruine . Le tout est de choisir le bon ou la bonne partenaire , et ne pas se livrer à des orgies si l'on veut rester en vie .
Mais il existe malheureusement certaines aires géographiques où la lutte pour la survie n'est plus une métaphore mais une réalité . Compétitions , concours et courses à la candidature ne valent rien en comparaison des épreuves que subissent ceux et celles pris au piège des conflits entre nations , pour satisfaire justement la soif de domination d'un puissant de ce monde , ou bien de telle ou telle faction . Pour ceux-là , le dépassement de soi signifie simplement la préservation de leur vie . L'ambition humaine , qui leur a peut-être caressé l'esprit par le passé ou même guidé chacun de leurs actes , leur semble alors bien vaine . Ce sont ceux- là surtout qui prennent conscience de la fragilité de notre condition humaine . Nous avons beau nous évertuer à réaliser des prouesses dans l'espoir de rentrer au Panthéon des grands hommes , nous n'en sommes pas moins de pitoyables mortels sans armes entre les mains du Tout-Puissant.
Il est symptomatique que de tels types de confrontation soient mis en scène par l'industrie du divertissement encore plus qu'auparavant . Pour édulcorer la férocité inhérente à tout combat singulier qui rappelle inéluctablement la pratique du duel, on nous propose des combats entre équipes , histoire de faire resurgir la notion de solidarité entre candidats d'une équipe donnée. Mais cela ne peut masquer l'appétit de domination qui sous-tend ce genre de manifestation . Que l'on soit seul ou à plusieurs , on veut toujours vaincre l'adversaire , et on rejoue en cela sans cesse le combat originel pour la survie de l'espèce .
Plus encore que l'industrie du divertissement , l'arène politique nous propose un spectacle haut en couleurs de ce que je viens de citer . Mais point de codes ici . Les coups bas sont permis . On exhume les cadavres des placards des politiciens en lice , mais on affectionne plus encore de dénicher les amants ou maitresses cachés dans leur lit , avec une préférence , il faut le dire , pour les créatures plantureuses qui répondent au nom si peu poétique d'escorts. Le sexe , comme chacun sait , conduit au sommet du pouvoir tout autant qu'à la ruine . Le tout est de choisir le bon ou la bonne partenaire , et ne pas se livrer à des orgies si l'on veut rester en vie .
Mais il existe malheureusement certaines aires géographiques où la lutte pour la survie n'est plus une métaphore mais une réalité . Compétitions , concours et courses à la candidature ne valent rien en comparaison des épreuves que subissent ceux et celles pris au piège des conflits entre nations , pour satisfaire justement la soif de domination d'un puissant de ce monde , ou bien de telle ou telle faction . Pour ceux-là , le dépassement de soi signifie simplement la préservation de leur vie . L'ambition humaine , qui leur a peut-être caressé l'esprit par le passé ou même guidé chacun de leurs actes , leur semble alors bien vaine . Ce sont ceux- là surtout qui prennent conscience de la fragilité de notre condition humaine . Nous avons beau nous évertuer à réaliser des prouesses dans l'espoir de rentrer au Panthéon des grands hommes , nous n'en sommes pas moins de pitoyables mortels sans armes entre les mains du Tout-Puissant.
lundi 3 octobre 2016
Prendre de l'âge , ce n'est rien moins qu'entrer dans une nouvelle ère : celle du bricolage . D'abord parce que le temps qui passe ne se gêne pas pour endommager le corps humain . L'épiderme se modifie , les muscles et les tendons aussi . Quant à l'architecture osseuse , temple des organes , il n'est pas rare qu'elle se fissure avec eux . Il s'ensuit qu' au-delà de certaines interventions chirurgicales motivées par des considérations esthétiques ( éradication des rides, remodelage des tissus relâchés ) , il en est d'autres qui nécessitent l'emploi de prothèses visant à rafistoler hanches , genoux, chevilles, sans oublier celles qui permettent l' implantation , dans la mâchoire, de dents d'une blancheur spectrale et d'une dureté supérieure à celles d'un squale . Si ce n'est pas encore l'avènement de l'homme augmenté , c'est assurément celui du vieillard augmenté!
