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lundi 30 décembre 2013

Si La notion de partage a toujours été une valeur sacrosainte dans l'éthique prônée par la religion  , il est à remarquer qu'elle a pris une ampleur grandissante dans notre société actuelle. Certes cette tendance est louable . Au diable l'égoïsme ! Il est bon de se souvenir que nous ne sommes pas seuls sur cette terre qui , si elle se réchauffe en vertu d'un dérèglement climatique , n'en demeure pas moins glaciale tant les liens entre les individus se teintent de frilosité et surtout d'indifférence . 

Tendre sa main à l'autre  semble être devenu une priorité . La morosité économique nous engage d 'ailleurs à le faire . Les bas de laine sont vides .Le temps béni de l'abondance est révolu . Les vaches sont bien maigres et le bonheur n'est plus dans le pré . Rien d'étonnant à ce que  la solidarité voie sa côte de popularité augmenter . Les organisations caritatives fleurissent sur le terrain stérile de la privation . Au lieu de gaspiller notre  temps comme avant , on le partage . Idem pour notre argent . Les collectes de fonds pour les causes les plus farfelues germent de toute part . 

Mais à trop partager son temps et son argent , on finit par se retrouver sans plus rien à partager . Enfin, pas tout-à-fait . Il nous reste  à partager notre amertume avec notre prochain . Mais bon , il ne faut pas trop lui en demander , à son  prochain . Il veut bien vous prêter une oreille compatissante  de temps à autre , mais il n'apprécie guère qu'on le prenne pour le curé de la paroisse .  Il faut le comprendre . Il a d'autres chats à fouetter . À la rigueur il veut bien partager avec vous son expérience de la vie , mais de là à partager sa vie avec vous , ça non . Il a déjà fort à faire chez lui . 

Car , soyons francs , l'un des privilèges  de la vie en couple , ce n est pas seulement de partager sa couche et les joies ineffables que l'on peut en tirer , mais c 'est aussi de partager ses tracas . Et il faut dire qu'ils sont légion. Car c'est un fait que nous menons de front plusieurs vies : vie professionnelle , vie familiale , vie mondaine , vie culturelle, vie émotionnelle, double vie même , pour les plus lâches de ce monde. Et moins  notre vie est pauvre, plus elle est riche en tension et plus elle exige de l'autre une écoute religieuse et le sacrifice de sa sérénité. 

Ne vous étonnez donc pas que l'on vous fuie! Vous pouvez tout partager de votre vie , mais , de grâce ,  évitez de semer  votre rancœur ou vos peines de cœur dans le  jardin de votre voisin . Vous ne récolterez que des fleurs vénéneuses ou des fruits défendus . Plutôt que de cultiver la pomme de la discorde , croquez la pomme de la connaissance , et surtout celle de la connaissance de soi. Si vous ne savez pas quoi faire aux prochaines vacances , allez à Delphes visiter le temple d'Apollon. Et n'oubliez pas ce qui était inscrit sur son  fronton ! Vous y gagnerez en sagesse .



vendredi 27 décembre 2013

La cuisine , cela n'a jamais été ma tasse de thé . Voyez- vous , je veux bien consacrer  du temps à dresser une table pour recevoir dignement des hôtes de marque , mais je ne dérogerai par contre jamais  à mes habitudes de non-ingérence dans le domaine culinaire . C'est que je serais bien capable d'affoler les palais en voulant jouer aux apprenties sorcières . Étant de nature encline à l'expérimentation , je me verrais bien proposer des mixtures offensant le goût tout autant que le bon goût .

Or rien de plus fatal , pour une réputation , que de la ternir par un excès d'excentricités gustatives . Nos entrailles sont sacrées , c'est d'ailleurs pour cela qu'elles étaient choisies , dans l'antiquité , par les haruspices , pour exercer leurs talents divinatoires . Il n ´est donc guère bienséant  de les incommoder par des flatulences intempestives ou de leur infliger des contractions douloureuses ayant pour résultante le retranchement inopiné d'un convive dans le cabinet d'aisance...

