Avoir un toit sur la tête , quand on y réfléchit bien, n'est pas une
priorité pour tout le monde . Derrière des motifs purement économiques ,
se cachent des motivations hautement philosophiques . Certains humains
préfèrent vivre à la belle étoile plutôt que de se retrouver piégés entre
quatre murs . Ils sont rares, certes, mais pas inexistants. Dans l'antiquité, le sage Diogène , pour braver les conventions sociales,
n'avait-il pas élu domicile dans une jarre ?
Opter pour des conditions de vie dénuées de confort , cela n'est pas
courant et demande réflexion .
Or, la réflexion, c'est ce dont nous manquons cruellement en ce monde .
Et pour cause . Nous ne nous accordons aucune pause pour nous y adonner
. Au lieu de consacrer du temps au temps , nous ne cessons de
l'accabler d'imprécations sous prétexte qu'il nous échappe
irrémédiablement . C'est sûr, nos professions nous accaparent tellement
qu'elles ne nous laissent plus le loisir de penser. Et le peu de temps
libre qui nous reste est happé par l'hydre de la surinformation
numérique . Nous devenons des Gargantuas de l'actualité tous azimuts ,
incapables de digérer autant de matière brute , faisant nôtre la pensée
des autres sans penser qu'elle extermine la nôtre .
Comment , après cela , décider du type d'habitat qui nous conviendrait
le mieux ? Peut-être , après tout , souhaiterions-nous construire une
cabane en pin comme le divin Thoreau , et nous y retirer non
loin d'un étang , loin du bruit et de la fureur urbaine ? Peut-être
préfèrerions- nous couler des jours heureux dans une yourte mongole ou un tipi amérindien ? Le problème , c'est que tipi ou yourte , il
faut les planter quelque part , et certainement pas sur du béton . Donc à
moins de migrer vers les grandes plaines d'Asie ou celles d'Amérique ,
il nous reste peu de chance de mener à bien notre entreprise.
Grâce au ciel, des architectes se sont penchés sur la question . Ils
ont compris qu'en chacun de nous sommeille un Peter Pan. Ils ont compris
qu'enfoui dans notre inconscient se loge notre désir d'une cabane de
Robinson . Celle dans laquelle on trouvait refuge dans notre enfance ,
au fin fond du jardin d'une maison de campagne . Alors plutôt que de
miser sur la pierre et la brique , ils ont opté pour le bois . Pour
faire plus sérieux et faire semblant de préserver l'environnement , ils
ont appelé ça eco- construction. Et ça a marché ! Des lotissements
entiers de maisons en bois sont sortis de terre . Mieux encore , des
cabanes ont poussé dans les arbres , pour accueillir des touristes
nouvelle tendance : les glampeurs , adeptes du glamping ou camping
glamour ...
La brique, le bois , mais que reste-t-il donc ? Vous ne voyez vraiment
pas ? Cherchez encore . Les trois petits cochons , ça ne vous dit rien ?
La paille , bien-sûr! C'est encore plus écologique et encore plus
économique . Et puis au moins , si on s'en lasse , on aura qu'à appeler
le Grand Méchant Loup . Il soufflera et soufflera, et la maison s'envolera.
En somme , le toit qu'on a sur la tête est
bien plus révélateur qu'il n'y paraît . Tout adulte que nous sommes ,
le choix de notre habitat en dit long sur l'enfant que nous avons été .
Que l'on décide de vivre dans une yourte , un tipi, une cabane , une
roulotte ou un igloo, inutile de nous faire croire que nous avons grandi
. Après tout , ne partons-nous pas , chaque nuit, à destination du pays des songes?