Les gens de notre entourage qui ont font l'amère expérience ne se gênent pas pour nous exposer , dans les moindres détails , le déroulement de ces opérations de sauvetage , nous infligeant , par là- même , un trauma incurable en déployant leur savoir médical phénoménal , et en accordant au récit de leurs tourments une place prépondérante dans leurs conversations . C'est qu'ils tiennent absolument à nous rappeler , à nous qui sommes encore sains de corps et d'esprit , que nous aurons aussi à subir l'usure dont ils pâtissent , nous qui avons la vitalité de la jeunesse seulement en usufruit .
Réflexion faite , leurs lamentations ont moins pour dessein d'éveiller en nous la compassion que la culpabilisation de ne pouvoir partager avec eux les nouveaux maux de leur quotidien . Car s'ils concluent leur complainte en louant notre épiderme lumineux , nos yeux vifs , notre démarche majestueuse , ils s'empressent d'ajouter qu'eux aussi possédaient les mêmes attributs du temps de leur splendeur . C'est donc de leur sourire artificiellement étincelant qu'ils nous enjoignent de profiter des plaisirs de la vie , eux qui ont dû se résigner à résilier leurs abonnements sportifs , à bannir sel et sucre de leurs mets favoris , et à remplacer , dans leur sac, leur étui à cigarettes par une boîte à pilules .
À fréquenter ces gérontes professionnels de la flagornerie et du mémento mori ,on ne regarde plus du même oeil les aliments que l'on ingère. On restreint sa consommation de boisson . On s'aère beaucoup plus les poumons . On examine plus que de coutume sa dentition , et on ménage surtout ses articulations . Certains mêmes se découvrent un attrait pour la religion . Si on ne peut pas sauver son corps , autant sauver son âme , se dira-t-on ! En bref , on craint de vivre plus qu'on ne jouit de la vie .
Si j'avais un conseil à formuler aux potentielles victimes de ces prédateurs nostalgiques , il serait le suivant : ne pensez pas que vieillesse rime nécessairement avec sagesse . Si un vieillard geignard vous expose ses maux en enviant votre jeunesse , bouchez vos oreilles , fermez vos yeux et n'ouvrez pas votre bouche . Il vous prendra pour un pauvre idiot et vous offrira alors un visage empli de compassion en marmonnant que la vie est décidément bien injuste si elle ne permet plus à la vieillesse de se décharger incontinemment du poids de ses ans sur les nouvelles générations ...
Les gens de notre entourage qui ont font l'amère expérience ne se gênent pas pour nous exposer , dans les moindres détails , le déroulement de ces opérations de sauvetage , nous infligeant , par là- même , un trauma incurable en déployant leur savoir médical phénoménal , et en accordant au récit de leurs tourments une place prépondérante dans leurs conversations . C'est qu'ils tiennent absolument à nous rappeler , à nous qui sommes encore sains de corps et d'esprit , que nous aurons aussi à subir l'usure dont ils pâtissent , nous qui avons la vitalité de la jeunesse seulement en usufruit .
Réflexion faite , leurs lamentations ont moins pour dessein d'éveiller en nous la compassion que la culpabilisation de ne pouvoir partager avec eux les nouveaux maux de leur quotidien . Car s'ils concluent leur complainte en louant notre épiderme lumineux , nos yeux vifs , notre démarche majestueuse , ils s'empressent d'ajouter qu'eux aussi possédaient les mêmes attributs du temps de leur splendeur . C'est donc de leur sourire artificiellement étincelant qu'ils nous enjoignent de profiter des plaisirs de la vie , eux qui ont dû se résigner à résilier leurs abonnements sportifs , à bannir sel et sucre de leurs mets favoris , et à remplacer , dans leur sac, leur étui à cigarettes par une boîte à pilules .
À fréquenter ces gérontes professionnels de la flagornerie et du mémento mori ,on ne regarde plus du même oeil les aliments que l'on ingère. On restreint sa consommation de boisson . On s'aère beaucoup plus les poumons . On examine plus que de coutume sa dentition , et on ménage surtout ses articulations . Certains mêmes se découvrent un attrait pour la religion . Si on ne peut pas sauver son corps , autant sauver son âme , se dira-t-on ! En bref , on craint de vivre plus qu'on ne jouit de la vie .