C'est sans doute pour éviter de pareils désagréments que bon nombre d'émissions télévisuelles mettent les petits plats dans les grands plats en proposant aux téléphages des cours de cuisine des plus raffinés . L'on nous donne à admirer le savoir-faire d'un chef étoilé maniant avec brio aussi bien les ustensiles que les ingrédients les plus rares . Force est de constater que la poésie n est plus l'apanage des amoureux transis en mal de chair. Elle a aussi investi le champ des amoureux de la bonne chère . L'on se pâme rien qu'à l'évocation d'aumônières ou de ballotines de crêpe . Que dire de la subtile transsubstantiation que laisse supposer une "île flottante revisitée  façon forêt noire " . Les voies du Seigneur sont impénétrables ...


Mais là où la mayonnaise ne prend pas , dans mon cas ,  c'est quand de piètres  candidats à l'excellence , embrigadés volontairement dans un concours culinaire , suent sang et eau pour obtenir l'approbation d'un aréopage de gastronomes réputés . Il n'y a pas à dire , j'ai l'estomac qui se noue rien que de lire,  sur le visage de ces pauvres bougres , sommés de réaliser en un temps record les mets les plus délicats , les crispations induites par l'angoisse . Sans parler de la sentence des juges qui s'ensuit et qui achève de plonger certains d entre eux dans une dépression instantanée ...

Non , vraiment , je ne regrette pas de laisser à d'autres les plaisirs de l'épluchage , découpage , éminçage,  tourage ,  dégazage , et que sais-je encore ! Et la cuisson, parlons-en de la cuisson! Trop cuire ou pas assez cuire , telle est la question. Il suffit de quelques minutes pour que vous passiez de cordon bleu à cordon noir , après quoi il ne vous reste plus qu à l'utiliser pour vous en faire un nœud coulant et  échapper au sourire figé des apôtres du goût réunis à votre table . De toute façon, n' ayez aucune crainte ! L'un d'entre eux vous trahira . Ne le prenez pas mal. Il vous rendra service.  Finie la corvée des fourneaux ! On prétextera une indisposition passagère ou une indisponibilité soudaine à votre prochaine invitation . Et c'est tant mieux , car , je vous le garantis , pour qui fait profession de gourmandise, rien de tel pour savourer la vie que de se mettre les pieds sous la table ...





mardi 24 décembre 2013


L'hiver est la seule saison qui , selon moi , possède deux visages bien distincts. L'un lumineux  , l'autre ténébreux. Si le solstice d'hiver est le héraut de sa naissance sur le calendrier grégorien , il reste qu'il a déjà fait son entrée dans nos pensées dès le mois de Novembre . La Toussaint en symbolise un peu le seuil. Une fois que l'on tourne le dos à la fête des défunts  , l'on appelle de nos vœux la célébration d'une naissance , celle du fils de Dieu. Comme pour mieux conjurer la mort , notre esprit se charge vite d'oublier les tombes qui viennent d'être fleuries  pour caresser l'image du berceau du Messie . Et ce cheminement progressif de la mort vers la vie s'accompagne symboliquement d'une avancée vers la lumière .

Il est vrai que la Fée Électricité est à l'honneur lors de l'approche de Noël . La Tour Eiffel n'est plus la seule à ruisseler de diamants  toutes les heures . De nombreuses façades, des arbres ainsi que des colonnades sont revêtus , pour l'occasion, d'un habit scintillant. C'est comme si l'on s'évertuait à repousser les ténèbres qui étendent  leur empire sur les journées dont la durée s'amenuise . C'est donc à un festin de lumière que l'on est convié . Le doré et l'argenté , si décriés le reste de l'année , retrouvent  grâce auprès des créateurs . Les paillettes et les strass aussi. Les yeux clignotants des guirlandes sont comme un appel à la réjouissance . Boules miroitantes,  clochettes tintinnabulantes  , effigies de pères Noël hilares et ventrus apportent une dernière touche festive au tableau de cette exposition annuelle .

Car il ne faut pas les négliger , ces festivités de fin d'année . D'autant qu'elles comportent un versant sacré et un autre profane .  Elles sont, d'abord, l'occasion  pour les Chrétiens de ce monde ,  de  renouer avec la tradition de la messe et de rendre hommage à celui qui s'est sacrifié pour le rachat de  nos péchés . Puis le religieux s'efface pour laisser le païen s'engouffrer dans nos foyers  et nous enjoindre de nous adonner à des orgies de libations et de victuailles . L'heure a sonné de dire adieu à l'année écoulée et accueillir la nouvelle comme il se doit . Car l'on espère surtout qu'elle sera meilleure que la précédente .