"WE ARE SUCH STUFF AS DREAMS ARE MADE ON, AND OUR LITTLE LIFE IS ROUNDED WITH A SLEEP". La citation de Shakespeare qui inaugure mon blogue résume magistralement ma vision de l'existence humaine. Nous sommes faits de l'étoffe des songes, et notre courte vie se clôt par un long sommeil. Alors, plutôt que de rêver notre vie, vivons nos rêves! Et faisons éclater en infimes particules de sens jubilatoires le monde qui nous entoure.
dimanche 13 avril 2014
mercredi 9 avril 2014
L'éclosion du printemps génère toujours une grande effervescence dans la
vie de tout un chacun . C'est l'antichambre de l'été , saison par
excellence du farniente et de la Dolce Vita. Il fait bon s 'y
attarder et s'y apprêter afin de briller de mille feux sur les plages de
l'Ile de Beauté . Après de longs mois de déambulation forcée dans les
couloirs interminables de l'hiver , quel ravissement de pouvoir arpenter
à nouveau les allées bordées de rosiers bourgeonnant et bourdonnant ,
et de s'imprégner de l'air embaumé qui s'en dégage . C'est à un festin
des sens que le printemps nous convie . La vue , l'ouïe , l'odorat ,
jusque-là soumis à un régime sévère , font soudainement bombance ,
entraînant dans leur sillage le goûter et le toucher .
Cette moisson de sensations , notre corps n'est pas le seul à en bénéficier . Notre esprit aussi en savoure les bienfaits . Comme si les noces de la chaleur et de la lumière ouvraient , devant lui , le champ autrefois clos des possibilités. L'œil de l'espoir se remet à luire , et, avec lui, un appétit de vivre et de conquérir . Les nappes de doutes qui s'étendaient sur le paysage de notre vie s'estompent . L'horizon se dégage , les nuages quittent leur pelage gris . Le ciel , s'il verse quelquefois des larmes , ne le fait que sur le coup de l'émotion . On se sent brusquement à l'unisson avec le monde .
Le printemps , c'est aussi le temps des bonnes résolutions . Celles qu'on a oublié de mettre à exécution le lendemain du jour de l'an. On se regarde le nombril et l'on comprend qu'il est grand temps de mettre un frein aux bonbons . Un coup d'œil dans le miroir et l'on pressent que la nicotine aura bientôt raison de notre carnation. On fait alors le plein de motivation, et en route pour la détoxination , la musculation , et la désintoxication ! Tous les moyens sont bons pour refocaliser son attention sur son apparence , maintenant que le nombre croissant de photons ne laisse plus de place à la dissimulation . Le corps de rêve , on y croit dur comme fer , et à tout âge . Illusion suprême ....
L'homme de ses rêves aussi , d'ailleurs . Les remises en question refont leur incursion. On commence à regarder d'un œil torve son compagnon . C'est qu'il a pris du bidon ! À vivre une vie de Patachon , le voilà affublé d'un triple menton ! Une changement d'alimentation s'impose ! Adieu veaux , vaches, cochons ! Il faut suivre le conseil du paon d'un célèbre conte : un pépin de pomme reinette et une gorgée d'eau claire ! Ni plus ni moins ! Et si cela ne suffit pas , reste le supplice de l'inanition . L'union fait la force , dit- on! Force est de constater que le manque d'efforts mène à la désunion .
Oui, le printemps sert aussi à ça ! Faire le grand nettoyage des diktats imposés par une société rétrograde , où le mâle croit toujours détenir un rôle dominant . Nous autres , les femmes , avons suffisamment combattu pour obtenir notre émancipation ! Pourquoi serions-nous donc contraintes d'obéir aux injonctions d'une minorité de fanfarons ? Les poignées d'amour ne sont pas l'apanage de notre seul sexe . Si on ne veut pas qu'elles deviennent des tue-l'amour , les hommes savent ce qu'il leur reste à faire ...
Cette moisson de sensations , notre corps n'est pas le seul à en bénéficier . Notre esprit aussi en savoure les bienfaits . Comme si les noces de la chaleur et de la lumière ouvraient , devant lui , le champ autrefois clos des possibilités. L'œil de l'espoir se remet à luire , et, avec lui, un appétit de vivre et de conquérir . Les nappes de doutes qui s'étendaient sur le paysage de notre vie s'estompent . L'horizon se dégage , les nuages quittent leur pelage gris . Le ciel , s'il verse quelquefois des larmes , ne le fait que sur le coup de l'émotion . On se sent brusquement à l'unisson avec le monde .
