La femme parfaite serait-elle un mythe ? Eh bien non ! J'ai compris ce
matin, en regardant une émission télévisée des plus instructives ,
qu'elle existe bien , et qu'il est à la portée de chacune d'entre nous
d'en devenir une. Il suffit de faire l'achat de la liste de produits
proposés , et surtout de suivre les conseils prodigués par la gentille
animatrice et ses acolytes . Je dois vous avertir néanmoins qu'une
concentration optimale est requise pour avaler le flot ininterrompu de
paroles débitées à une cadence infernale . Heureusement que le sourire
extatique de la joyeuse bande vous apporte un bienfait visuel . Pour
celles qui auraient perdu pied en cours de route , une suave voix-off ,
mise en valeur par une musique électronique répétitive , se charge de
renouveler l'éloge hyperbolique du produit , à grand renfort d'adjectifs
soigneusement choisis : magnifique ! Génial ! Fantastique ! Idéal !
Oui, la femme parfaite existe bel et bien . En suivant les dix
commandements des produits dont on vous fait la réclame , vous éviterez
de vous inscrire dans une agence matrimoniale , ou pire encore , sur un
site de rencontres , pour séduire l'homme de votre vie . Car, les
concepteurs de génie de cette émission l'ont bien compris , ce qui
attire un homme , ce n'est pas que vous soyez cacique à Normale Sup. Les
intellos , il s'en méfie , le godelureau . Elles utilisent trop leur
cerveau . Ce qui l'appâte et l'épate, c'est de se trouver face à face
avec une Miss France qui ait aussi les aptitudes d'Inspecteur Gadget.
Mission impossible, me direz- vous. Pas vraiment . Le succès de cette
émission auprès des femmes de tous les coins du globe atteste du
contraire, même . Car contrairement aux autres programmes télévisés
, qui ne focalisent notre attention que sur un seul de nos centres
d'intérêt , celui-ci a l'intelligence de combler nos désirs les plus
enfouis. Grâce à lui , nous cessons de refouler notre envie
irrépressible de manier des robots multifonctions aux quarante accessoires ,
des stations de lavage à géométrie variable, des séchoirs télescopiques
, et même des appareils faisant office de scies sauteuses ou
circulaires , de décapeuses ou de ponceuses . Oui, nous retrouvons enfin
notre âme d'enfant en assemblant et désassemblant ces multiples
pièces en plastique , illustres descendants des antiques legos .
Mais la cuisinière - ménagère - bricoleuse a aussi à cœur de mettre son
corps en valeur . Alors quoi de plus alléchant que de suivre une cure
minceur éclair en s'alimentant quatre fois par jour de potages hypocaloriques
réputés avoir le goût des soupes "maison "! Quoi de plus sexy que de
porter la brassière en spandex dont les femmes de 17 à 77 ans
interrogées font l'éloge intarissable ! Plus besoin de dépenser des
sommes folles pour arborer le dernier soutien-gorge glamour de chez
Agent Provocateur. En parlant d'économies, les coiffeurs se passeront de vous à l'avenir . Car
avec cet appareil de coiffage à technologie ionique ,
votre chevelure va en décoiffer plus d'un. Les esthéticiennes aussi ont
du souci à se faire , car cet appareil au filament lumineux révolutionnaire promet de
détrôner à jamais l'épilation à la cire qui vous donne tant de sueurs
froides .
Ce qui me dérange un peu , malgré tout , c'est que ni la présentatrice ,
ni les femmes invitées ne me paraissent avoir la silhouette de Miss
France , et encore moins l'habileté d'Inspecteur Gadget . Elles auraient
même besoin d'un relooking intégral, car je ne suis pas certaine que
le Don Juan du coin sera conquis par leur coiffure ou leur habillement.
Mais , laissons-leur le soin de leur dévoiler, dans l'intimité , leurs
jambes épilées au filament lumineux et leur brassière Spandex. Je suis
persuadée que le bourreau des cœurs en perdra le boire et le manger . Un
peu inquiétant , d'ailleurs . Car s'ils ne boivent ni ne mangent, à
quoi bon avoir investi dans un robot culinaire aux quarante accessoires ?