Mais que reste t'il , à l'aube de  janvier , de cette effervescence fébrile de la veille ? Des souvenirs confus , tant l'alcool , à force de couler , a anesthésié les consciences . Tout le plein d'énergie accumulé le mois précédent à été englouti en une nuit . Et l'on se sent comme dépossédé , confronté à une immensité temporelle inconnue dont on aimerait connaître les contours avant de s'y aventurer. Le rideau tombe . Le spectacle est terminé . La grisaille de l'hiver citadin reprend ses droits . Les décorations lumineuses désertent les rues et les vitrines . Les façades nues grelottent dans le froid. Les guirlandes et les grelots sont remisés jusqu'à l année suivante . Et la vie reprend son cours , avec son cortège de servitudes , et ses cornes d'abondance d'illusions .

Mais même si l'hiver glacial s'agrippe à notre cœur comme un mendiant affamé et qu'il met à mal nos bonnes résolutions, l'on se raccroche à l'idée qu'il ne fera pas un festin de notre âme , car , de quelque religion que l'on soit  , ne perdons jamais de vue  que nous sommes tous les étincelles du divin,  et que brûlera en nous la flamme inextinguible de l'espérance pour les siècles des siècles .

jeudi 19 décembre 2013

Pour Athénaïs, quand elle sera en âge de comprendre...

Paris , à l'approche de Noël , me fait immanquablement penser à la forteresse de Dunsinane dans la tragédie de Macbeth .  Elle devient le lieu où la prophétie des "trois soeurs fatales " prend racine . N'avaient-elles pas  prédit au sanglant usurpateur  qu'il ne serait pas vaincu tant que la forêt de Birnam ne se mettrait pas en marche en direction de Dunsinane? Or, force est de constater que la capitale est en état de siège quand les légions de  sapins, destinés à boiser nos logis , colonisent les trottoirs. Ce sont des régiments entiers qui font le déplacement pour nous permettre de célébrer dignement la venue du Messie. Ils se tiennent sagement au garde-à-vous sur le bitume , avec, pour toute armure, leur parure d'aiguilles.

Or, ces rangées de guerriers immobiles ne sont en fait qu'un avatar des tribus d'Indiens d'Amérique parqués dans une réserve , déracinés,  et pleurant des larmes de résine sur leur sort. Pire encore , ils ne sont pas sans évoquer des esclaves sur un marché, que des acheteurs viennent  jauger du regard et soupeser avant de les saisir sans égard , et de les  conduire en leur ultime demeure . Conifères majestueux  , ils verront leurs bras se charger  de décorations de pacotille , comme ces verroteries utilisées dans le commerce triangulaire en guise de monnaie d'échange . Puis, quand  leur heure  sonnera ,  ils seront expulsés sans ménagement des salons où ils trônaient , et finiront leur vie sur un trottoir , gisant épars au milieu des sacs de déchets , un beau matin de Janvier.

 Les résineux ne sont pas les seuls à coloniser les rues de Paris . Des villages entiers de chalets de fortune, alignés géométriquement comme ces pavillons de banlieues américaines , proposent aux passants des produits régionaux ou de la bimbeloterie artisanale . Les Champs-Elysées sont réquisitionnés en cette occasion. Du Rond Point à la Place de la Concorde , la plus belle avenue du monde égrène un chapelet de constructions de bois éphémères qui proposent tout et n'importe quoi . Fort heureusement  , seuls les touristes  s'y laissent prendre . Les Parisiens de souche préfèrent se laisser gagner par la fièvre acheteuse dans les temples dédiés au Dieu Mammon , implantés Boulevard Haussmann .

Moi-même, je ne peux résister à la tentation de flâner devant les vitrines de ces Grands Magasins. C'est que chacune d'entre elles nous convie à un spectacle tout droit sorti des fables et nous fait replonger dans le monde onirique de l'enfance . Dans des décors féeriques , l'on y voit évoluer gracieusement des poupées et des peluches sur des musiques de ballets . Les charmants jouets prennent vie comme par enchantement , et l'on est soudain  prêt à suspendre notre jugement et à croire que , oui , ces objets inanimés ont bien une âme , et qu' il ne tient qu'à nous de guetter les signes imperceptibles qu'ils nous adressent dans le monde immanent.