Le printemps , c'est aussi le temps des bonnes résolutions . Celles qu'on a oublié de mettre à exécution le lendemain du jour de l'an. On se regarde le nombril et l'on comprend qu'il est grand temps de mettre un frein aux bonbons . Un coup d'œil dans le miroir et l'on pressent que la nicotine aura bientôt raison de notre carnation. On fait alors le plein de motivation, et en route pour la détoxination , la musculation , et la désintoxication ! Tous les moyens sont bons pour refocaliser son attention sur son apparence , maintenant que le nombre croissant de photons ne laisse plus de place à la dissimulation . Le corps de rêve , on y croit dur comme fer , et à tout âge . Illusion suprême ....
L'homme de ses rêves aussi , d'ailleurs . Les remises en question refont leur incursion. On commence à regarder d'un œil torve son compagnon . C'est qu'il a pris du bidon ! À vivre une vie de Patachon , le voilà affublé d'un triple menton ! Une changement d'alimentation s'impose ! Adieu veaux , vaches, cochons ! Il faut suivre le conseil du paon d'un célèbre conte : un pépin de pomme reinette et une gorgée d'eau claire ! Ni plus ni moins ! Et si cela ne suffit pas , reste le supplice de l'inanition . L'union fait la force , dit- on! Force est de constater que le manque d'efforts mène à la désunion .
Oui, le printemps sert aussi à ça ! Faire le grand nettoyage des diktats imposés par une société rétrograde , où le mâle croit toujours détenir un rôle dominant . Nous autres , les femmes , avons suffisamment combattu pour obtenir notre émancipation ! Pourquoi serions-nous donc contraintes d'obéir aux injonctions d'une minorité de fanfarons ? Les poignées d'amour ne sont pas l'apanage de notre seul sexe . Si on ne veut pas qu'elles deviennent des tue-l'amour , les hommes savent ce qu'il leur reste à faire ...
samedi 5 avril 2014
Addiction! Il n'est pas de son plus doux à mon oreille que ce mot de trois syllabes . C'est que je pratique cette religion avec dévotion . Si d'aucuns s'attachent à la combattre comme un poison , moi j'y cède avec délectation et n'ai que faire des sermons qu'on pourra me faire sur la question. Oui, je l'avoue, je voue une véritable passion à la compulsion.
Rassurez- vous ! Mes addictions , si elles atteignent des proportions défiant l'imagination, ne sont pas de celles qui tombent sous le coup de la réprobation. Oseriez-vous me blâmer d'aimer quelqu'un à la déraison ? Si vous le faisiez, je ne pourrais que vous témoigner ma commisération. Car vivre sans passion , c'est bien là le propre des moutons.
L'addiction n'a de plus grand ennemi que la modération et ne connaît pas le sens du mot saturation. Un addict digne de ce nom est en rébellion constante contre la restriction. Son champ d'expérimentation est en perpétuelle expansion , allant du bonbon à la boisson, de la natation au marathon, de la fornication à la masturbation mentale. Inutile de poursuivre l'énumération. L'addiction est irréductible à toute classification. Et le compagnon de l'addict pourra , certes , corroborer mon assertion.
S'il y a quelqu'un à plaindre dans tout ça , c'est bien lui. Pourquoi donc fallait-il qu'il serve de chair à canon au facétieux Cupidon ? Il se demande vraiment pourquoi l'addict l'a élu pour assouvir ses pulsions . Ce n 'est plus de la passion, c'est de la phagocytation! L'addict qui a développé une fixation sur lui n'est jamais à court d'inspiration.
