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samedi 29 mars 2014



Tout le monde n'a pas la chance de s'appeler Pygmalion . Non seulement le sculpteur virtuose est-il parvenu à façonner , de ses propres mains , la statue incarnant son idéal féminin ,  mais il a aussi eu l'immense privilège de jouir de la haute considération de Vénus , qui, une fois n'est pas coutume,  a bien voulu jouer les bonnes fées .  La déesse ne lui a-t-elle pas accordé l'insigne faveur de métamorphoser l'ivoire en chair , une fois conçue la Galatée de ses rêves  ? Quel humain n'a pas rêvé de voir un jour prendre corps la créature de ses fantasmes ...

C'est surtout au XIXe  siècle que l'on observe la résurgence du mythe dans un certain nombre d'œuvres littéraires entre  autres  .  Le ballet Coppélia , inspiré d'un conte fantastique d'Hoffmann ,  retrace l'obstination folle du Dr Coppélius à vouloir insuffler vie à une automate de sa composition . L'obsession , qui l'habite , d'extraire  l'étincelle vitale d'un humain pour la transférer à sa poupée , le conduira à mettre au point un stratagème diabolique : Appâter le jeune Frantz ,  qui se pâme d'amour pour "la fille aux yeux d'émail"  et dont il ne soupçonne pas l'inappartenance au monde humain . Désireux de lier connaissance avec Coppélia, le jeune homme s'introduit dans le logis du savant fou  et n'en  ressort vivant que grâce à  l'intervention providentielle de sa fiancée Swanilda .

Au  XXIe siècle ,  ce sont les inventeurs les plus hardis de la Silicon Valley qui ont décidé d'exaucer le vœu prioritaire de toutes les wish lists : la conception DU ou de LA partenaire idéal(e). Au fil du temps l'on s'est bien rendu compte qu'il est vain d attendre l'homme ou la femme de sa vie. Soit l'on tombe sur un corps bien fait et une cervelle mal faite , soit le contraire . Alors , on s' est fait une raison . Plutôt que de se tourner vers la religion, on a placé sa foi dans les innovations technologiques . En misant sur le numérique, on a eu tout bon !

Ainsi , la réalité virtuelle , terrain d'élection d'amateurs de sensations extrêmes , est-elle aussi devenue le giron des romantiques exacerbés ou des libertins patentés. Grâce à un casque  High Tech équipé  de capteurs  ,  il est maintenant possible de s'immerger dans le monde parallèle de notre choix . L'on n'aura plus besoin de perdre son temps sur des sites de rencontre à la recherche de l'âme sœur . Il suffira de configurer le casque du futur pour que se matérialise , sous nos yeux, le compagnon ou la compagne de nos rêves . Fini le temps des couples en crise ! Voici venir le temps des rires et des chants . Dans cette île enchantée , ce sera toujours le printemps !

Pour les messieurs plus tactiles et moins portés sur l'interaction virtuelle , l'importation des Love Dolls made in Japan demeure la meilleure option .  II  n'y a qu'à voir comment les Nippons passent du bon temps auprès de ces plantureuses poupées de silicone à taille humaine , substitut idéal pour assouvir leurs fantasmes les plus coquins .  Il faut dire que l'on peut choisir non seulement leurs mensurations , mais aussi la forme de leur visage , leurs cheveux et , bien-sûr, leur habillement . De la collégienne en socquettes à la vamp ravageuse , l'éventail est large. On est loin de la poupée gonflable qui , dans le feu de l'action, risque de vous éclater entre les mains . La Love Doll a une durée de vie illimitée , de sorte que l'on peut même la léguer à ses héritiers en cas de départ précipité vers l'au-delà .

Enfin , pour les irréductibles , ceux qui sont réfractaires aux avancées technologiques et qui n'ont pas envie de jouer à la poupée , reste le rêve . C'est le plus sûr moyen de ne jamais être déçu . À quoi bon solliciter le secours des autres quand on a , à sa disposition,  la machine la plus puissante qui soit sur terre : l'imagination . Inutile d'invoquer dieux et déesses. La divinité, c'est votre esprit. Il vous connait par coeur et saura repétrir , tel Pygmalion, le visage de l'être aimé que vous avez croisé , un soir de mai, sur le sentier de votre vie , et qui restera à jamais gravé dans votre mémoire, cathédrale du souvenir,  comme le mot Ananké jadis inscrit  dans la pierre d'une sombre tour de Notre-Dame.


mardi 25 mars 2014

En attribuant à Dibutade l'invention du dessin , la légende origine la représentation iconographique dans un acte d'amour . C'est en voulant garder présente à son esprit l'image de son bien-aimé que la jeune Corinthienne en aurait esquissé  les contours sur un mur à partir de l'ombre portée du jeune homme . C'est donc la capture graphique de l'altérité qui a été le primum mobile de l'acte inaugurant la théorie de la représentation  . Dans le cas de Dibutade , l' altérité revêtait les traits de l'être aimé . Pour d'autres artistes , qu'ils soient peintres ou sculpteurs , elle allait arborer ceux de l'être vénéré ( dieu ou déesse ), craint ( monarque ou potentat ) ou , moins glorieusement  ,  fortuné ( riche notable ).

Mais si l'altérité fut l'objet privilégié de la représentation bidimensionnelle , elle n'en fut certes pas le seul   . Que ce soit Dürer , Rembrandt ,Chardin, et plus récemment Schiele ou   Bacon  , l'artiste , en tant que sujet , s'est aussi constitué comme objet propre de la représentation . La toile s' est fait miroir , mais miroir déformant. Il n'était aucunement question ,pour eux, de se livrer à une entreprise narcissique de glorification de l'ego. En s'anamorphosant, le sujet donnait plus à voir une  intériorité  souvent torturée et grimaçante,  qu'une extériorité souvent lisse  et apaisante. Il s'agissait moins de faire preuve d'un réalisme optique que d'un réalisme psychique.

Avec l'invention de la photographie , un grand pas en avant a été fait  . Non seulement le portrait a connu une consécration indubitable , mais l'autoportrait a aussi bénéficié d' un engouement sans précédent . Le tout premier autoportrait photographique vit d ailleurs le jour en 1840, soit une année après l'invention du daguerréotype . Il s'agissait d'une mise en scène loufoque d'un certain Hippolyte Bayard , autre pionnier qui s'était distingué par l'invention d un procédé malheureusement passé sous silence , car concurrencé par celui mis au point par Daguerre. Avec un sens de l'humour consommé, l'inventeur s'était  représenté en noyé, et avait légendé son cliché de la façon suivante " Oh ! instabilité des choses humaines ! Les artistes, les savants, les journaux se sont occupés de lui depuis longtemps et aujourd'hui qu'il y a plusieurs jours qu'il est exposé à la morgue, personne ne l'a encore reconnu ni réclamé. "

Monsieur Bayard serait fortement impressionné de constater à quel point son goût pour la mise en scène  a fait d'émules parmi nos contemporains . Avec la prolifération anarchique des smartphones , nous sommes tous devenus des chevaliers Bayard de la photographie. Le selfie , version moderne de l'autoportrait que l'on met en ligne sur les réseaux sociaux , se décline sous les formes les plus insolites . Censé , à ses débuts , représenter le visage du photographe en herbe tenant son  smartphone à bout de bras, le selfie  a , depuis , pris pour cible de choix des parcelles de l'anatomie jusqu'alors réservées à l'intimité .  La duckface grotesque ( bouche en cul de poule , pour ceux qui ne comprendraient pas ) s'est vu supplanter par des parties du corps jusque-là frappées de tabou . Ainsi le legsie ( photographie des jambes )  a dû battre en retraite devant le belfie ( photographie du postérieur ) . Certain(e)s vont même jusqu'à combiner legsie et belfie dans des mises en scène sportives très sophistiquées . Sans commentaire ...