"WE ARE SUCH STUFF AS DREAMS ARE MADE ON, AND OUR LITTLE LIFE IS ROUNDED WITH A SLEEP". La citation de Shakespeare qui inaugure mon blogue résume magistralement ma vision de l'existence humaine. Nous sommes faits de l'étoffe des songes, et notre courte vie se clôt par un long sommeil. Alors, plutôt que de rêver notre vie, vivons nos rêves! Et faisons éclater en infimes particules de sens jubilatoires le monde qui nous entoure.
dimanche 12 janvier 2014
jeudi 9 janvier 2014
Les histoires de cœur , elles font toujours la une du journal de nos vies . Et pas seulement des nôtres . Aucune d'entre nous n'est épargnée . De la roturière à la tête couronnée , on en fait toutes les frais . Elles sont d'ailleurs en odeur de sainteté auprès de la presse "people ". Plus ça sent le soufre , mieux c'est . Les plus gros tirages , on les réserve aux ruptures , pas aux mariages à l'eau de rose dans des châteaux décorés par des wedding-planners à la manque .
Normal , les histoires d'amour plan plan, on s'en lasse . Il n y a rien de palpitant à voir deux tourtereaux se regarder dans le blanc des yeux . Nous, on veut des sensations fortes . Des yeux qui lancent des flammes . Des coups d'éclat . De la passion . Alors on est presque contentes de découvrir sur un tabloïd que le Prince Charmant n'est pas si charmant que ça . On s'en doutait un peu , d'ailleurs. Les visages d'ange , il faut toujours s'en méfier . Ils ont souvent tendance à cacher à notre vue que les ailes sont rognées .
Parce que , dans la majorité des cas , c'est toujours nous , les femmes , qui subissons les coups du sort . Une malédiction. À croire que nous avons vocation à avoir le cœur brisé. Comme si les hommes détenaient seuls le pouvoir de nous plonger dans l'affliction. Sauf que les principaux artisans de nos déboires sentimentaux , ce sont les femmes . Pas celles que l'on vénère , bien-sûr. Les tentatrices , celles qui n'ont rien à perdre et qui tirent gloire du fait qu'elles mettent à genoux une rivale.
Car les femmes entre elles ne sont pas tendres . Ce sont des conquérantes , des stratèges hors pair, avides d'étendre leur empire . Mais elles sont assez subtiles pour n'en rien laisser paraitre. Quand elles croisent le fer , c'est toujours en souriant , et les premières estocades se font toujours par derrière , jusqu'à la botte finale ...de Lagardère. Alors quoi de plus martial que de brandir, comme dépouilles opimes, le cœur d'un homme arraché à une autre .
Bien naïfs , donc, les hommes qui pensent ne devoir qu'à leur pouvoir de séduction le succès de leur trahison . Ce ne sont que des pions sur l'échiquier amoureux dont chacun sait que la reine détient les rênes . Alors qu'ils ne s'étonnent pas d'être remerciés plus tôt que prévu pour le service rendu à l'impérialisme féminin . À chaque bataille, son plan d'attaque et son artillerie . A plus forte raison, quand il s 'agit d'un crime , mieux vaut se débarrasser de son arme au plus vite . Au risque qu'elle ne se retourne contre nous .
vendredi 3 janvier 2014
Le rire est le propre de l'homme ! a dit Bergson. Il faudrait un peu plus s'en souvenir car , à scruter le visage de certains de nos congénères , il semblerait que Descartes , chantre du " Je pense, donc je suis ", soit plus leur voisin de palier que Bergson. Car il est indubitable qu'ils n'arrêtent pas de penser, et penser à haute voix , pour prouver qu'ils existent !
Je me demande si , au paléolithique , l' "homo sapiens" était doté de la même prolixité que l' "homo contemporaneus" . Il est vrai qu'en ces temps reculés, la technique en était à ses balbutiements . Les sources sonores étaient plus restreintes . Pas de radio, ni de télé , ni d'ordinateur , ni de mobile . Mais somme toute , les préoccupations étaient toujours les mêmes . Il fallait bien se nourrir , se vêtir , se reproduire , et aussi mourir . Et de cela on devait bien en discuter , entre la cueillette et la pêche .
J'imagine , par contre, que le cerveau du descendant immédiat de l'australopithèque n'avait pas encore intégré les grandes lignes du discours amoureux . Et pour cause . Il ne savait pas lire . Avec quelles cordes le mâle concupiscent bandait-il donc son arc ? La corde sensible ? Certainement pas .Le rire , bien-sûr ! On dit que c'est l'arme la plus redoutable pour transpercer le cœur du beau sexe , et que les flèches de Cupidon en sont souvent imprégnées . Imaginez la scène ! Un néandertalien faisant glousser une néandertalienne en train de cueillir des champignons . Hallucinant !