Surtout depuis les mutations dans les technologies de l'information. Le telephon' ne son' plus chez Gaston. L'addict a un goût prononcé pour les innovations . Elle tweete, textote, sextote, et surtout radote. Elle veut être sûre de parvenir à une optimisation de la communication . Si , par malheur , le compagnon ne répond pas fissa, la dépression succède à l'exaltation , et l'addiction , telle une bombe à fragmentation , atteint son plus haut niveau de propagation . Bonbons , boissons, natation, marathon, fornication, masturbation mentale, c'est l'explosion !
Que l'on ne s'étonne pas si le compagnon finit, un jour ou l'autre, par jeter l'éponge . Trêve de bonnes actions ! Il a beau être animé de bonnes intentions , il tient à préserver intacte sa raison . Tant pis pour lui ! Il ne mérite même pas la compassion. L'addict, elle , n'a que faire d'un canasson . Il lui faut un étalon. Alors elle fait appel à son imagination. Et la voilà repartie pour de nouvelles explorations , l'œil vif , le cœur vaillant ! Quelle faculté de récupération !
En somme, l'addiction, ça a du bon. C'est le meilleur remède contre la stagnation , et , surtout, ça permet de faire le tri parmi vos compagnons. Alors honte aux impies qui osent brandir le spectre d'une désintoxication ! il ne méritent aucunement votre considération...
mercredi 2 avril 2014
Que ne ferait-on pas pour connaître l'avenir ! L'ignorance du lendemain nous effraye tellement , que nous sommes disposés , parfois , à confier nos interrogations les plus intimes à des inconnues que nous investissons d'un pouvoir égal à celui du divin.
Certes la voyante , de nos jours , n'est plus la bohémienne au fichu qui arpente les rues en quête de quelques misérables écus . Elle a pignon sur rue et officie dans un cadre cossu . En se sédentarisant, elle a troqué sa roulotte bringuebalante pour un appartement élégant . On doit faire antichambre avant de fouler le parquet de son salon. C'est que les grands de ce monde s'y pressent . Du politicien au capitaine d'industrie, tous accourent pour lui demander audience.
La boule de cristal , si elle subsiste, n'est plus qu'un objet ornemental. Plus besoin aussi de tendre la paume de la main avec son entrelacs de lignes de vie , de cœur , et de destin . La chiromancie ne fait plus recette . On préfère s'inspirer de la révolution des planètes . Quoi de plus enivrant que de se sentir exister au sein de l'univers , sous l'influence de Venus ou de Jupiter , comme Ulysse bravant vents et tempêtes avant de regagner enfin la paisible Ithaque !
Car la vie est une Odyssée . Ce n'est pas un simple parcours de santé . Parfois il nous arrive de perdre pied et d'être embarqué, bon gré mal gré, sur le radeau de la Méduse . Alors, pour pour éviter de sombrer, on s'en remet aux astres , et à leur grande prêtresse . Le spectacle certes est moins exaltant que celui de la Pythie rendant l'oracle d'Apollon . Point de transe ni de langage abscons. La sphinge des temps modernes incarne la raison . Elle manie chiffres et compas à la perfection . Qui eût cru qu'une simple date de naissance recélât une telle foison d'informations !
Mais gare aux mauvaises interprétations ! On peut passer sa vie à craindre le pire , comme le dramaturge grec Eschyle , à qui un augure avait prédit qu'il perdrait la vie lors de la chute d'une maison . Le poète tragique prenait donc soin de passer le plus clair de son temps hors de sa demeure. Cela ne l'empêcha pas d'avoir le crâne fracassé par la carapace d'une tortue qu'un gypaète avait laissé tomber à dessein sur sa tête , l'assimilant à tort à une grosse pierre . La raison de son trépas fut bien la chute d'une maison , mais pas celle qu'il redoutait.
Quant aux superstitions , elles sont , pour certains, un poison quotidien. Les chats noirs , les échelles , les miroirs deviennent les bêtes noires des angoissées congénitales . Le mauvais œil aussi, mieux vaut l'éviter , en se bardant d'amulettes et en faisant discrètement les cornes ( du diable ) pour conjurer le mauvais sort . Pour ce qui est d' avoir la baraka , il est d'usage de toucher du bois . Et les manchots dans tout ça ? Ils font quoi ?