Mais le réel reprend malheureusement ses droits , aussitôt que nos yeux se posent sur le savant mécanisme de poulies actionnant des fils invisibles . La magie est rompu . Adieu licornes et chimères , elfes des bois et fées ! De même, le vieil homme jovial à la barbe blanche et à l'habit rouge n'a jamais existé que dans les contes . C'est un imposteur qui endosse son rôle dans les paysages verglacés de la Laponie. Et cependant,  les centaines de clones qui usurpent son identité dans les villes du monde ne sont jamais punis .  C'est que le plus grand mensonge de l'humanité doit perdurer pour que l'imaginaire des bataillons d'enfants en marche vers l'avenir puisse se déployer . Alors pour qu'ils puissent dire un jour " I have a dream" , laissons-les rêver au Père Noël s'élançant dans son traineau vers les étoiles pour leur apporter le bien le plus précieux qui soit, mais aussi le plus fragile : la joie de vivre.

samedi 14 décembre 2013

Lieu de perdition au siècle dernier , fortement réprouvé par la morale bourgeoise, le bar était le refuge des âmes balafrées , malmenées par la vie , qui y venaient recueillir un peu de chaleur et d'évasion dans une rasade de vin ou une gorgée d'absinthe . Leur fréquentation y était essentiellement masculine , ce qui engageait les filles de joie à s'y hasarder , car point de meilleur remède que les spiritueux pour délier les langues et surtout les cordons de la bourse .

Les temps ont changé . Cette  institution tant décriée a connu une réhabilitation au cours de la dernière décennie qui en a fait l'endroit le plus couru de Paris. C'est qu'il était grand temps pour lui de redorer son  blason ! Certains pâtissaient d'une très mauvaise réputation . Alors il a bien fallu redéfinir leur vocation . Le comptoir se devait de rester. Qui songerait à retirer un autel d'une église? Mais ce qui s'y trouvait derrière se devait d'être accommodé au goût du jour . Le bar à vins s'est vu  concurrencer par un nouveau venu, le bar à bulles ! Du même coup , on a assisté à la désacralisation du champagne . Plus besoin de cérémonie pour tremper ses lèvres dans ce divin breuvage.Avec lui,  c'est l'avènement du n'importe où et du n'importe quand . Paris est une fête ! Hemingway ne s'y est pas trompé.


Les bars à vins n ont pas été les seuls à trinquer . Les bistrots ont eux aussi été contraints de constater leur  déclin . Il faut dire que l éventail est large entre les bars à soupes , bars à tapas , bars à sushi et bars à pâtes . De quoi satisfaire les caprices de tous les estomacs . Chose inestimable , l'on nous épargne la lecture indigeste de cartes touffues propres à  écœurer les plus voraces d'entre nous . Plus de dilemme cornélien quant au choix du plat , puisque le principe est de proposer un seul mets, décliné sous plusieurs formes .

Comble de l'ironie , le bar , autrefois réservé principalement à la gent masculine , change de cap en se dévouant corps et âme aux femmes . Et pas n'importe lesquelles . Celles soucieuses de leur apparence et de leur bien-être . Celles qui font de l'artifice une arme fatale . Bars à chignons ou bars à franges , bars à ongles , bars à cils ou à sourires, il y en a pour tous les goûts . Les dents des femmes n'ont jamais été aussi blanches , et leurs ongles et leurs cils , aussi longs . Les hommes ont de quoi se faire du souci .