Mais savoir faire rire n'est pas donné à tout le monde . C'est tout un art . D'abord on ne peut pas rire de tout . À la rigueur , et c'est même recommandé, on peut rire de soi - même . Ça présente l'avantage de couper l 'herbe sous les pieds de vos potentiels détracteurs . En devançant leurs ricanements à vos dépens , vous prouvez que vous êtes plus intelligents qu'eux . Et d ' ennemis , ils deviendront vos amis . Pour ce qui est des blagues de potache, elles ne sont le fonds de commerce que des amuseurs de service . Elles se vendent mal . Normal . N'est pas bouffon qui veut . La spiritualité est du domaine de l'inné , et non de l'acquis . À trop vouloir paraître drôle , on finit par être grotesque .
Ce qui est sûr , c'est que l' "homo contemporaneus" , parce qu'il pense trop , a besoin qu'on le fasse rire pour éviter la surchauffe cérébrale. Aussi privilégiera - t'il le one man show au détriment de tout autre spectacle . Les films larmoyants , il n'en veut plus ! Bon , c'est sûr , l'époque où il suffisait de regarder Charlie Chaplin et Buster Keaton gesticuler sur un écran pour avoir sa dose d'endorphines est révolue . Les comiques d' aujourd'hui parlent . Ils parlent beaucoup même. Et ils exigent de nous de ne pas laisser nos neurones au vestiaire . Car il faudra les utiliser si l'on veut comprendre la subtilité de leurs chutes (rhétoriques) , et en rire . Au final, Il semble que Descartes et Bergson ne soient pas si éloignés que ça . En somme , le propre de l'homme , c'est toujours le rire , mais , si l'on veut rire , on a besoin de penser .
Je me demande si , au paléolithique , l' "homo sapiens" était doté de la même prolixité que l' "homo contemporaneus" . Il est vrai qu'en ces temps reculés, la technique en était à ses balbutiements . Les sources sonores étaient plus restreintes . Pas de radio, ni de télé , ni d'ordinateur , ni de mobile . Mais somme toute , les préoccupations étaient toujours les mêmes . Il fallait bien se nourrir , se vêtir , se reproduire , et aussi mourir . Et de cela on devait bien en discuter , entre la cueillette et la pêche .
J'imagine , par contre, que le cerveau du descendant immédiat de l'australopithèque n'avait pas encore intégré les grandes lignes du discours amoureux . Et pour cause . Il ne savait pas lire . Avec quelles cordes le mâle concupiscent bandait-il donc son arc ? La corde sensible ? Certainement pas .Le rire , bien-sûr ! On dit que c'est l'arme la plus redoutable pour transpercer le cœur du beau sexe , et que les flèches de Cupidon en sont souvent imprégnées . Imaginez la scène ! Un néandertalien faisant glousser une néandertalienne en train de cueillir des champignons . Hallucinant !
Mais savoir faire rire n'est pas donné à tout le monde . C'est tout un art . D'abord on ne peut pas rire de tout . À la rigueur , et c'est même recommandé, on peut rire de soi - même . Ça présente l'avantage de couper l 'herbe sous les pieds de vos potentiels détracteurs . En devançant leurs ricanements à vos dépens , vous prouvez que vous êtes plus intelligents qu'eux . Et d ' ennemis , ils deviendront vos amis . Pour ce qui est des blagues de potache, elles ne sont le fonds de commerce que des amuseurs de service . Elles se vendent mal . Normal . N'est pas bouffon qui veut . La spiritualité est du domaine de l'inné , et non de l'acquis . À trop vouloir paraître drôle , on finit par être grotesque .
