"WE ARE SUCH STUFF AS DREAMS ARE MADE ON, AND OUR LITTLE LIFE IS ROUNDED WITH A SLEEP". La citation de Shakespeare qui inaugure mon blogue résume magistralement ma vision de l'existence humaine. Nous sommes faits de l'étoffe des songes, et notre courte vie se clôt par un long sommeil. Alors, plutôt que de rêver notre vie, vivons nos rêves! Et faisons éclater en infimes particules de sens jubilatoires le monde qui nous entoure.
samedi 14 novembre 2015
Que celui qui ne s'est pas vanté de posséder en lui les armes pour conquérir le monde me jette la première pierre ! On nous enseigne que nous sommes maîtres de notre destin; que vouloir, c'est pouvoir; que nous possédons en nous les clés de la félicité et de la réussite. Harnachés de pensées positives, nous avançons d'un pas décidé, le corps discipliné et l'esprit galvanisé, prêt à en découdre avec quiconque entravera notre chemin.
Mais nous oublions que la vie n'est qu'un château de cartes. Que nos constructions ne sont qu'éphémères et que nos passions nous conduisent inévitablement sur le chemin de la Passion christique. Nos réussites ne sont que l'envers de nos échecs, et nos unions , qu'elles soient amicales, conjugales ou professionnelles finissent toujours, tôt ou tard, par des séparations .
Si nous naissons un jour à nous-mêmes, ce n'est que pour saisir notre impermanence en ce monde , notre proximité ontologique gênante avec les choses inertes qui nous entourent, une fois que le souffle divin qui nous anime nous aura été dérobé. Oui, nous sommes décidément bien peu de choses sur terre. Nous avons beau marcher la fleur au fusil , nous ne serons jamais que de la chair à canon pour ceux qui tuent et meurent pour des idées car ils sont trop lâches pour avouer qu'ils ont perdu le combat contre eux-mêmes.
dimanche 25 octobre 2015
Car cette suspension provisoire de la conscience , cette mise entre parenthèses de la vie n'est que la préfiguration du néant à venir , de celui dont l'enfant a le pressentiment avant même qu'il n'ait affecté son environnement immédiat . La mort , même s'il n'en a aucune connaissance physique, sait ne pas se faire oublier en s'affichant avec ostentation dans les médias . Elle s'étale en gros titres sur les journaux , en bannières sur nos écrans .Elle se venge de son impopularité en s'invitant , comme la fée Carabosse, au baptême des nouveaux-nés mais aussi à toutes les festivités .
Elle nous raconte toujours la même histoire , en somme . Quoi qu'on fasse , elle a toujours le dernier mot . C'est une romancière hors-pair, irriguant ses intrigues de suspense , se nourrissant sans cesse de l'effet de surprise qu'elle produit . Elle est toujours là où on ne l'attend pas . Et c'est pourquoi elle nous fascine , tout autant qu'elle nous terrifie . Jeunes , vieux , tout le monde y passe . Seul son mode opératoire varie .
Femme fatale , faucheuse hideuse , l'iconographie l'embellit ou l'enlaidit. Que lui importe l'apparence qu'on lui donne . Elle ne se donne jamais à voir . Sans substance , et pourtant consubstantielle à notre existence , elle n'est pas à un paradoxe près . Elle ourle nos songes de l'appréhension qu'elle nous inspire et alimente nos fantasmes d'anéantissement les plus fous .
L'histoire que l'on raconte au jeune enfant la met en scène aussi . Mais ce n'est pas n'importe quelle histoire . Elle se situe toujours dans des contrées lointaines et des temps reculés , comme si l'on voulait l'exorciser en la circonscrivant à un cadre spatio-temporel bien délimité.
C'est pour cela que l'enfant la réclame , chaque soir, son histoire , et que plus tard , il s'en racontera lui-même , des histoires , aussi abracadabrantes que celles de sorcières et de sortilèges , dans la tentative de rompre les maléfices de la vie et repousser la part grandissante d'obscurité en lui .
samedi 3 octobre 2015
Il est une question qui nous taraude toute notre vie, depuis nos premiers pas sur la scène du langage jusqu'à notre sortie de scène finale , qu'elle soit lente ou brutale. Cette question, c'est celle du pourquoi.
dimanche 20 septembre 2015
Qu'il s'agisse d'un vol ou d'un viol , d'un divorce ou d'un deuil , d'une maladie ou d'un accident , nous avons soudain le sentiment d'être injustement malmenés par les circonstances , de n'avoir pas mérité ce qui nous arrive , que la vie est assez dure comme ça pour ne pas encombrer notre horizon d'obstacles qui entravent notre élan.