On peut s'attendre au pire pour les mois à venir . Ne nous étonnons plus si l'industrie pornographique connaît un rapide déclin . La mise en ligne de selfies suggestifs  gratuits  ne peut que lui porter ombrage . Avec le selfie , tous les verrous sautent . On se croit tout permis . Sur des réseaux sociaux, on montre tout , n'importe où et à n'importe qui . On assiste au sacre de la femme décomplexée et exhibitionniste, à moins que ce ne soit plutôt celui de la femme décérébrée et  désillusionnée . Au fond , le selfie , n'est il pas un moyen comme un autre de tenter  de se rassurer et de reconquérir le sentiment d'exister au sein d une humanité désespérée ?

mercredi 19 mars 2014



Trouver "chaussure" à son pied n'est pas chose aisée et relève parfois du parcours du combattant . Il nous arrive souvent de piétiner sur place , voire même de trépigner . Car ce n'est pas tout de trouver la bonne pointure . Il faut aussi que "la chaussure" soit à notre goût .  Pour couvrir la distance entre ce qui " nous va " et ce qui " nous va bien ", il est parfois nécessaire de chausser des bottes de sept lieues . Car ce qui correspond à nos mensurations socio-economico-culturelles n'est pas toujours ce qui répond à nos aspirations psychiques les plus profondes . Plus que dans tout autre domaine, notre subjectivité entre en ligne de compte.

  Peu d'entre nous semblent avoir conscience que c'est le regard que nous portons sur la vie qui  préside au choix de notre partenaire . Pour certaines, il importe, avant tout, de trouver  un  compagnon qui tienne la route , car elles pressentent que le chemin à parcourir sera une trajectoire longue et sinueuse . En préférant de prosaïques  godillots à de vertigineux stilettos , elles privilégient la sécurité aux dépens du risque , les randonnées paisibles aux expéditions à rebondissements .

 Pour d'autres, le primat est accordé à l'originalité , indissociable d'un certain esprit de liberté .Ce sont les aventurières , celles qui n'ont pas peur des traversées en haute mer . Ce n'est pas un compagnon qu'elles veulent prendre au lasso pour le regarder trottiner dans leur pré carré , mais un flibustier pilleur de cœurs qui leur fera respirer à pleins poumons l'air du grand large, et leur fera découvrir des terres inexplorées.

La troisième catégorie regroupe celles qui préfèrent marcher pieds nus . Elles ont testé godillots ou stilettos par le passé. La randonnée leur a donné de la corne au pied , et les traversées en mer , la nausée . Alors elles préfèrent s'en passer et emprunter des sentiers balisés , pour éviter de se blesser,  et voir la vie du bon côté . Qui pourrait les en blâmer ?  Vouloir être solitaire , n'est ce pas faire preuve de caractère ?

D'ailleurs , un jour ou l'autre , les accros du godillot ,comme les pros du stiletto, en viennent à la même conclusion : il y a quelque chose de pourri au royaume des damnées marques. Les hommes passent si souvent de mode.  Alors elles se tournent vers un modèle d'un tout autre genre  : la pantoufle . Pas celle de vair. Pour croire à Cendrillon et à la métamorphose d'un potiron, il faudrait vraiment ne plus tourner rond. Ce qu'elles reluquent avec envie , c'est ce modèle intemporel , indémodable et inusable : la charentaise !

Ce chausson de pure laine, pur produit du Grand Siècle,  est l'embarcation favorite des femmes du vieux monde , qui ne la quitteront plus que pour  prendre place sur la barque de Charon, pour leur ultime voyage vers un nouveau monde . Finis les godillots patauds  pour courir après les pèquenots! Exit les stilettos des catwalk pour faire du pied aux machos ! Après ça , on ne pourra plus dire, comme Forrest Gump , que " La vie, c'est comme  une boite de chocolats. On ne sait jamais sur quoi on va tomber." Non. Vous l'aurez compris, la vie , ce n'est pas UNE, mais DES boites de chaussures. On ne sait jamais  sur quoi on va tomber. Alors , le mieux , c'est de les retirer . Pour éviter de se faire mal aux pieds.

dimanche 16 mars 2014


De tous les maux dont la nature accable le beau sexe , la pilosité est le plus honni . On lui livre une guerre sans merci.  Rasoir , crème dépilatoire ,  cire ou laser , tous les moyens sont mis en œuvre  pour l'éradiquer.  Aucune zone de l'épiderme n'est épargnée , de la plus cachée à la plus  exposée . Le poil est pourchassé et l'on ne fait pas de quartier!

Même certains représentants du sexe opposé ont été acquis à la cause . Ils ont compris que pilosité ne rimait  pas forcément avec virilité .  Et l'on ne va pas s'en plaindre . Il est certes plus plaisant de voir trottiner , sur un tapis de course , un athlète à la peau  huilée , qu'un bonobo cloné  . Entre l'homme de Vitruve et l'homme des cavernes ,  il n' y a pas à hésiter .

Sauf qu'une nouvelle peuplade a décidé de prendre le contrepied et de crier haro sur la peau glabre .   Les apôtres du corps lisse se sont donc  vus concurrencer par les chantres du "tout poil".  Ces übersexuels ont fait du port de la barbe leur cheval de bataille . Certains dépensent des sommes colossales pour des implants pileux , rendant le commerce du poil plus que florissant .

La bonne nouvelle , c'est que cette manie naissante a engendré un tourisme d'un tout autre genre . Des cliniques à bas prix appâtent les dignes descendants des muscadins thermidoriens. Le tout est de ne pas se tromper de  destination. En Turquie , c'est l'implant de la moustache qui fait rage. Fine ou bien fournie, il ne faut pas se tromper , car elle en dit long sur l'appartenance politique de celui qui l'arbore . Au Maroc, ce sont les greffes capillaires qui sont à l'honneur. Il n'est plus rare , à Marrakech , de rencontrer des colonies de crânes chauves aux abords de la  place Jemaa-el-Fna.

Fort heureusement,   nous , les femmes , ne sommes  pas affligées de ce dernier fléau . Du coup , cela permet aux pseudo célébrités  de se démarquer de leurs congénères d'une façon moins conventionnelle . Elles n'ont qu à se raser la tête. À défaut d'être beau , le geste attire les badauds et charme les beaufs. Une autre astuce pour alimenter les ragots est de s'orner la face de sourcils à la Frida Kahlo . Histoire de faire plus bobo.