Une chose est sûre . Quoi qu'on fasse , rien n'arrêtera les sombres Parques dans leur implacable tâche . On peut toujours essayer de leur faire les yeux doux , elles sont aveugles . Le jour venu , elles couperont le fil de notre vie et l'on ira rejoindre les astres , débarrassés de ce fatras de doutes et de craintes , d'espoirs et de gloires . La vie est un jeu de hasard . Alors battons les cartes nous-mêmes au lieu de recourir à la cartomancie , chiromancie et autres mantiques dernier cri. L'avenir adviendra quoi qu'on fasse . Alors vivons pleinement le présent , et croisons les doigts...
samedi 29 mars 2014
Tout le monde n'a pas la chance de s'appeler Pygmalion . Non seulement le sculpteur virtuose est-il parvenu à façonner , de ses propres mains , la statue incarnant son idéal féminin , mais il a aussi eu l'immense privilège de jouir de la haute considération de Vénus , qui, une fois n'est pas coutume, a bien voulu jouer les bonnes fées . La déesse ne lui a-t-elle pas accordé l'insigne faveur de métamorphoser l'ivoire en chair , une fois conçue la Galatée de ses rêves ? Quel humain n'a pas rêvé de voir un jour prendre corps la créature de ses fantasmes ...
C'est surtout au XIXe siècle que l'on observe la résurgence du mythe dans un certain nombre d'œuvres littéraires entre autres . Le ballet Coppélia , inspiré d'un conte fantastique d'Hoffmann , retrace l'obstination folle du Dr Coppélius à vouloir insuffler vie à une automate de sa composition . L'obsession , qui l'habite , d'extraire l'étincelle vitale d'un humain pour la transférer à sa poupée , le conduira à mettre au point un stratagème diabolique : Appâter le jeune Frantz , qui se pâme d'amour pour "la fille aux yeux d'émail" et dont il ne soupçonne pas l'inappartenance au monde humain . Désireux de lier connaissance avec Coppélia, le jeune homme s'introduit dans le logis du savant fou et n'en ressort vivant que grâce à l'intervention providentielle de sa fiancée Swanilda .
Au XXIe siècle , ce sont les inventeurs les plus hardis de la Silicon Valley qui ont décidé d'exaucer le vœu prioritaire de toutes les wish lists : la conception DU ou de LA partenaire idéal(e). Au fil du temps l'on s'est bien rendu compte qu'il est vain d attendre l'homme ou la femme de sa vie. Soit l'on tombe sur un corps bien fait et une cervelle mal faite , soit le contraire . Alors , on s' est fait une raison . Plutôt que de se tourner vers la religion, on a placé sa foi dans les innovations technologiques . En misant sur le numérique, on a eu tout bon !
Ainsi , la réalité virtuelle , terrain d'élection d'amateurs de sensations extrêmes , est-elle aussi devenue le giron des romantiques exacerbés ou des libertins patentés. Grâce à un casque High Tech équipé de capteurs , il est maintenant possible de s'immerger dans le monde parallèle de notre choix . L'on n'aura plus besoin de perdre son temps sur des sites de rencontre à la recherche de l'âme sœur . Il suffira de configurer le casque du futur pour que se matérialise , sous nos yeux, le compagnon ou la compagne de nos rêves . Fini le temps des couples en crise ! Voici venir le temps des rires et des chants . Dans cette île enchantée , ce sera toujours le printemps !
Pour les messieurs plus tactiles et moins portés sur l'interaction virtuelle , l'importation des Love Dolls made in Japan demeure la meilleure option . II n'y a qu'à voir comment les Nippons passent du bon temps auprès de ces plantureuses poupées de silicone à taille humaine , substitut idéal pour assouvir leurs fantasmes les plus coquins . Il faut dire que l'on peut choisir non seulement leurs mensurations , mais aussi la forme de leur visage , leurs cheveux et , bien-sûr, leur habillement . De la collégienne en socquettes à la vamp ravageuse , l'éventail est large. On est loin de la poupée gonflable qui , dans le feu de l'action, risque de vous éclater entre les mains . La Love Doll a une durée de vie illimitée , de sorte que l'on peut même la léguer à ses héritiers en cas de départ précipité vers l'au-delà .