Ce qui est sûr , c'est que l' "homo contemporaneus" , parce qu'il pense trop , a besoin qu'on le fasse rire pour éviter la surchauffe cérébrale. Aussi privilégiera - t'il le one man show au détriment de tout autre spectacle . Les films larmoyants , il n'en veut plus ! Bon , c'est sûr , l'époque où il suffisait de regarder Charlie Chaplin et Buster Keaton gesticuler sur un écran pour avoir sa dose d'endorphines est révolue . Les comiques d' aujourd'hui parlent . Ils parlent beaucoup même. Et ils exigent de nous de ne pas laisser nos neurones au vestiaire . Car il faudra les utiliser si l'on veut comprendre la subtilité de leurs chutes (rhétoriques) , et en rire . Au final, Il semble que Descartes et Bergson ne soient pas si éloignés que ça . En somme , le propre de l'homme , c'est toujours le rire , mais , si l'on veut rire , on a besoin de penser .
lundi 30 décembre 2013
Si La notion de partage a toujours été une valeur sacrosainte dans l'éthique prônée par la religion , il est à remarquer qu'elle a pris une ampleur grandissante dans notre société actuelle. Certes cette tendance est louable . Au diable l'égoïsme ! Il est bon de se souvenir que nous ne sommes pas seuls sur cette terre qui , si elle se réchauffe en vertu d'un dérèglement climatique , n'en demeure pas moins glaciale tant les liens entre les individus se teintent de frilosité et surtout d'indifférence .
Tendre sa main à l'autre semble être devenu une priorité . La morosité économique nous engage d 'ailleurs à le faire . Les bas de laine sont vides .Le temps béni de l'abondance est révolu . Les vaches sont bien maigres et le bonheur n'est plus dans le pré . Rien d'étonnant à ce que la solidarité voie sa côte de popularité augmenter . Les organisations caritatives fleurissent sur le terrain stérile de la privation . Au lieu de gaspiller notre temps comme avant , on le partage . Idem pour notre argent . Les collectes de fonds pour les causes les plus farfelues germent de toute part .
Mais à trop partager son temps et son argent , on finit par se retrouver sans plus rien à partager . Enfin, pas tout-à-fait . Il nous reste à partager notre amertume avec notre prochain . Mais bon , il ne faut pas trop lui en demander , à son prochain . Il veut bien vous prêter une oreille compatissante de temps à autre , mais il n'apprécie guère qu'on le prenne pour le curé de la paroisse . Il faut le comprendre . Il a d'autres chats à fouetter . À la rigueur il veut bien partager avec vous son expérience de la vie , mais de là à partager sa vie avec vous , ça non . Il a déjà fort à faire chez lui .
Car , soyons francs , l'un des privilèges de la vie en couple , ce n est pas seulement de partager sa couche et les joies ineffables que l'on peut en tirer , mais c 'est aussi de partager ses tracas . Et il faut dire qu'ils sont légion. Car c'est un fait que nous menons de front plusieurs vies : vie professionnelle , vie familiale , vie mondaine , vie culturelle, vie émotionnelle, double vie même , pour les plus lâches de ce monde. Et moins notre vie est pauvre, plus elle est riche en tension et plus elle exige de l'autre une écoute religieuse et le sacrifice de sa sérénité.
Ne vous étonnez donc pas que l'on vous fuie! Vous pouvez tout partager de votre vie , mais , de grâce , évitez de semer votre rancœur ou vos peines de cœur dans le jardin de votre voisin . Vous ne récolterez que des fleurs vénéneuses ou des fruits défendus . Plutôt que de cultiver la pomme de la discorde , croquez la pomme de la connaissance , et surtout celle de la connaissance de soi. Si vous ne savez pas quoi faire aux prochaines vacances , allez à Delphes visiter le temple d'Apollon. Et n'oubliez pas ce qui était inscrit sur son fronton ! Vous y gagnerez en sagesse .
vendredi 27 décembre 2013
La
cuisine , cela n'a jamais été ma tasse de thé . Voyez- vous , je veux
bien consacrer du temps à dresser une table pour recevoir dignement des hôtes de marque , mais je ne dérogerai par contre jamais à mes
habitudes de non-ingérence dans le domaine culinaire . C'est que je
serais bien capable d'affoler les palais en voulant jouer aux apprenties
sorcières . Étant de nature encline à l'expérimentation , je me verrais
bien proposer des mixtures offensant le goût tout autant que le bon
goût .
Or rien de plus fatal , pour une réputation , que de la ternir par un excès d'excentricités gustatives . Nos entrailles sont sacrées , c'est d'ailleurs pour cela qu'elles étaient choisies , dans l'antiquité , par les haruspices , pour exercer leurs talents divinatoires . Il n ´est donc guère bienséant de les incommoder par des flatulences intempestives ou de leur infliger des contractions douloureuses ayant pour résultante le retranchement inopiné d'un convive dans le cabinet d'aisance...