Comme quoi , poils ou cheveux peuvent parfois  servir les différents intérêts des bienheureux  de ce monde . Instrument de séduction ou de rébellion, la pilosité  est tour à tour courtisée ou vouée aux gémonies . Après les Métro sexuels , dont la trichotillomanie n'est plus à prouver  , voici la génération spontanée des  übersexuels  . À cette allure , Je crains que le bonobo , que je décriais tant , ne bénéficie bientôt d'un retour en grâce . Après tout, ne dit-on pas que l'homme descend du singe?

mercredi 12 mars 2014





Inconstance , quand tu nous tiens ! Que l'on soit femme ou homme ,  nous sommes tous , à des degrés divers ,  tentés par le démon du changement . Et à vrai dire , qui peut nous en blâmer ? La mutabilité est inscrite dans nos gènes . Ne serait-ce que biologiquement . Notre corps se transforme , bon gré mal gré , au fil de notre vie . Les avancées de la science nous permettent même , maintenant , de le modifier  au gré de nos envies.

Prenons l'exemple des femmes .Il leur suffit d'un coup de scalpel  pour que les hypotrophies mammaires soient converties en hypertrophies . Idem pour les postérieurs . Quitte à ressembler à Vénus , autant ressembler à une Vénus  callipyge. Certes la tâche est moins aisée si l'on veut rivaliser avec Minerve . Curieusement , les chirurgiens n'ont jamais cherché  à mettre au point d'  implants neuronaux . On les comprend . Imaginez la tête des hommes si des hordes de femmes pourvues d'un  QI hors-norme , en plus de seins énormes , déferlaient dans leur vie. Ils en perdraient la tête .

Parlons-en, de la tête . De toutes les parties du corps , c'est celle qui nous donne le plus de fil à retordre . Faire la tête , se prendre la tête , avoir la grosse tête  , tout est bon pour l'invoquer , moins pour le meilleur que pour le pire . Alors il est compréhensible qu'on veuille en changer , de tête . Façon de parler , car , quoi qu 'on fasse , elle reste bien sur nos épaules , et ce n'est pas plus mal. La décollation , certaines l'ont testée en des temps troublés ; bien malgré elles . Elles n'en sont jamais revenues ...

Le changement auquel je fais référence ici ne s'opère qu'aux mains de spécialistes . Leur outil n'est pas un couperet  , mais une paire de ciseaux . Et leur matériau , la fibre capillaire . Quand rien ne va plus dans notre vie, c'est bien connu,  nous en imputons  la cause à notre chevelure. Normal qu'on n'ait plus envie de sourire et qu'on fasse la tête à tout le monde. Il n'y a qu'à voir notre tête. Même notre miroir se lasse de nous renvoyer la même image. Alors on opte pour la solution de la dernière chance. On se dit que contrairement à Samson, notre force ne nous vient pas de la longueur mais de la coupe de nos cheveux. Alors on coupe, on ratiboise, on tond , pour les plus audacieuses. Et on se sent mieux. On sourit à nouveau à la vie.

Mais on se rend vite compte que le mal est plus profond, et que changer de coiffure  n'est qu'un pis aller . Alors on fait des coupes plus claires . On se dit qu'on a qu'une vie et qu'on aurait tort de la gaspiller avec des gens qui n'en valent pas la peine. Alors on coupe les ponts avec certains, pour en établir avec d'autres. Puis on change d'alimentation , parfois d'habitation. Pour les plus téméraires, on change de profession . Et puis on se rend compte que ça ne va toujours pas comme on veut . Alors on se tourne vers la méditation . Si ça ne suffit pas , on change de religion. Mais au bout du compte  , rien n'a changé . La terre ne s'arrête pas de tourner , et nous , on a la tête qui tourne .

Alors on ne se prend plus la tête . On finit par se poser , et cesser de se poser des questions . On devient philosophe . Changer pour qui ? Changer pour quoi ? On comprend,  qu' après tout , il y a toujours une Minerve qui sommeille en nous .Au diable les implants !On comprend que la vie se charge elle-même de nous changer sans qu'on ait besoin de faire quoi que ce soit pour cela . Et on se met à attendre . On ne sait pas vraiment qui . On ne sait pas vraiment quoi . Mais on est sûr d une chose , c'est qu'à un moment ou à un autre , on le vivra, ce grand changement. Et  comme le plongeur de  Paestum , on fera le grand saut pour  entrer dans un monde gouverné par l'immutabilité  et le silence .

dimanche 9 mars 2014


"O rage ! O désespoir ! O vieillesse ennemie ! ", c'est le refrain que, toutes, nous entonnons quand notre miroir , jusque-là allié fidèle dans notre combat contre les dissonances esthétiques , passe subitement dans le camp adverse . De ce jour-là, nous nous en souvenons toutes . Et notre consternation est aussi grande que celle ressentie par la méchante reine quand elle apprend que Blanche-Neige est plus belle qu'elle . Que le héraut de notre beauté ose nous trahir  et nous renvoyer le reflet de l'aube de notre décrépitude, cela ne s'oublie pas . La première ride ! Autant dire que notre ego subit un choc sismique . La vieillesse grimaçante, traîtresse parmi les traîtresses , se serait donc invitée à la table des réjouissances  pour nous narguer ouvertement ? Qu'à cela ne tienne! Il en faut plus pour nous abattre .

Le premier réflexe est de partager son émoi avec d'autres que soi , en espérant être consolée et conseillée par la bonne copine , celle qui fait toujours semblant de compatir à nos histoires de cœur et qui nous rappelle , avec raison, que les hommes ne savent pas ce qu'ils perdent quand ils vont voir ailleurs . Seulement , voilà... Un homme de perdu , c'est beaucoup moins important qu'une ride apparue . Et puis, la bonne copine, on ne sait pas si elle va tenir sa langue . Et un problème aussi grave que la dégénérescence cutanée , cela ne s'aborde pas à la légère . Alors on préfère garder le secret pour soi. On se palpe le visage , on scrute la moindre parcelle de l'épiderme en essayant de débusquer un dégât collatéral. Et on  fulmine contre cette ride intempestive qui nous fait soudainement perdre le sommeil et nous poser des questions existentielles . Quelle est cette ride ? D'où vient cette ride ? Où va cette ride ?


Dès lors commence notre quête fébrile du remède miracle pour piéger la hideuse ennemie. Magazines féminins , émissions télévisuelles , publications électroniques , tout y passe . La traque à l'élixir de jouvence ne fait que commencer . Les conseillères beauté se parent soudain  d'une aura inégalable . On boit leurs paroles comme on sirote un nectar. Avec délectation. Elles susurrent à notre oreille les bienfaits d'un produit censé réhydrater , nourrir, redensifier , repulper et raffermir notre peau malmenée par le temps . On s'étonne qu'elles n'aient besoin que d'un simple regard pour diagnostiquer nos carences cutanées et délivrer un diagnostic aussi pointu . Mais on leur fait confiance. Elles sont notre seule planche de salut.

 On découvre aussi un jargon inconnu , une évocation traumatisante des périls à venir qui nous fait frémir et blêmir . Ne voilà t' il pas que plane sur nous la menace des pattes d'oie et de la ride du lion ? Pourquoi , diantre , fallait-il que Le roi des animaux soit associé à notre déclin ? Passe encore le palmipède , qui , soit dit en passant , se venge comme il peut du gavage que lui font subir certains éleveurs , mais que le majestueux mammifère à la crinière opulente ricane à nos dépens , c'en est trop! Que dire des expressions imagées de la "vallée des larmes " ou des " plis d'amertume"! Elles parlent d'elles-mêmes . Quant au " sillon nasogénien " , laissez- moi vous dire qu'il mériterait une autre dénomination . Notre peau si délicate , labourée comme un champ de betteraves ? Un peu de poésie , de grâce ! Comment voulez- vous , après cela , que la vieillesse soit accueillie à bras ouverts!