Et puis , si l'on est en manque affectif , rien de tel qu'un bar à chats . Non pas pour en consommer la chair , ni pour en revêtir la fourrure , mais pour bénéficier des vertus thérapeutiques de leur ronron . Enfin, si , après tout cela, l'on a envie de piquer du nez , pourquoi ne pas tenter le bar à siestes ? Bon, c'est sûr , il faut être certain que son voisin immédiat ne soit pas tenté de pousser un ronflement inopportun . Malheureusement, on ne peut jamais prévoir ce genre de choses . Au pire , si cela vous arrive , restez zen. Vous n'aurez qu'à traverser la rue et prendre un verre au premier bar du coin. Au moins , celui-ci, il ne vous décevra pas.


jeudi 5 décembre 2013

La  vie n'est qu'un passage sur cette terre , plus ou moins bref selon les êtres vivants . Admirez ce papillon irisé qui butine cette rose  ! Tous deux offrent le spectacle le plus charmant qui soit , mais aussi le plus fugace  . Demain , ils rejoindront  la terre qui les a vus naître . L'un aura juste le temps de prendre son envol , l'autre juste celui d'éclore .

Mais si le beau est éphémère, le sublime est immortel. Car il est ce qui dépasse le beau , ce qui le transcende . Ce qui défie notre imagination et fait tressaillir notre âme . Ce qui nous donne la mesure de la démesure . Ce qui nous coupe le souffle en ouvrant un abîme à nos pieds.  Dans le domaine  pictural , les oeuvres  de Caspar David Friedrich nous  précipitent brutalement dans un état émotionnel où l'effroi jaillit de la  grandeur . Le face-à-face terrifiant avec la nature , qu 'elle soit  gouffre ou immensité polaire , nous fascine , car il nous fait prendre conscience de notre insignifiance et de notre fragilité . L'homme y est représenté comme spectateur d une réalité hors norme , proche et distante à la fois , souvent terrifiante . Mais il n'en demeure pas moins impassible et serein . Comme s'il avait subitement compris qu' il n'y a pas de plus grand danger que celui que l'on porte en soi .

Caspar Friedrich a lu probablement Shakespeare , peintre par excellence de la démesure humaine . Les grandes tragédies du Barde immortel , comme le surnomment les Anglais , laissent en leur sillage cruauté  et désolation tout autant qu'elles dessinent  sur notre front le sillon de la sagesse . C'est le sublime dans toute sa splendeur horrifiante qui est livré en pâture à nos oreilles,  bercées par la cadence poétique du pentamètre ïambique . Le dramaturge élisabéthain réussit à ouvrir nos yeux sur  l'innommable tout en charmant nos oreilles . Coup de maître jusque-là inégalé!


Mais paradoxe des paradoxes , les monstres qu'il nous dépeint , nous les aimons . Nous les prenons même en pitié quand ils sont finalement  broyés par l'engrenage fatal qu'ils ont mis en marche . Que ce soit Richard III ou Macbeth , fratricide ou régicide , peu importe ! Tout monstres qu' ils sont , ils  n' en sont pas moins humains, et donc faillibles . Ils ont eu le temps d'apprivoiser notre hantise du mal en nous guidant , pas à pas , dans les replis de leur conscience . Et nous avons partagé avec eux cette hubris autodestructrice , nous avons frôlé les précipices avec eux , mais nous n'y avons pas sombré , plongés dans la sidération, semblables au  témoin impassible d'une toile de Caspar Friedrich .

C'est cela que l'on appelle le génie . La capacité à nous purger du mal tout en nous le rendant séduisant .  Nous savons que le chaos est tapi dans la boîte de Pandore de notre âme et qu'il peut faire irruption dans notre vie à tout moment . Nous savons aussi que la vie ne tient qu'à un fil , qu'elle est l'eau qui s'écoule du temps , et que la clepsydre se vide inexorablement . Alors gorgeons-nous de sublime ! Lui seul perdure . Le beau n'est que transitoire , comme ce papillon qui va mourir ou cette rose qui se fane . Confrontons-nous à nos démons et n'ayons peur d'être laids . Ecoutons religieusement les trois sorcières de  Macbeth " Fair is foul and foul is fair " , "le beau est immonde  , l'immonde beau  ". Après cela , nous n'aurons plus peur de  vivre .

vendredi 29 novembre 2013

Il faut bien le reconnaître , la notion de perte est inscrite de façon indélébile  dans la peau de chagrin de  l'existence  humaine . Qu'elle soit matérielle ou affective , personne n'y échappe . Mais perdre, cela ne veut pas toujours dire être perdant . D'où l'ambivalence du concept ,  sorte de Janus bifrons  , aigle bicéphale  qui plane au dessus de nos têtes et transforme  ses proies en phoenix renaissant de leurs cendres . Car paradoxalement, perdre, dans bien des cas , signifie aussi gagner .