C'est sans doute pour éviter de pareils désagréments que bon nombre d'émissions télévisuelles mettent les petits plats dans les grands plats en proposant aux téléphages des cours de cuisine des plus raffinés . L'on nous donne à admirer le savoir-faire d'un chef étoilé maniant avec brio aussi bien les ustensiles que les ingrédients les plus rares . Force est de constater que la poésie n est plus l'apanage des amoureux transis en mal de chair. Elle a aussi investi le champ des amoureux de la bonne chère . L'on se pâme rien qu'à l'évocation d'aumônières ou de ballotines de crêpe . Que dire de la subtile transsubstantiation que laisse supposer une "île flottante revisitée façon forêt noire " . Les voies du Seigneur sont impénétrables ...
Mais là où la mayonnaise ne prend pas , dans mon cas , c'est quand de piètres candidats à l'excellence , embrigadés volontairement dans un concours culinaire , suent sang et eau pour obtenir l'approbation d'un aréopage de gastronomes réputés . Il n'y a pas à dire , j'ai l'estomac qui se noue rien que de lire, sur le visage de ces pauvres bougres , sommés de réaliser en un temps record les mets les plus délicats , les crispations induites par l'angoisse . Sans parler de la sentence des juges qui s'ensuit et qui achève de plonger certains d entre eux dans une dépression instantanée ...
Non , vraiment , je ne regrette pas de laisser à d'autres les plaisirs de l'épluchage , découpage , éminçage, tourage , dégazage , et que sais-je encore ! Et la cuisson, parlons-en de la cuisson! Trop cuire ou pas assez cuire , telle est la question. Il suffit de quelques minutes pour que vous passiez de cordon bleu à cordon noir , après quoi il ne vous reste plus qu à l'utiliser pour vous en faire un nœud coulant et échapper au sourire figé des apôtres du goût réunis à votre table . De toute façon, n' ayez aucune crainte ! L'un d'entre eux vous trahira . Ne le prenez pas mal. Il vous rendra service. Finie la corvée des fourneaux ! On prétextera une indisposition passagère ou une indisponibilité soudaine à votre prochaine invitation . Et c'est tant mieux , car , je vous le garantis , pour qui fait profession de gourmandise, rien de tel pour savourer la vie que de se mettre les pieds sous la table ...
mardi 24 décembre 2013
L'hiver est la seule saison qui , selon moi , possède deux visages bien distincts. L'un lumineux , l'autre ténébreux. Si le solstice d'hiver est le héraut de sa naissance sur le calendrier grégorien , il reste qu'il a déjà fait son entrée dans nos pensées dès le mois de Novembre . La Toussaint en symbolise un peu le seuil. Une fois que l'on tourne le dos à la fête des défunts , l'on appelle de nos vœux la célébration d'une naissance , celle du fils de Dieu. Comme pour mieux conjurer la mort , notre esprit se charge vite d'oublier les tombes qui viennent d'être fleuries pour caresser l'image du berceau du Messie . Et ce cheminement progressif de la mort vers la vie s'accompagne symboliquement d'une avancée vers la lumière .
Il est vrai que la Fée Électricité est à l'honneur lors de l'approche de Noël . La Tour Eiffel n'est plus la seule à ruisseler de diamants toutes les heures . De nombreuses façades, des arbres ainsi que des colonnades sont revêtus , pour l'occasion, d'un habit scintillant. C'est comme si l'on s'évertuait à repousser les ténèbres qui étendent leur empire sur les journées dont la durée s'amenuise . C'est donc à un festin de lumière que l'on est convié . Le doré et l'argenté , si décriés le reste de l'année , retrouvent grâce auprès des créateurs . Les paillettes et les strass aussi. Les yeux clignotants des guirlandes sont comme un appel à la réjouissance . Boules miroitantes, clochettes tintinnabulantes , effigies de pères Noël hilares et ventrus apportent une dernière touche festive au tableau de cette exposition annuelle .