 On dit qu'elle rime avec sagesse , mais cela est loin d'être le cas pour tout le monde . Il n'y a qu'à observer le comportement de certaines de nos congénères , qui accordent , à tort ou à raison  , peu de crédit au discours sirupeux des pourvoyeuses de crèmes et onguents miraculeux . Quitte à ressembler à un animal, elles préfèrent  opter pour les souris de laboratoire , et se laisser piquer et inciser par les mains de praticiens âpres au gain . Elles n'ont peur de rien . Sauf de la ride . Pour s en débarrasser , elles sont prêtes à déshériter leurs rejetons . Même celles qui ont un pied dans la tombe en usent et en abusent . Peut-être espèrent-elles retarder leur dernière heure  en faisant croire au Tout-Puissant qu'elles sont moins mûres qu'il n'y paraît ?

Dieu me préserve d'appartenir à cette catégorie-là. D'abord parce que j'aime trop ma fille pour la déshériter , ensuite parce que jouer avec l'acide hyaluronique ou botulique ne me tente  guère . Quant au bistouri , je  suis décidément trop douillette .  Alors je préfère observer l'écoulement des saisons , écrire des billets doux à l'élu de mon cœur , et me souvenir que mon miroir reflète moins la beauté de mon visage que celle de mon âme . Je serai ainsi sûre qu'au jour de mon trépas , les anges m'accueilleront à  bras ouverts , avec ou sans rides .

jeudi 6 mars 2014

Ah! Si l'on devait réécrire les contes des mille et une nuits , Ali Baba serait bien en peine de pénétrer dans la fameuse grotte des quarante voleurs . Ces derniers auraient pris soin d'en protéger l'accès par une formule magique bien plus cryptique que la sempiternelle " Sésame , ouvre toi !". Ne serait-ce que parce que le nom de cette graine est dans toutes les bouches depuis la découverte de ses vertus multiples , et qu'elle est accommodée à toutes les sauces dans les recettes de cuisine diététique...Pour faire main basse sur les trésors de la caverne miraculeuse , il faudrait donc se lever tôt et ne pas avoir peur de se coucher tard car , à moins de posséder des dons divinatoires , la détermination de la combinaison secrète relèverait du domaine de l'impossible .

Pas besoin d'aller en Perse , d'ailleurs , pour prendre la mesure  de la subtile sophistication que l'élaboration d'un mot de passe requiert . Comme si nous n'en avions pas assez de mémoriser le code de notre carte bancaire , ou celui , non moins vital, du portail de notre immeuble, notre mémoire est mise à contribution pour assimiler de nouveaux mots de passe chaque fois que l'envie nous en prend de naviguer sur la Toile . Et, bien évidemment,  la sobriété n'a pas droit de cité . Il faut faire preuve d'inventivité et surtout persévérer afin que le password créé soit finalement agréé par le haut conseil de sécurité , sous peine de devoir recommencer . Que l'on soit membre d'un réseau social , client d'un e-commerce , participant d'un jeu en ligne ou d'un forum, il nous faut sans cesse montrer patte blanche sous peine d' être privé du droit d'entrée dans la vaste communauté virtuelle. Et à chaque site visité correspond un identifiant assorti d'un mot de passe bien particulier . Autant dire qu'une faille de notre mémoire peut nous être fatale .

Heureusement, pour nous éviter certains affres et récupérer le fameux sésame, notre adresse électronique nous offre un refuge imparable . Grâce à elle , nous pouvons nous autoriser certains oublis . Elle est un peu le Shazam de Captain Marvel: comme pour le super-héros, elle nous dote de pouvoirs prodigieux , mais il arrive malheureusement que nous n'en ayons pas toujours la maîtrise . Les portes qu'elle nous ouvre ont parfois bien du mal à se refermer .  Et on a beau invoquer le  Génie de la lampe d'Aladin , rien ne parvient à  endiguer le flot incessant de courrier indésirable qui inonde notre messagerie . Quoi qu'il en soit, sans son précieux secours , nous serions bien obligés de battre en retraite , car elle tient le rôle de sentinelle dans la forteresse de mots de passe qui assurent la sécurité de nos pérégrinations virtuelles.

Sécurité, enfin , si l'on veut... Car mot de passe ou pas , certains bandits n'y vont pas par quatre chemins : ils se font un plaisir d' entrer par effraction dans notre caverne d'Ali Baba , soit pour y dévaliser notre compte en banque , soit pour y espionner notre intimité . Vol ou viol , le crime demeure trop souvent impuni , d'autant que les brigands agissent toujours  à distance et sans éveiller la moindre méfiance . De vrais prestidigitateurs ! Ni chapeau ni lapin. Abracadabra! il leur suffit d'un clic de souris  pour que tous nos avoirs se volatilisent  sans laisser aucune trace .

Comme quoi les mots de passe , ça ne résiste pas aux tours de passe passe . Alors à quoi bon passer son temps à en changer constamment ? D'autant qu'au sein de la compagnie des caractères alphanumériques , il y a de quoi faire . Surtout depuis que les majuscules viennent d'entrer dans la danse et font un pied de nez aux minuscules qui, auparavant, menaient la ronde . Le pire est à craindre . Faisons un signe de croix en espérant que les diacritiques souscrits et suscrits soient proscrits de cette cavalcade infernale . Quant à la ponctuation, si elle s'y met aussi , nous voilà bons pour Charenton ! Il ne nous restera plus qu'à nous empiffrer  de graines de sésame pour fortifier notre mémoire et à crier "Ô Shazam, Ô désespoir" ...



vendredi 28 février 2014

Les préjugés ont la vie dure. Il faut , quelquefois, faire fi de la doxa et se lancer dans l'action pour que finalement les écailles nous tombent des yeux . Moi, par exemple , il a fallu que je me jette à l'eau , au sens propre et figuré, pour qu'enfin soit réhabilitée, à mes yeux, cette activité sportive que l'on nomme communément aquagym. Bien trop souvent , la réputation de cette pratique est ternie par les images véhiculées par les médias . Surtout par l'un des accessoires supposés lui être intimement lié : la frite ! Non pas le bâtonnet de pomme de terre cuit dans l'huile bouillante , mais l'instrument en mousse cylindrique réputé insubmersible . Oui, la frite , par sa forme grotesque et sa longueur démesurée ,  nuit gravement à l'image que le non-initié peut se faire de cette discipline sportive . Cette dernière souffre , en outre , d'un second préjugé tout aussi regrettable : elle n'attirerait qu'un public d'une tranche d'âge plutôt élevée  ...