Enfin , pour les irréductibles , ceux qui sont réfractaires aux avancées technologiques et qui n'ont pas envie de jouer à la poupée , reste le rêve . C'est le plus sûr moyen de ne jamais être déçu . À quoi bon solliciter le secours des autres quand on a , à sa disposition, la machine la plus puissante qui soit sur terre : l'imagination . Inutile d'invoquer dieux et déesses. La divinité, c'est votre esprit. Il vous connait par coeur et saura repétrir , tel Pygmalion, le visage de l'être aimé que vous avez croisé , un soir de mai, sur le sentier de votre vie , et qui restera à jamais gravé dans votre mémoire, cathédrale du souvenir, comme le mot Ananké jadis inscrit dans la pierre d'une sombre tour de Notre-Dame.
mardi 25 mars 2014
En attribuant à Dibutade l'invention du dessin , la légende origine la
représentation iconographique dans un acte d'amour . C'est en voulant
garder présente à son esprit l'image de son bien-aimé que la jeune Corinthienne en
aurait esquissé les contours sur un mur à partir de l'ombre portée du
jeune homme . C'est donc la capture graphique de l'altérité qui a été
le primum mobile de l'acte inaugurant la théorie de la représentation .
Dans le cas de Dibutade , l' altérité revêtait les traits de l'être aimé
. Pour d'autres artistes , qu'ils soient peintres ou sculpteurs , elle
allait arborer ceux de l'être vénéré ( dieu ou déesse ), craint (
monarque ou potentat ) ou , moins glorieusement ,
fortuné ( riche notable ).
Mais si l'altérité fut l'objet privilégié de la représentation bidimensionnelle , elle n'en fut certes pas le seul . Que ce soit Dürer , Rembrandt ,Chardin, et plus récemment Schiele ou Bacon , l'artiste , en tant que sujet , s'est aussi constitué comme objet propre de la représentation . La toile s' est fait miroir , mais miroir déformant. Il n'était aucunement question ,pour eux, de se livrer à une entreprise narcissique de glorification de l'ego. En s'anamorphosant, le sujet donnait plus à voir une intériorité souvent torturée et grimaçante, qu'une extériorité souvent lisse et apaisante. Il s'agissait moins de faire preuve d'un réalisme optique que d'un réalisme psychique.
Avec l'invention de la photographie , un grand pas en avant a été fait . Non seulement le portrait a connu une consécration indubitable , mais l'autoportrait a aussi bénéficié d' un engouement sans précédent . Le tout premier autoportrait photographique vit d ailleurs le jour en 1840, soit une année après l'invention du daguerréotype . Il s'agissait d'une mise en scène loufoque d'un certain Hippolyte Bayard , autre pionnier qui s'était distingué par l'invention d un procédé malheureusement passé sous silence , car concurrencé par celui mis au point par Daguerre. Avec un sens de l'humour consommé, l'inventeur s'était représenté en noyé, et avait légendé son cliché de la façon suivante " Oh ! instabilité des choses humaines ! Les artistes, les savants, les journaux se sont occupés de lui depuis longtemps et aujourd'hui qu'il y a plusieurs jours qu'il est exposé à la morgue, personne ne l'a encore reconnu ni réclamé. "
Monsieur Bayard serait fortement impressionné de constater à quel point son goût pour la mise en scène a fait d'émules parmi nos contemporains . Avec la prolifération anarchique des smartphones , nous sommes tous devenus des chevaliers Bayard de la photographie. Le selfie , version moderne de l'autoportrait que l'on met en ligne sur les réseaux sociaux , se décline sous les formes les plus insolites . Censé , à ses débuts , représenter le visage du photographe en herbe tenant son smartphone à bout de bras, le selfie a , depuis , pris pour cible de choix des parcelles de l'anatomie jusqu'alors réservées à l'intimité . La duckface grotesque ( bouche en cul de poule , pour ceux qui ne comprendraient pas ) s'est vu supplanter par des parties du corps jusque-là frappées de tabou . Ainsi le legsie ( photographie des jambes ) a dû battre en retraite devant le belfie ( photographie du postérieur ) . Certain(e)s vont même jusqu'à combiner legsie et belfie dans des mises en scène sportives très sophistiquées . Sans commentaire ...