Si j'avais un conseil à formuler aux potentielles victimes de ces prédateurs nostalgiques , il serait le suivant : ne pensez pas que vieillesse rime nécessairement avec sagesse . Si un vieillard geignard vous expose ses maux en enviant votre jeunesse , bouchez vos oreilles , fermez vos yeux et n'ouvrez pas votre bouche . Il vous prendra pour un pauvre idiot et vous offrira alors un visage empli de compassion en marmonnant que la vie est décidément bien injuste si elle ne permet plus à la vieillesse de se décharger incontinemment du poids de ses ans sur les nouvelles générations ...
lundi 29 août 2016
Chaque été nous réserve son lot de surprises , et pas des meilleures.
Pour un peu , on croirait que certains s'ennuient d'être en vacances et
qu'ils le font payer aux autres au prix fort . C'est sûr . La chaleur
échauffe leurs esprits . Le soleil crame leurs neurones . Et dans le
jardin maléfique de leurs frustrations qui a fleuri à l'intérieur leur
boîte crânienne , se trouvent toujours les épines et les ronces de leur
ressentiment qu'ils comptent bien utiliser pour flageller les boucs-émissaires qui se trouveront sur leur chemin .
Certains agissent en douce et contemplent , avec jubilation , le
spectacle de dévastation dont ils sont l'auteur . Les pyromanes en août
ont le vent en poupe et l'utilisent pour attiser les Flammes de leur
perversion. Ce sont les fétichistes de l'allumette , ceux épargnés par
les flèches de Cupidon et qui comblent leur carence en hormone de
l'affection en faisant feu de tout bois . Faire craquer une allumette
est tout ce qu'ils leur reste à faire , vu qu'ils n'arrivent à faire
craquer personne. Désespérant de connaître les feux de la passion ,
ils se vengent sur la nature et la transforment en buisson ardent . Il
est si facile de détruire quand on ne peut rien construire .
C'est ce que s'appliquent à faire d'autres individus en divagation dans tous les sens du terme . Déçus par la vie , dépourvus d'ambition, ces losers aigris se tournent vers des prédicateurs haineux au discours apocalyptique qui prêchent la mauvaise parole sur le dark web. Ils découvrent alors leur côté obscur , s'autoproclament justiciers de l'ombre, et brandissent l'étendard du nihilisme , prompts à s'immoler pour sacrifier des foules anonymes comme les "bad guys" des Comics en provenance d'Outre-Atlantique , que pourtant ils fustigent. Il est encore plus facile de détruire quand on se construit en se nourrissant des mensonges d'une doctrine . Et pour bien montrer au monde occidental que leurs gènes sont encore plus archaïques que ceux de l'homme de Neandertal , ils veulent imposer aux femmes le port du voile intégral jusque sur les plages de la Riviera !
Ne nous voilons pas la face : ces tristes individus souffrent de pulsions sexuelles incontrôlables ! Et de peur d'être verbalisés pour outrage aux bonnes mœurs , ils préfèrent savoir la chair du beau sexe macérer sous des couches de tissu imbibées d'eau salée . Les dermatologues doivent être submergés ! Car moi qui ai dû faire les frais , cet été , d'une allergie au soleil nécessitant le port d'une combinaison antiUV, je dois dire que cette tenue de choc à défaut d'être chic n'a pas pour autant empêché la chaleur emmagasinée de provoquer une deuxième éruption cutanée ! Sans doute les chantres du burkini aiment-ils que leurs compagnes aient le derme hérissé de pustules ! On ne le saura jamais : ils sont trop discrets sur leur intimité , si tant est qu'ils en aient une ...
C'est ce que s'appliquent à faire d'autres individus en divagation dans tous les sens du terme . Déçus par la vie , dépourvus d'ambition, ces losers aigris se tournent vers des prédicateurs haineux au discours apocalyptique qui prêchent la mauvaise parole sur le dark web. Ils découvrent alors leur côté obscur , s'autoproclament justiciers de l'ombre, et brandissent l'étendard du nihilisme , prompts à s'immoler pour sacrifier des foules anonymes comme les "bad guys" des Comics en provenance d'Outre-Atlantique , que pourtant ils fustigent. Il est encore plus facile de détruire quand on se construit en se nourrissant des mensonges d'une doctrine . Et pour bien montrer au monde occidental que leurs gènes sont encore plus archaïques que ceux de l'homme de Neandertal , ils veulent imposer aux femmes le port du voile intégral jusque sur les plages de la Riviera !