Faux et archi-faux ! Tout d'abord parce que l'objet flottant aux couleurs variées ne constitue nullement le support indispensable  à l'exercice de cette activité . Il peut ne pas être utilisé du tout s'il ne s'inscrit pas dans le projet pédagogique du maître-nageur . Ensuite parce que les adeptes, pour l'essentiel féminines,  de cette pratique, sont de tout âge et de tout horizon , pourvu qu'elles ne soient pas sujettes à des crises d'aquaphobie . Ce dont on ne parle jamais et qui devrait accroître le prestige des aquagymnastes, c'est le défi qu'elles relèvent chaque fois qu'elles s'immergent dans une eau dont la température est loin d'avoisiner celle des mers tropicales . Il faut être , en effet , fort courageuse en plein hiver, pour oser affronter , non pas vents et marées , mais l'élément aqueux fortement chloré dont le contact glacial hérisse le poil sans parler du sourcil . De deux choses l'une: soit, par souci d'économie,  les gérants de clubs ont décidé de serrer les cordons de la bourse en chauffant moins l'eau des bassins , soit , animés  par un soudain altruisme,  ils ont estimé que la chaleur était néfaste à la fermeté du tissu épidermique .


Quoi qu'il en soit , ce n'est pas la faible étendue du maillot de bain  "une pièce" qui peut préserver le corps de l'inévitable choc thermique , une fois franchie l'étape du pédiluve et de la douche préliminaire . Car il est certaines contraintes auxquelles  l'on ne saurait se soustraire , sous peine d'encourir la désapprobation générale . Le port du bonnet en est une  . Enfin, du couvre-chef , devrait-on dire . Car s'il est interdit à la chevelure d'entrer en contact avec l'eau , hygiène oblige , toutes les fantaisies sont permises du moment que la masse capillaire demeure cachée à la vue . De la charlotte peu seyante à la surchaussure peu attrayante  , tout y passe . Les plus élégantes , dont j'ai la faiblesse de faire partie , ont opté par un bonnet en lycra bicolore agrémenté d'un camélia sur le côté . Histoire de faire flotter sur l'onde bleutée l'ombre de Coco et du style art déco .

Mais gare à celles qui pensent que leur  coquetterie leur épargnera de fournir certains  efforts . Le maître-nageur veille à instaurer une cadence soutenue , et la discipline est de rigueur . Il encadre son escadron de nageuses avec une énergie redoutable : montée de genoux, sauts groupés, enchaînements talons -fesses, torsions du bassin, rotations à 360 degrés,  battements de jambes , pieds en flexion puis en extension, moulinets de bras , chaque membre est sollicité avec intensité . Et un savant dosage entre l'amplitude des mouvements et leur fréquence s'impose. Il faut dire que l'éventail est large entre les activités proposées . Aqua slim, Aqua crunch,  aqua running, Aqua fitness, Aqua punching, aquacycling , Aqua palming,  et même Aqua Zumba, il y en a pour tous les goûts !

Vous comprendrez , qu'après 45 minutes de gesticulations effrénées sur les rythmes endiablés  de techno trance ( au cas où l'on aurait une subite envie de piquer de la tête ), point d'électrocardiogramme plat ! Les aquagymnastes ne manquent pas d'avoir la frite ! Et pas besoin de l'avoir sous les bras pour faciliter le travail des sacrosaints abdos !  Les irréductibles que nous sommes sont prêtes à avaler la tasse plutôt que d'être taxées de mauviettes . C'est que nous avons une haute idée de nous-mêmes . Interdiction de nous apitoyer sur notre sort! Il va sans dire que les grimaces sont proscrites. Alors , de grâce , bannissons à jamais de l'inconscient collectif cette image dégradante de l'objet oblong  en mousse auquel s'agrippent des flopées de ménopausées ! Et rendons , une fois pour toutes , à la gymnastique aquatique , ses lettres de noblesse! Elle en a bien besoin.

mardi 25 février 2014

On croit souvent à tort que le virtuel , par son aspect immatériel, est le paradis sur terre , une version ouatée du monde réel où l'on côtoie des anges et qui nous préserve des accrocs de la vie. C'est oublier trop vite que les anges en question ne sont que trop humains , et qu' en leur sein se cache une catégorie non négligeable de désaxés , escrocs en tout genre et pervers de tout poil. D'une part, parce que , en dehors de l'usage purement professionnel que l'on peut faire d'internet, il est assez rare de ne pas avancer masqué. L'internaute fait sienne la devise de Descartes " larvatus  prodeo" , et dissimule son identité sous autant de pseudos qu'il lui chaut . D'autre part, parce que la Toile , de par son étendue insondable, est un terrain de jeu idéal  pour les  esprits malins , dans les deux sens du terme, désireux de jouer des tours aux plus naïfs d'entre nous . Du script kiddie au hacker professionnel ,  les pirates sont légion.

Il en découle que ce paradis artificiel devient vite un enfer si l'on ne s'entoure pas des précautions nécessaires . Il faut être inconscient , en effet , pour ne pas s'armer d'un pare-feu , bouclier indispensable pour lutter contre les intrusions malveillantes . Sans lui,  les cyber-attaques peuvent être fatales . On frémit rien qu'à songer aux menaces qui planent sur nos chères données . Virus, ver, cheval de Troie ou bombe logique , le hacker ne recule devant rien . Dans le royaume des ondes électroniques ,  on assiste à une  guerre bactériologique  d'une ampleur inégalée .  Si vous n'y prenez pas garde , votre ordinateur se transforme en " machine zombie ", pilotée par un pirate de haut vol envoyant à vos contacts des messages allant du plus vénal au plus obscène . Les plus crédules , quant à eux , font les frais du phishing , en accordant leur confiance à des sites clones créés dans le seul but de s'approprier leurs informations bancaires .

Cet espionnage électronique est d'ailleurs une manne pour les  époux trompés. Plus besoin de recruter de détectives pour prendre en filature un conjoint suspecté du délit d'adultère , ou de soumettre l'infidèle au test du polygraphe . Toute l'astuce réside dans le décryptage du mot de passe de la messagerie , pièce maîtresse sur l'échiquier de la vérité . Or les trois questions secrètes censées monter la garde, comme le tricéphale Cerbère , à l'entrée du Panthéon  de vos confessions , n'ont  aucun secret pour qui partage votre vie. La faute en est aux analystes-programmeurs qui font hélas preuve, en cette occasion,  d'un manque cruel d'anticipation . Il faut être amnésique pour ne pas se souvenir du nom de votre animal préféré  ou de la ville où vous êtes né(e)...

Autre danger , et non des moindres, le pillage éhonté des images auxquels se livrent des internautes peu scrupuleux. La tentation est grande , pour certaines d'entre nous , d'exposer leurs  appâts sur les réseaux sociaux , histoire de faire grimper leur cote de popularité . Mais quelle n'est pas leur stupeur quand elles apprennent , un jour ,  qu'elles figurent sur certains sites dits spécialisés, attisant la lubricité de mâles en mal d'activité sexuelle. De starlette à porn star, elles font le grand écart . Une gloire dont elles se seraient probablement passé...

Il est un autre fléau dont on se passerait volontiers  avec délices , même s'il est moins nocif que les précédents . L'envoi de spams! Quand on connaît l'origine du mot (marque de corned beef en conserve ) , on comprend mieux pourquoi ce mets peu ragoûtant nous reste sur l'estomac . Ce pourriel publicitaire nous pourrit bien la vie à nous , les femmes , surtout lorsqu'il affiche un sexisme non politiquement correct tant il vise essentiellement un public masculin . Car a -t-on décidément besoin de Viagra? Ressentons-nous  l'envie  de tchatter avec des créatures dénudées via webcam? Encore un champ d'action où les Femen feraient bien de s'illustrer ...