Car il ne faut pas les négliger , ces festivités de fin d'année . D'autant qu'elles comportent un versant sacré et un autre profane . Elles sont, d'abord, l'occasion pour les Chrétiens de ce monde , de renouer avec la tradition de la messe et de rendre hommage à celui qui s'est sacrifié pour le rachat de nos péchés . Puis le religieux s'efface pour laisser le païen s'engouffrer dans nos foyers et nous enjoindre de nous adonner à des orgies de libations et de victuailles . L'heure a sonné de dire adieu à l'année écoulée et accueillir la nouvelle comme il se doit . Car l'on espère surtout qu'elle sera meilleure que la précédente .
Mais que reste t'il , à l'aube de janvier , de cette effervescence fébrile de la veille ? Des souvenirs confus , tant l'alcool , à force de couler , a anesthésié les consciences . Tout le plein d'énergie accumulé le mois précédent à été englouti en une nuit . Et l'on se sent comme dépossédé , confronté à une immensité temporelle inconnue dont on aimerait connaître les contours avant de s'y aventurer. Le rideau tombe . Le spectacle est terminé . La grisaille de l'hiver citadin reprend ses droits . Les décorations lumineuses désertent les rues et les vitrines . Les façades nues grelottent dans le froid. Les guirlandes et les grelots sont remisés jusqu'à l année suivante . Et la vie reprend son cours , avec son cortège de servitudes , et ses cornes d'abondance d'illusions .
Mais même si l'hiver glacial s'agrippe à notre cœur comme un mendiant affamé et qu'il met à mal nos bonnes résolutions, l'on se raccroche à l'idée qu'il ne fera pas un festin de notre âme , car , de quelque religion que l'on soit , ne perdons jamais de vue que nous sommes tous les étincelles du divin, et que brûlera en nous la flamme inextinguible de l'espérance pour les siècles des siècles .
jeudi 19 décembre 2013
Pour Athénaïs, quand elle sera en âge de comprendre...
Paris , à l'approche de Noël , me fait immanquablement penser à la
forteresse de Dunsinane dans la tragédie de Macbeth . Elle devient le
lieu où la prophétie des "trois soeurs fatales " prend racine .
N'avaient-elles pas prédit au sanglant usurpateur qu'il ne serait pas vaincu
tant que la forêt de Birnam ne se mettrait pas en marche en direction de
Dunsinane? Or, force est de constater que la capitale est en état de
siège quand les légions de sapins, destinés à boiser nos logis ,
colonisent les trottoirs. Ce sont des régiments entiers qui font le
déplacement pour nous permettre de célébrer dignement la venue du
Messie. Ils se tiennent sagement au garde-à-vous sur le bitume , avec,
pour toute armure, leur parure d'aiguilles.
Or, ces rangées de guerriers immobiles ne sont en fait qu'un avatar des tribus d'Indiens d'Amérique parqués dans une réserve , déracinés, et pleurant des larmes de résine sur leur sort. Pire encore , ils ne sont pas sans évoquer des esclaves sur un marché, que des acheteurs viennent jauger du regard et soupeser avant de les saisir sans égard , et de les conduire en leur ultime demeure . Conifères majestueux , ils verront leurs bras se charger de décorations de pacotille , comme ces verroteries utilisées dans le commerce triangulaire en guise de monnaie d'échange . Puis, quand leur heure sonnera , ils seront expulsés sans ménagement des salons où ils trônaient , et finiront leur vie sur un trottoir , gisant épars au milieu des sacs de déchets , un beau matin de Janvier.
Les résineux ne sont pas les seuls à coloniser les rues de Paris . Des villages entiers de chalets de fortune, alignés géométriquement comme ces pavillons de banlieues américaines , proposent aux passants des produits régionaux ou de la bimbeloterie artisanale . Les Champs-Elysées sont réquisitionnés en cette occasion. Du Rond Point à la Place de la Concorde , la plus belle avenue du monde égrène un chapelet de constructions de bois éphémères qui proposent tout et n'importe quoi . Fort heureusement , seuls les touristes s'y laissent prendre . Les Parisiens de souche préfèrent se laisser gagner par la fièvre acheteuse dans les temples dédiés au Dieu Mammon , implantés Boulevard Haussmann .
Moi-même, je ne peux résister à la tentation de flâner devant les vitrines de ces Grands Magasins. C'est que chacune d'entre elles nous convie à un spectacle tout droit sorti des fables et nous fait replonger dans le monde onirique de l'enfance . Dans des décors féeriques , l'on y voit évoluer gracieusement des poupées et des peluches sur des musiques de ballets . Les charmants jouets prennent vie comme par enchantement , et l'on est soudain prêt à suspendre notre jugement et à croire que , oui , ces objets inanimés ont bien une âme , et qu' il ne tient qu'à nous de guetter les signes imperceptibles qu'ils nous adressent dans le monde immanent.