Ne nous voilons pas la face : ces tristes individus souffrent de pulsions sexuelles incontrôlables ! Et de peur d'être verbalisés pour outrage aux bonnes mœurs , ils préfèrent savoir la chair du beau sexe macérer sous des couches de tissu imbibées d'eau salée . Les dermatologues doivent être submergés ! Car moi qui ai dû faire les frais , cet été , d'une allergie au soleil nécessitant le port d'une combinaison antiUV, je dois dire que cette tenue de choc à défaut d'être chic n'a pas pour autant empêché la chaleur emmagasinée de provoquer une deuxième éruption cutanée ! Sans doute les chantres du burkini aiment-ils que leurs compagnes aient le derme hérissé de pustules ! On ne le saura jamais : ils sont trop discrets sur leur intimité , si tant est qu'ils en aient une ...
jeudi 11 août 2016
Avis à mes lecteurs
Comme vous avez pu le constater , j'ai mêlé récemment à mon blog des extraits du roman autobiographique dont j'ai amorcé l'écriture il y a quelques mois. Pour donner plus de cohérence à mes écrits, j'ai regroupé ces fragments dans un autre blog , dont l'adresse est la suivante: http://emmanuelledubuisson.blogspot.fr/.
En mettant en ligne les pages que j'écrirai au fur et à mesure, je propose ainsi de renouer avec la parution en feuilletons des romans du 19e siècle.
Cette expérience est certes périlleuse , car je travaille sans filet , mais elle me convient mieux que la mise en ligne d'une oeuvre romanesque achevée . A vous d'en apprécier le contenu et de me faire part de vos réflexions .
Bonnes vacances à tous et à toutes!
Emmanuelle Dubuisson
Comme vous avez pu le constater , j'ai mêlé récemment à mon blog des extraits du roman autobiographique dont j'ai amorcé l'écriture il y a quelques mois. Pour donner plus de cohérence à mes écrits, j'ai regroupé ces fragments dans un autre blog , dont l'adresse est la suivante: http://emmanuelledubuisson.blogspot.fr/.
En mettant en ligne les pages que j'écrirai au fur et à mesure, je propose ainsi de renouer avec la parution en feuilletons des romans du 19e siècle.
Cette expérience est certes périlleuse , car je travaille sans filet , mais elle me convient mieux que la mise en ligne d'une oeuvre romanesque achevée . A vous d'en apprécier le contenu et de me faire part de vos réflexions .
Bonnes vacances à tous et à toutes!
Emmanuelle Dubuisson
dimanche 31 juillet 2016
Rétrospectivement , le souvenir qu'elle me laissa fut celui du personnage balzacien le moins reluisant. Elle possédait tous les attributs de l'illustre tenancière de la pension Vauquer! Son âge avancé , sa corpulence avérée qui excusait sa lenteur à gravir les escaliers du lycée , ses lunettes à double foyer qu'elle retirait de temps en temps pour les essuyer avec un mouchoir d'une propreté douteuse , le pardessus marron dont les exhalaisons ne laissaient aucun doute sur sa prédilection pour les félins incontinents , tout dans son comportement et son accoutrement la désignait comme l'incarnation du personnage de fiction le plus repoussant de l'œuvre balzacienne.
Elle prenait en outre un malin plaisir à tester ma susceptibilité . Il faut dire que j'aimais briller autant que je le pouvais et que mon doigt était levé dès qu'une question était posée . Un jour , lui ayant tenu tête lors d'un cours de traduction d'un passage de l'Enéide , elle rentra dans une colère épique et décréta que puisque j'étais une "optima alumna" , il me fallait occuper seule le rang de droite de la classe , comme au temps de Charlemagne . Aussi enjoignit- elle à mes congénères décontenancés de quitter leur place afin de m'en laisser la jouissance exclusive .