Moi qui vous parle , je fus victime récemment  , ainsi que des millions d'autres blogueurs , d'un bug sans précédent dont la virulence a engendré une semaine de nuits blanches dans la communauté informatique Google . La cause de cette panique généralisée fut l'ajout d'un widget à l'allure angélique , mais possédant une force de frappe égale à celle d une arme de destruction massive . Imaginez le désarroi de millions de Geeks privés du droit d'accès à leur blog, pestant dans toutes les langues contre ce virus qui leur faisait un pied de nez en ouvrant des fenêtres pop-up en cascade. De quoi perdre son sang-froid ! Cela a eu ,au moins, le mérite de me dissuader de jouer les apprenties sorcières à l'avenir, et de contempler les effets dévastateurs du virtuel dans le réel .  Rien ne sert de bloguer, il faut sauvegarder à point !

vendredi 14 février 2014

Quand s'ouvre , à notre naissance , le livre de notre vie , on ne sait jamais combien de pages blanches l'on aura à noircir à l'encre de notre expérience.  Certains d'entre nous n'auront que quelques  chapitres à inscrire dans l'ouvrage de leur existence. Ainsi en aura décidé le Tout-Puissant. D'autres jouiront du  droit de conter leur histoire en plusieurs volumes  , d'en raturer ou même d'en déchirer les pages , afin d'en faire bénéficier leur descendance .Plus rares sont ceux  qui auront le privilège de composer leur vie comme un poème . Ce sont les artistes  . Ce n'est pas de la prose qu'ils nous proposent , mais des vers aux rimes croisées ou embrassées qui embrasent notre âme.

Au sein de la communauté artistique, peintres  et  sculpteurs jouissent d'un statut à part.C'est dans la matière qu'ils impriment leurs désirs inconscients,  leurs obsessions, leurs pulsions de vie ou de mort . Par la couleur et la forme , ils nous  donnent à voir leur vision du monde . Libre à nous de la faire nôtre ou de la rejeter . Si leur oeuvre, de par sa matérialité,  perdure dans le temps, il n'en est pas de même pour celle des musiciens, comédiens ou danseurs . Artistes de l'éphémère par excellence , leur art est subordonné à une temporalité des plus restreintes : la durée de la représentation. Leur médium est le corps , leur patrie , la scène . Plus que tout autre artiste, ils n'ont pas droit à l'erreur. Une toile , une sculpture  peuvent  être détruites si elles ne sont  pas jugées satisfaisantes par leur créateur. Une représentation, non.

Pour notre plus grand bonheur , l'asservissement du spectacle artistique à des contraintes spatiotemporelles bien définies nous le rend encore plus intense.Car pour les véritables artistes, ce qui pourrait sembler une entrave n'est,en fait,que le tremplin indispensable à un dépassement de soi. Leur interprétation transcende l'espace et le temps en nous transportant dans des contrées imaginaires avec, pour terreau , une partition, un texte ou une chorégraphie .Plus que les plasticiens, ils font résonner en nous nos cordes les plus sensibles . Sans doute parce qu'ils utilisent un langage bien particulier . Celui de la musique: celle  des notes , des mots, mais aussi celle des corps . Car la danse ,en tant qu'art, ne se résume pas à un enchaînement  de mouvements mécaniques  sur une toile de fond sonore . Elle nécessite une totale fonte des corps dans le creuset de la musique pour que le miracle s'accomplisse .

Ce miracle , c'est l'émotion. C'est ce bouleversement de notre être qui nous submerge sans crier gare et nous régénère . Comme le surgissement du grand amour , éblouissant , violent , mais jamais destructeur . Comme la révélation fulgurante de la foi .Rares sont les danseuses  qui parviennent à ébranler les fondations de notre être pour nous faire savourer ces instants de grâce . Seules celles qui ont l'intelligence de détourner notre attention de leurs prouesses techniques y excellent.  Elles nous rappellent qu'il ne faut pas confondre  l'art du ballet avec l'art circassien . Trop de spectateurs , il est vrai, se comportent à Garnier comme au cirque: ils applaudissent des fouettés comme on applaudirait les figures d'un acrobate...

  Il serait grand temps de rendre grâce à ces ballerines exquises, ces divinités trop souvent oubliées dès que le rideau tombe . Comme les astres la nuit, elles illuminent notre parcours  et font reculer les ombres parfois tentées d'obscurcir notre vie. Mais à quel prix ! le profane l'ignore. Pour être disciple de Terpsichore, il faut se consacrer corps et âme à son art, au mépris de la douleur physique , et parfois même morale.  Quand on danse, on se doit d'être plus qu'humain, on doit tendre vers le divin. Afin de conjurer la mort , afin de laisser à la postérité le soin de continuer le livre de notre vie.

dimanche 9 février 2014


Il est certaines soirées , à l'Opéra Garnier,  destinées à  laisser une empreinte plus profonde que d'autres dans l'argile de la mémoire . Certes, la magnificence du lieu est déjà une promesse : le marbre de l'escalier d'apparat, les mosaïques des parterres, le bronze ciselé des torchères rassasient l'œil par leur raffinement . L'immensité du grand foyer , dont le parquet de miel contemple le ciel constellé de  fresques, comble notre désir latent de grands espaces , si difficile à satisfaire dans la jungle urbaine de notre quotidien. Nous nous laissons aller  à évoquer des bals grandioses , des crinolines tournoyantes et des chapeaux claques, jusqu'à ce qu'une sonnerie interrompe brusquement notre rêverie . Il est temps de regagner notre siège . Là, face à nous , un imposant rideau de velours dissimule la scène . Notre regard s'attarde sur les boiseries dorées des lyres avant de s'élever vers le lustre monumental , astre solaire éclipsant  le plafond de Chagall . Puis la lumière s estompe , et le silence gagne en intensité , rompu quelques instants plus tard par un crépitement d' applaudissements . Le chef d'orchestre fait son entrée et se hisse à la proue de son vaisseau de cuivres  , de cordes , de  bois et de percussions . Le spectacle peut commencer ...

D'emblée , les premiers accords nous donnent le ton de la soirée . Le rideau est à peine levé que l'on sait déjà si , oui ou non, notre cœur fera moisson d'émotions . Hier, comme tant  d'autres fois auparavant , j'avais pris place au premier rang , côté cour .  Pour ressentir,  au plus profond de mon être , les vibrations de l'orchestre lové , en contrebas, dans ce berceau en bois sombre injustement nommé "la fosse ". J' admirais la harpe solitaire,  qui dressait sa silhouette altière au-dessus d'une forêt d'archets , quand soudain les poumons de l'orchestre se gonflèrent et un vent slave balaya la salle d'une rafale . Un deuxième rideau de scène , où s'inscrivaient deux initiales monumentales , s'offrit à ma vue : E.O, Eugène Onéguine . Mais ce qui retint plus particulièrement mon attention, ce fut l'épigraphe en couronne encerclant les deux lettres :" Quand je n'ai pas d'honneur , il n'existe plus d'honneur ". L'honneur ! Tant d'hommes ont péri en son nom. Et tant de femmes l'ont perdu , en se donnant par amour à ceux qui ne les méritaient pas . Dans le poème de Pouchkine, un homme , Lenski, sacrifie sa vie pour sauver son honneur, et une femme , Tatiana, sacrifie son amour pour ne pas perdre le sien .