Mais le réel reprend malheureusement ses droits , aussitôt que nos yeux se posent sur le savant mécanisme de poulies actionnant des fils invisibles . La magie est rompu . Adieu licornes et chimères , elfes des bois et fées ! De même, le vieil homme jovial à la barbe blanche et à l'habit rouge n'a jamais existé que dans les contes . C'est un imposteur qui endosse son rôle dans les paysages verglacés de la Laponie. Et cependant, les centaines de clones qui usurpent son identité dans les villes du monde ne sont jamais punis . C'est que le plus grand mensonge de l'humanité doit perdurer pour que l'imaginaire des bataillons d'enfants en marche vers l'avenir puisse se déployer . Alors pour qu'ils puissent dire un jour " I have a dream" , laissons-les rêver au Père Noël s'élançant dans son traineau vers les étoiles pour leur apporter le bien le plus précieux qui soit, mais aussi le plus fragile : la joie de vivre.
Or, ces rangées de guerriers immobiles ne sont en fait qu'un avatar des tribus d'Indiens d'Amérique parqués dans une réserve , déracinés, et pleurant des larmes de résine sur leur sort. Pire encore , ils ne sont pas sans évoquer des esclaves sur un marché, que des acheteurs viennent jauger du regard et soupeser avant de les saisir sans égard , et de les conduire en leur ultime demeure . Conifères majestueux , ils verront leurs bras se charger de décorations de pacotille , comme ces verroteries utilisées dans le commerce triangulaire en guise de monnaie d'échange . Puis, quand leur heure sonnera , ils seront expulsés sans ménagement des salons où ils trônaient , et finiront leur vie sur un trottoir , gisant épars au milieu des sacs de déchets , un beau matin de Janvier.
Les résineux ne sont pas les seuls à coloniser les rues de Paris . Des villages entiers de chalets de fortune, alignés géométriquement comme ces pavillons de banlieues américaines , proposent aux passants des produits régionaux ou de la bimbeloterie artisanale . Les Champs-Elysées sont réquisitionnés en cette occasion. Du Rond Point à la Place de la Concorde , la plus belle avenue du monde égrène un chapelet de constructions de bois éphémères qui proposent tout et n'importe quoi . Fort heureusement , seuls les touristes s'y laissent prendre . Les Parisiens de souche préfèrent se laisser gagner par la fièvre acheteuse dans les temples dédiés au Dieu Mammon , implantés Boulevard Haussmann .
Moi-même, je ne peux résister à la tentation de flâner devant les vitrines de ces Grands Magasins. C'est que chacune d'entre elles nous convie à un spectacle tout droit sorti des fables et nous fait replonger dans le monde onirique de l'enfance . Dans des décors féeriques , l'on y voit évoluer gracieusement des poupées et des peluches sur des musiques de ballets . Les charmants jouets prennent vie comme par enchantement , et l'on est soudain prêt à suspendre notre jugement et à croire que , oui , ces objets inanimés ont bien une âme , et qu' il ne tient qu'à nous de guetter les signes imperceptibles qu'ils nous adressent dans le monde immanent.
Mais le réel reprend malheureusement ses droits , aussitôt que nos yeux se posent sur le savant mécanisme de poulies actionnant des fils invisibles . La magie est rompu . Adieu licornes et chimères , elfes des bois et fées ! De même, le vieil homme jovial à la barbe blanche et à l'habit rouge n'a jamais existé que dans les contes . C'est un imposteur qui endosse son rôle dans les paysages verglacés de la Laponie. Et cependant, les centaines de clones qui usurpent son identité dans les villes du monde ne sont jamais punis . C'est que le plus grand mensonge de l'humanité doit perdurer pour que l'imaginaire des bataillons d'enfants en marche vers l'avenir puisse se déployer . Alors pour qu'ils puissent dire un jour " I have a dream" , laissons-les rêver au Père Noël s'élançant dans son traineau vers les étoiles pour leur apporter le bien le plus précieux qui soit, mais aussi le plus fragile : la joie de vivre.
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