Cela n'entama guère mon impétuosité . Ce qui , néanmoins , fut subi par moi comme une vexation, et qui eut un écho dans ma vie beaucoup lus tard, fut la remarque qu'elle me fit un jour qu'elle nous soumit le questionnaire de Proust . Alors qu'elle parcourait mes réponses , elle se figea soudain et me scruta d'un regard moqueur quand elle arriva à celle qui correspondait à la qualité que je préférais chez un homme . J'avais osé écrire "l'intelligence", ce qui lui fit dire d'un ton railleur empli de dédain: "Mais Mademoiselle , que faites-vous des qualités de cœur ?"
dimanche 24 juillet 2016
Faut-il être si mal gouverné ou si tragiquement spolié de notre droit de vivre pour qu'éclose en nous ce sentiment de solidarité ? Il n'en est rien . Ce qui fait le ciment d'un peuple libre, c'est sa capacité à se fédérer et exprimer son indignation face à des décisions prises par des hiérarques énarques qui ne prennent pas en considération leurs revendications . C'est aussi sa capacité à laisser libre cours à sa sensibilité quand des événements traumatiques le mettent face à face à ce que l'on nomme l'inhumanité. En somme, c'est quand notre avenir est assombri par la perte de nos acquis , que notre présent se voit anéanti par la disparition brutale de nos enfants chéris , et que ces actes sont le fait de groupes soit-disant dotés de raison ou de groupuscules qui en sont manifestement dépourvus, c'est à ce moment que se remet à germer avec vigueur ce que l'on croyait étouffé par les herbes folles de l'individualisme et de l'égoïsme collectifs : cet instinct grégaire si décrié mais qui signe néanmoins notre appartenance à l'HUMANITÉ.
mardi 12 juillet 2016
En Mai , c'est la petite balle jaune qui est le centre de toutes les attentions . On fixe ses rebonds capricieux sur la terre ocre Roland Garrossienne . Pas difficile de saisir qui va marquer le point .Le but du jeu, c'est de faire en sorte que l'adversaire ne la rattrape pas , cette balle. Alors toutes les ruses sont employées pour faire courir le concurrent d'un bout à l'autre du terrain. Et nos yeux de spectateur sont mis à rude épreuve à force de se promener de droite et de gauche . Pire qu'un séance chez l'orthoptiste.
En juin et juillet , on change de cadre . On préfère la fraîcheur des pelouses à la terre battue , et c'est le ballon rond qui devient l'objet de toutes les spéculations . Etrangement , il ne se trouve aucun Vert pour s'indigner du fait que le gazon soit martyrisé par des crampons . C'est que tout vert qu'ils soient , les écolos ont un faible pour les bleus .De la coupe du monde à l'Euro , c'est notre fibre patriotique qui vibre . On prête allégeance au coq tricolore , on apprend les paroles de la Marseillaise pour l'entonner en cœur avec les joueurs de l'équipe de l'Hexagone.On ne s'est jamais autant senti Français .
On publie des messages d'admiration sur le compte Twitter de nos favoris . Entre les bruns et les blonds, les supportrices ne savent plus où donner de la tête . Elles sont jalouses de leur WAGS. D'ailleurs elles se trouvent plus SWAG qu'elles ... Ils ont beau être des As du ballon rond et avoir une personnalité très marquée sur le terrain , les joueurs de l'équipe de France ne font preuve d'aucune originalité quand ils choisissent leurs compagnes : ils les recrutent invariablement dans des agences de mannequins ...
Et quand arrive le Grand jour , le combat des Titans qu'on attend avec tant d'impatience , les footeux les plus croyants prennent soin de prier le Tout-Puissant pour qu'il leur apporte son soutien . Ceux adeptes de la magie blanche se peinturlurent la face du drapeau tricolore , endossent le maillot bleu brodé au dos du chiffre magique, font des incantations en espérant qu'elles leur permettront de se livrer ad libitum à des libations jusqu'au petit matin . Ils emplissent le stade ou les fanzones de leurs cris d'excitation et cèdent à l'exaltation quand le ballon s'emballe et cavale à vive allure vers la lucarne . Ils tempêtent de rage quand l'arbitre brandit le carton jaune , retiennent leur souffle quand il prononce les mots " corner " ou " penalty", se tordent de douleur quand un but est marqué par l'équipe adverse .
Gloire aux vaincus ! Malheur aux vainqueurs quand ils sont ennemis ! Ils se disent que les bleus ont perdu la bataille , mais qu' ils n'ont pas perdu la guerre ! Ils feront mieux la prochaine fois . La victoire n'en sera que meilleure .Pour l'heure, ils troquent le maillot bleu pour un jaune et se mettent à suivre les exploits des spécialistes de la petite reine. De paysage en paysage , de ville en village , Ils comprendront en regardant le tour de France que que ce n'est pas si mal d'être français , et se remettront de leurs émotions en regardant jouer les vieux à la pétanque ...
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