Comme un oiseau de mauvais augure , le mot fatal plane au dessus des destinées des personnages qui s'entrecroisent . La première scène du ballet nous plonge dans l'atmosphère champêtre de la campagne russe. Dans un jardin , la juvénile Tatiana  parcourt avidement des yeux un livre de maroquin rouge .  Trop absorbée par sa lecture, elle ne prend pas part aux amusements de sa sœur Olga et de ses compagnes . Sa robe de mousseline rose, agrémentée  d'un ruban de satin et brodée de pétales de fleurs , lui confère  fraîcheur et naïveté . L'amour, jusqu'à présent , ne l'a pas encore ébranlée . Elle ne connaît que celui peint dans le roman qui la captive. Mais le destin lui tend  subitement un miroir dans lequel se reflète le visage d'un bel inconnu.  Soudain son cœur se met à battre .Ce jeune aristocrate , c'est  Eugène Onéguine, ami de Lenski.

À la scène suivante, le décor change . Nous assistons aux premiers émois amoureux de la jeune fille rêveuse . Retirée dans sa chambre, elle  fait glisser fébrilement sa plume sur la lettre qu'elle destine à l'élu de son cœur . La musique de Tchaikovsky retranscrit bien l'aveu poignant de cette passion qui la bouleverse et la transfigure . Enhardie par son innocence,  elle joue le tout pour le tout . Elle ne connaît pas encore les artifices de la séduction que d'autres déploient pour prendre dans leurs rets leur proie. Puis elle s'endort . Une lumière bleutée vient baigner sa chambre , et nous entrons de plain-pied dans le royaume de ses songes .  Onéguine traverse un miroir pour venir la rejoindre , et la jeune fille , sans aucune retenue , laisse parler son corps dans un pas-de-deux passionné.

Si la tonalité du premier acte est empreinte de  légèreté  et d'espérance , celle du second nous plonge dans le cynisme et le drame. Tatiana voit ses espoirs déçus  quand Onéguine, drapé dans un mépris à peine déguisé, déchire la lettre qu'elle lui a fait parvenir et la lui tend . Son irritabilité est perceptible quand elle essaie de l'émouvoir par sa sensibilité dans une variation aérienne pleine de poésie . Le beau ténébreux , faisant fi de la morale , pousse l'audace jusqu'à séduire , dans une mazurka endiablée , la propre sœur de Tatiana , Olga , par ailleurs promise à Lenski. Ce dernier , blessé dans son amour- propre , provoque Onéguine en duel pour réparer l'outrage . Il y perd la vie.

Une ellipse temporelle de dix années nous sépare du dernier acte . Nous voilà à Saint-Petersbourg, dans le salon d'apparat du Prince Gremine. Tatiana , somptueusement vêtue de rouge , fait une apparition remarquée au sein des convives du bal . Elle possède l'assurance et la force tranquille du haut rang que son union à Gremine lui a apporté . Onéguine fait partie de l'assistance . Lui naguère si hautain et distant  semble en proie à un étrange tourment . La vue de Tatiana a réveillé en lui des sentiments qu'il croyait à jamais éteints . La passion le submerge et le conduit à écrire à la femme qu'il avait rejetée une lettre exaltée . Comme Tatiana dix ans plus tôt , il joue le tout pour le tout . Le face-à-face final nous donne à voir un pas-de-deux tumultueux, où les deux partenaires donnent libre cours à leur fougue jusque-là réprimée . L'impétuosité des portés nous fait chavirer de bonheur . Nous sommes envoutés par cette chorégraphie qui a su insuffler aux corps les élans brûlants de la passion.   Mais le destin à décrèté cette union impossible . Il est trop tard .Tatiana appartient à un autre . Au nom de l'honneur , elle congédie le seul homme qu'elle a jamais aimé. Le rideau pleure comme nous quand il se referme sur la jeune femme au visage inondé de larmes .

Oui, assurément,  il est certaines  soirées , à l' Opera Garnier , qui ravivent des flammes mal éteintes et font remonter à la surface des souvenirs enfouis . La soirée d'hier fut l'une d'entre elles . Parce que dans notre vie, nous avons toutes fait l'expérience d'un amour maudit et que nous avons toutes rêvé de prendre notre revanche un jour . Des Onéguine , il y en a un peu partout. Pas seulement en Russie.  Alors Tatiana , c'est un peu notre grande sœur , notre compagne de douleur dans notre cheminement tortueux et torturé vers le  bonheur . Dans le miroir qu'elle nous tend , c'est notre passé qui défile , depuis notre adolescence nourrie d'espérances jusqu'à notre présent bien trop souvent amer . Et on l'admire , parce qu'elle a le courage de dire non à celui qui croit qu'on peut rapiécer un cœur après l'avoir lacéré  , parce qu'elle  sait qu'il n'y a pas de plus grand amour au monde que l'amour que l'on se doit de porter à soi-même.

mercredi 5 février 2014


C'est bien connu . Les concierges sont les personnages les moins égocentriques qui soient sur terre. Elles nous sont tellement dévouées qu'elles ne manquent jamais une  occasion de s'enquérir de notre état de santé et de celui de nos proches . Surtout quand ces proches sont subitement devenus lointains , d'ailleurs. Elles ont du nez pour cela . L'inquiétude se lit sur leur visage . Monsieur serait-il souffrant? On ne peut rien leur cacher . Elles sont aussi rusées que des renardes. Elles feignent de ne rien savoir pour que vous accouchiez de la vérité douloureuse . Elles ne savent pas qui est Socrate , mais la maïeutique , elles la pratiquent à l'envi. Tout comme Monsieur Jourdain faisait de la prose sans le savoir .

C'est qu'elles maîtrisent l'art de la conversation. Pas de temps mort avec elles . Elles passent du coq à l'âne , et de l'âne à tous les autres animaux de la ferme . On ne peut pas en placer une . C'est sûr qu'elles s'ennuient de vivre seules dans leur loge . On dirait que le célibat est consubstantiel à leur profession. Ou le veuvage . Elles vouent , dans ce cas ,un culte immodéré à leur époux défunt . Quoi qu'il en soit , leur loge , en plus d'être un sanctuaire , est un véritable grenier où elles passent leur temps à séparer le bon grain de l'ivraie dans le flot de visiteurs de l'immeuble. Et comme du grenier au moulin , il n y a qu' un pas , ce serait une injustice de ne pas leur décerner la palme d'or des meilleurs moulins à paroles de la création.

 Avec elles , vos secrets seront les moins gardés . Même si elles se vantent d'être muettes comme des tombes , elles ne peuvent résister à l'envie de vous faire partager les  bonheurs et malheurs d autrui. "Vous n'avez pas su ? Madame X est partie avec son chauffeur. Elle ne supportait plus la jalousie de Monsieur  X . Surtout depuis qu'il la soupçonnait de le tromper avec le masseur du Plaza. Un comble!" . Le linge sale , elles connaissent. Et les ordures aussi , au sens propre et figuré. Elles sortent bien vos poubelles , alors qui peut les blâmer de jeter un coup d œil ,de temps en temps, à leur contenu ? Mais attention , les containers jaunes , pas les autres . Il ne faut pas se salir les mains . Le tri sélectif , ça a du bon . Ça permet de rentrer dans la vie des gens sans qu'ils s'en aperçoivent. Pas dans la vie de tous les gens , ça non ! Ceux qui leur paraissent louches , qui ne disent jamais bonjour , et qui refusent de leur confier leurs clés.