On peut s'attendre au pire pour les mois à venir . Ne nous étonnons plus si l'industrie pornographique connaît un rapide déclin . La mise en ligne de selfies suggestifs gratuits ne peut que lui porter ombrage . Avec le selfie , tous les verrous sautent . On se croit tout permis . Sur des réseaux sociaux, on montre tout , n'importe où et à n'importe qui . On assiste au sacre de la femme décomplexée et exhibitionniste, à moins que ce ne soit plutôt celui de la femme décérébrée et désillusionnée . Au fond , le selfie , n'est il pas un moyen comme un autre de tenter de se rassurer et de reconquérir le sentiment d'exister au sein d une humanité désespérée ?
Mais si l'altérité fut l'objet privilégié de la représentation bidimensionnelle , elle n'en fut certes pas le seul . Que ce soit Dürer , Rembrandt ,Chardin, et plus récemment Schiele ou Bacon , l'artiste , en tant que sujet , s'est aussi constitué comme objet propre de la représentation . La toile s' est fait miroir , mais miroir déformant. Il n'était aucunement question ,pour eux, de se livrer à une entreprise narcissique de glorification de l'ego. En s'anamorphosant, le sujet donnait plus à voir une intériorité souvent torturée et grimaçante, qu'une extériorité souvent lisse et apaisante. Il s'agissait moins de faire preuve d'un réalisme optique que d'un réalisme psychique.
Avec l'invention de la photographie , un grand pas en avant a été fait . Non seulement le portrait a connu une consécration indubitable , mais l'autoportrait a aussi bénéficié d' un engouement sans précédent . Le tout premier autoportrait photographique vit d ailleurs le jour en 1840, soit une année après l'invention du daguerréotype . Il s'agissait d'une mise en scène loufoque d'un certain Hippolyte Bayard , autre pionnier qui s'était distingué par l'invention d un procédé malheureusement passé sous silence , car concurrencé par celui mis au point par Daguerre. Avec un sens de l'humour consommé, l'inventeur s'était représenté en noyé, et avait légendé son cliché de la façon suivante " Oh ! instabilité des choses humaines ! Les artistes, les savants, les journaux se sont occupés de lui depuis longtemps et aujourd'hui qu'il y a plusieurs jours qu'il est exposé à la morgue, personne ne l'a encore reconnu ni réclamé. "
Monsieur Bayard serait fortement impressionné de constater à quel point son goût pour la mise en scène a fait d'émules parmi nos contemporains . Avec la prolifération anarchique des smartphones , nous sommes tous devenus des chevaliers Bayard de la photographie. Le selfie , version moderne de l'autoportrait que l'on met en ligne sur les réseaux sociaux , se décline sous les formes les plus insolites . Censé , à ses débuts , représenter le visage du photographe en herbe tenant son smartphone à bout de bras, le selfie a , depuis , pris pour cible de choix des parcelles de l'anatomie jusqu'alors réservées à l'intimité . La duckface grotesque ( bouche en cul de poule , pour ceux qui ne comprendraient pas ) s'est vu supplanter par des parties du corps jusque-là frappées de tabou . Ainsi le legsie ( photographie des jambes ) a dû battre en retraite devant le belfie ( photographie du postérieur ) . Certain(e)s vont même jusqu'à combiner legsie et belfie dans des mises en scène sportives très sophistiquées . Sans commentaire ...