Il serait plus sage de se demander pourquoi on n'y a pas pensé avant , pourquoi l'on a fait preuve de tant de naïveté dans ce domaine alors qu'on manifeste tant de sagacité dans d'autres . Si ça arrive aux autres , ne sommes-nous pas nous-mêmes les autres des autres ? D'où vient notre prétention à vouloir être préservé des préjudices subis par notre prochain ? Est-ce à dire que ce dernier , lui , a une prédisposition plus grande au malheur que nous, et qu'il est donc tout désigné pour jouer le rôle de la victime expiatoire ?
On se rappelle notre air fataliste quand telle ou telle de nos connaissances avait subi un coup du sort . On se souvient d'avoir prononcé des paroles comme : il ( elle ) n'a pas de chance ! Il ( elle ) est né(e) sous une mauvaise étoile! En disant cela , on tentait ainsi de s'immuniser contre le malheur , lui assigner une sphère d'influence éloignée de notre existence , en en rejetant la faute aux astres .
L'on aurait dû plutôt y voir un signe annonciateur de notre avenir prochain , s'estimer chanceux d'avoir été épargné jusque-là , et se préparer non plus seulement au meilleur mais aussi au pire . La chute , qu'elle arrive tôt ou tard , sera inévitable . Alors pour lui ôter son caractère redoutable , autant l'anticiper pour mieux l'apprivoiser . Et remercions les autres de nous avoir enseigné , sans le vouloir , que si nous ne sommes pas des dieux, nous n'en sommes pas moins des hommes.
dimanche 13 septembre 2015
On sent qu'il a été aimé , on sait qu'il sera aimé du monde entier maintenant qu'il n'est plus de ce monde . Les vagues l'ont englouti , et avec lui tous nos espoirs de le voir grandir un jour . La mer, honteuse d'avoir perdu son bras de fer avec la mort , l'a déposé sur le rivage dans un linceul d'écume .
Ce qui nous poursuivra tant que notre mémoire gardera trace de cette image de lui , c'est cette horizontalité dérangeante , cette confusion entre sommeil et absence de vie. Un enfant qui dort, c'est un enfant qui vit . Un enfant qui gît est un enfant sans vie.
On lui en veut , à la mort , de nous avoir trompés en copiant aussi bien la vie . On s'en veut surtout d'avoir été assez naïfs pour croire qu'un enfant allongé ne peut forcément que dormir , et ne jamais mourir.
samedi 22 août 2015
Mais ce qui recueille le plus de suffrages ces derniers temps , c'est ce qu'on appelle le "coming out " , autrement dit la révélation , par une personnalité publique , de son orientation sexuelle, pourvu qu'elle ait été jadis réprouvée par la bonne société . Alors qu'autrefois, il était fortement déconseillé de s'épancher sur son intimité, aujourd'hui, toute déclaration en ce sens vaut, à celui qui la fait, d'être panthéonisé. Les médias sont la nouvelle agora où l'on parle sans embarras de ses ébats .
En tête de gondole, la transsexualité qui vient de supplanter l'homosexualité, banalisée récemment par une loi. Grâce aux avancées de la chirurgie esthétique, il est désormais possible de se doter ou de se délester de ses parties génitales si l'on veut faire un pied de nez à Dame Nature. Sautez le pas publiquement, et vous serez louangé comme un héros , et non vilipendé comme un apostat! Ce qui restait l'apanage de la communauté péripatéticienne sylvestre des abords de Paris ( i.e les travailleurs du sexe Brésiliens du bois de Boulogne ) s'est soudainement propagé au milieu artistique de la variété où , comme chacun sait , l'originalité est survalorisée. Le Nec plus ultra, c'est d'arborer la barbe d'un bûcheron sur le décolleté plongeant d'une robe à volants.
Autres fous du volant dans cette course endiablée, les Satanas et Diabola à la sexualité débridée. La conversion à la transsexualité demande, il faut l'avouer, des sacrifices financiers qui peuvent décontenancer les moins fortunés, tandis qu'échanger sa partenaire dans des lieux consacrés, c'est participer, à l'échelle du sexe, à l'économie collaborative tant vantée. Si l'on est politicien néanmoins, cela peut vous coûter votre carrière, d'autant que vous serez victime de " outing" un jour ou l'autre : vos mœurs légères seront étalées dans tous les médias et vous perdrez, de ce fait, partie de votre électorat .
Pour faire son " coming out" en tant que célébrité , il faut donc s'assurer que le jeu en vaille la chandelle . Pour ceux qui digèrent mal leur déclin en popularité , cela peut s'avérer une aubaine inespérée . C'est l'occasion de s'attirer une attention imméritée et de gagner un peu de visibilité . Mais bon, si vous appreniez de leur bouche que vos it-girls préférées fréquentent des gangsters partouzeurs qui fricotent avec des call-girls transgenres, cela vous plairait - il vraiment ?