Rien à voir avec vous ! Ne mélangeons pas les torchons et les serviettes ! Vous n'avez rien à vous reprocher . Pas comme certains . Heureusement qu'elles ont l'œil , en plus d'avoir du nez . Elles sont pourvues  d'un sens de l'observation inné. Leur loge n'est pas seulement un cabinet de curiosité ( sans 's', malheureusement  ), c'est aussi le vaisseau amiral de la flottille des copropriétaires , où elles occupent le poste de vigie . Elles scrutent l'horizon , et sonnent le clairon quand un intrus ose jeter l'ancre dans leurs eaux territoriales . Halte là! Les colporteurs ne sont pas admis ! Et les témoins de Jéhovah non plus . Nous sommes dans une société laïque , monsieur ! Allez donc prêcher la bonne parole ailleurs .

Ceux qui jouissent de leurs faveurs , il faut bien le dire , ce sont les pompiers et les postiers . Surtout les pompiers . C'est qu'ils ne font pas souvent le déplacement . Alors, quand ils viennent frapper à leur porte , elles s'empressent de les renseigner et de leur tirer les vers du nez . Ils ne viennent en général que pour secourir des accidentés . Rarement pour les incendies . Pas de danger ! Toute concierge qui se respecte veille à ce que les robinets de gaz soient bien fermés . Pour cela elles font bon usage de vos clés . Il suffit que vous ayez le dos tourné pour qu'elles viennent vérifier que vous avez bien éteint tous les feux . Quand je vous disais qu'elles étaient dévouées ...


Quant à leurs loisirs , à part la télé , rien de bien particulier . Elles sont fans des télé-crochets . Les chanteurs de variétés , elles ne peuvent s'en passer . Ils figurent dans le panthéon de leurs stars préférées . Elles achètent" Voici "pour suivre leurs aventures , et ont souvent la larme à l'œil en zieutant  les baisers volés.  Les séries policières aussi ont leur faveur ,  pour le suspense . Pas les films américains où des acteurs sous stéroïdes courent après les assassins . Leur genre d'homme, c'est plutôt l'inspecteur Derrick. C'est un cérébral , lui . Et il a de la classe. Les derniers loisirs qu'elles s'octroient , c est le retour au pays , j'entends par là la péninsule ibérique . Elles y restent un mois . Et vous , ça vous fait aussi  des vacances . Car , il faut bien le dire, on les aime bien , les concierges , mais , comment vous dire , parfois, il nous prend comme une envie de leur asséner un grand coup sur la tête , comme dans les dessins animés, pour qu'elles n'ouvrent plus leur clapet .Car les histoires des voisins , il faut bien le dire, on peut vraiment s'en passer. On en a assez de nos propres histoires , alors celles des autres...




samedi 1 février 2014


À chaque époque , sa poupée . À l'orée du XXe siècle , la douce Bleuette était la coqueluche des petites  filles, qui mettaient à contribution leurs grandes soeurs pour la réalisation de son trousseau . Plus qu'un simple jouet , Bleuette se voyait donc investie d'une mission : initier les jeunes filles aux travaux d'aiguille . Un quart de siècle plus tard , le rôle dévolu aux poupées évolue. Bleuette est définitivement remisée dans les malles à souvenirs,  et la pulpeuse Barbie reçoit les honneurs du red carpet. Avec ses mensurations à faire damner un saint , la poupée mannequin sexy invite désormais  ses propriétaires à délaisser leur corbeille à ouvrage afin de vouer un culte à leur corps  . Quelques décennies plus tard , une armada de poupées grimées et grimaçantes inonde les vitrines , héroïnes maléfiques  de nos époques troublées . Nos aïeules doivent se retourner dans leur tombe . Pouvaient-elles imaginer que l'instrument de l édification morale de leurs descendantes serait à ce point perverti ?

Il faut dire qu'en leur temps , le mal ne jouissait pas d'un tel prestige . Dark Vador n'était pas encore né. Les fillettes lisaient " La Semaine de Suzette" , un hebdomadaire prônant les sacrosaintes valeurs morales et religieuses de la IIIe République . Pour rassurer les parents des chères têtes blondes, "Tante Jacqueline" , chargée de répondre au courrier des lectrices en herbe ,  insistait sur la visée éducative du magazine : "Aider à semer dans la jeune âme de votre enfant la bonne graine ." Après cela , plus aucun souci à se faire quant aux modèles de vêtements proposés pour habiller Bleuette . Rien de bien affriolant ! Entre les  robes de broderie anglaise et les casaques à nœuds flottants , les bérets de  satin ou les charlottes en dentelle , il y avait juste de quoi faire fantasmer un enfant de chœur .  Et encore ...


Il est vrai que l'on croise encore, dans les environs de l'église d'Auteuil, les dignes descendantes de la divine Bleuette . On les reconnaît à leur raie sur le côté , leur robe à col Claudine , leur manteau en mérinos bordé de velours et leurs chaussures vernis. Je suis certaine que leurs mères doivent veiller , comme "Tante Jacqueline ", à ce qu'elles observent  les principes de la bonne éducation bourgeoise . Il est aussi fort probable qu'elles demandent à leur progéniture de détourner les yeux quand , par hasard, elles ont le malheur de passer devant une vitrine de jouets ou trônent les nouvelles égéries des pré-adolescentes. Maquillées comme des voitures volées  et  perchées sur des stilettos aux talons démesurés, les héritières de Dracula et de Frankenstein  attirent le regard des passants par leurs postures provocantes tout autant que leurs tenues flashy outrageusement moulantes .

Vade Retro Satanas! , doivent grommeler les mères effarées en se faisant le signe de croix. Mais le Malin est plus fin qu'on y pense . Ses diablesses ont plus d'un tour dans leur sac . Grâce à leur suppôt indéfectible , le marketing  , elles s'immiscent sous toutes les formes possibles dans les boutiques les plus variées . Supermarchés , papeteries , librairies , magasins de confection,  confiseries même , elles font un véritable carnage , et poussent le vice jusqu'à  voler la vedette aux héroïnes de séries télévisées en figurant en tête de gondole des boutiques de DVD. Le côté obscur de la force fait fort ! Très fort! Car il prend maintenant pour cible les fillettes ingénues et instillent en elles une fascination pour le monstrueux .

 Remarquez , on le côtoie tous les jours , le monstrueux . Les médias s'en repaissent . La liste est longue des atrocités commises sur les enfants :.bébés congelés , adolescentes séquestrées, enfants-soldats embrigadés , nouveaux-nés décharnés, sans parler de tous ces malheureux massacrés dans des guerres dont ils ne comprennent pas le sens;  l'horreur se répand comme une traînée de poudre sur tout le globe . Alors l'on comprend que Bleuette soit passée aux oubliettes  et que Barbie songe aux barbituriques  face à des goules bien gaulées . Et les garçonnets dans tout ça ? Sont-ils oubliés ? Que nenni! Dark Vador règne en maître . Certes, sa cape sent  la naphtaline , mais grâce à son masque, Il n'a pas pris une ride .  Alors je gage que  son charme va opérer pour des années lumières encore , et qui sait, la théorie du genre fera peut-être qu'il fascinera les enfants de tout âge et de tout sexe confondu. Seul l'avenir nous le dira...