On peut s'attendre au pire pour les mois à venir . Ne nous étonnons plus si l'industrie pornographique connaît un rapide déclin . La mise en ligne de selfies suggestifs gratuits ne peut que lui porter ombrage . Avec le selfie , tous les verrous sautent . On se croit tout permis . Sur des réseaux sociaux, on montre tout , n'importe où et à n'importe qui . On assiste au sacre de la femme décomplexée et exhibitionniste, à moins que ce ne soit plutôt celui de la femme décérébrée et désillusionnée . Au fond , le selfie , n'est il pas un moyen comme un autre de tenter de se rassurer et de reconquérir le sentiment d'exister au sein d une humanité désespérée ?
mercredi 19 mars 2014
Trouver "chaussure" à son pied n'est pas chose aisée et relève parfois du parcours du combattant . Il nous arrive souvent de piétiner sur place , voire même de trépigner . Car ce n'est pas tout de trouver la bonne pointure . Il faut aussi que "la chaussure" soit à notre goût . Pour couvrir la distance entre ce qui " nous va " et ce qui " nous va bien ", il est parfois nécessaire de chausser des bottes de sept lieues . Car ce qui correspond à nos mensurations socio-economico-culturelles n'est pas toujours ce qui répond à nos aspirations psychiques les plus profondes . Plus que dans tout autre domaine, notre subjectivité entre en ligne de compte.
Peu d'entre nous semblent avoir conscience que c'est le regard que nous portons sur la vie qui préside au choix de notre partenaire . Pour certaines, il importe, avant tout, de trouver un compagnon qui tienne la route , car elles pressentent que le chemin à parcourir sera une trajectoire longue et sinueuse . En préférant de prosaïques godillots à de vertigineux stilettos , elles privilégient la sécurité aux dépens du risque , les randonnées paisibles aux expéditions à rebondissements .
Pour d'autres, le primat est accordé à l'originalité , indissociable d'un certain esprit de liberté .Ce sont les aventurières , celles qui n'ont pas peur des traversées en haute mer . Ce n'est pas un compagnon qu'elles veulent prendre au lasso pour le regarder trottiner dans leur pré carré , mais un flibustier pilleur de cœurs qui leur fera respirer à pleins poumons l'air du grand large, et leur fera découvrir des terres inexplorées.
La troisième catégorie regroupe celles qui préfèrent marcher pieds nus . Elles ont testé godillots ou stilettos par le passé. La randonnée leur a donné de la corne au pied , et les traversées en mer , la nausée . Alors elles préfèrent s'en passer et emprunter des sentiers balisés , pour éviter de se blesser, et voir la vie du bon côté . Qui pourrait les en blâmer ? Vouloir être solitaire , n'est ce pas faire preuve de caractère ?
D'ailleurs , un jour ou l'autre , les accros du godillot ,comme les pros du stiletto, en viennent à la même conclusion : il y a quelque chose de pourri au royaume des damnées marques. Les hommes passent si souvent de mode. Alors elles se tournent vers un modèle d'un tout autre genre : la pantoufle . Pas celle de vair. Pour croire à Cendrillon et à la métamorphose d'un potiron, il faudrait vraiment ne plus tourner rond. Ce qu'elles reluquent avec envie , c'est ce modèle intemporel , indémodable et inusable : la charentaise !
Ce chausson de pure laine, pur produit du Grand Siècle, est l'embarcation favorite des femmes du vieux monde , qui ne la quitteront plus que pour prendre place sur la barque de Charon, pour leur ultime voyage vers un nouveau monde . Finis les godillots patauds pour courir après les pèquenots! Exit les stilettos des catwalk pour faire du pied aux machos ! Après ça , on ne pourra plus dire, comme Forrest Gump , que " La vie, c'est comme une boite de chocolats. On ne sait jamais sur quoi on va tomber." Non. Vous l'aurez compris, la vie , ce n'est pas UNE, mais DES boites de chaussures. On ne sait jamais sur quoi on va tomber. Alors , le mieux , c'est de les retirer . Pour éviter de se faire mal aux pieds.
Inscription à :
Articles (Atom)