Le deuil de notre  enfance est la première perte qui nous est infligée , biologiquement parlant . Personne ne peut s y soustraire .  D'abord la métamorphose de notre corps nous y contraint , bon gré , mal gré . Puis il faut nous astreindre  à "jouer" à l'adulte à un moment ou à un autre , même si nous n'en devenons jamais un, à proprement parler . L'accession à des responsabilités , qu'elles soient professionnelles ou familiales , nous expulse violemment et irréversiblement de ce "vert paradis " , ou , pour les plus malchanceux d'entre nous , de cet enfer . Dans le dernier cas , le deuil est interminable.  L'enfant hurlant ne cesse de s'agripper aux jupes de l'inconscient de l'adulte que nous sommes condamnés à jouer sur la scène du monde . Il conduit certains au meurtre , d'autres au suicide.

La deuxième perte à laquelle nous sommes un jour ou l'autre confrontés est la perte d'un proche .  Le bouillon de culture familial , premier terreau où germe l'attachement affectif , devient aussi le lieu de nos premiers deuils . Un parent qui part sans laisser d'adresse ( la mort représentant l'adresse la plus ultime  qui soit ), ou qui en choisit une différente, divorce oblige , nous met face à face à une béance mortifère qui happe notre besoin viscéral d'ancrage . C'est la rencontre forcée avec la première perte de repères , mais c'est aussi l'occasion d'un gain inestimable , celui de la prise de conscience de notre résilience , de notre aptitude à "faire avec" la perte et à ne pas se laisser broyer par elle .

Et de fait , cet apprentissage précoce nous donne ensuite les armes pour lutter efficacement contre les pertes à venir . Celle, inéluctable, de l'être aimé, par exemple . L'amour éternel, il n'existe que dans les contes de fées . Au XXIe siècle, les baguettes magiques ont disparu , et le récit se clôt invariablement par : " Ils ne vécurent pas heureux et eurent peu d enfants ". A cela, une explication: l'on aime toujours l'autre pour les mauvaises raisons . Parce qu il nous distrait de nous-mêmes dont nous commençons à nous ennuyer , ou parce qu'il nous rappelle notre parent réfèrent , auquel nous sommes indéfectiblement liés, pour le meilleur ou pour le pire . Et c'est pour cela que les ruptures sont toujours synonymes de déchirement , car elles sont vécues par l'enfant qui nous hante comme la plus injuste des punitions . Elles nous reconduisent sans égard  dans le cachot de notre ego et nous soumettent à un sevrage forcé d'affection .

Mais, à y bien réfléchir , le cachot n'en est pas un, et le sevrage est des plus salutaires . La solitude n'est une cilice que pour les humains qui ne s'aiment pas et qui s'incarcèrent dans un désamour réflexif . Pour les autres,  ceux qui échappent au maléfice,  la perte est perçue comme un mal nécessaire et non comme une rétribution . Ils ont compris que mieux vaut perdre l'autre plutôt que  risquer de se perdre, et qu'il n'est pas de plus grande victoire que celle de se retrouver soi-même , et renaître de ses cendres.






dimanche 24 novembre 2013


Les préfixes gréco-latins  , il y en a qu'on aime bien, et d'autres qu'on aime moins . Pour Les bipèdes que nous sommes , par exemple , mieux vaut être en mode "bi" qu'en mode "mono". Normal ! Il faudrait être maso pour aimer le monde monochrome où nous vivons , où l'on nous débite sur un ton monocorde le plus monotone des discours . On ne cesse en effet de nous rabattre les oreilles avec  le danger des monopoles , les affres des familles monoparentales , les crimes de monaniaques , et les épidémies de mononucléoses.  De sorte que vivre en solo , de nos jours , apparaît comme le plus terrible des fléaux, et que certains couples infernaux préfèrent se laisser gagner par la décomposition plutôt que de risquer l'implosion et la dispersion de leurs deux composants . 

C'est que dans notre société bien-pensante , vivre seul n'est guère vu d'un bon œil. Cela suppose des vices cachés : une homosexualité latente , une hérédité pesante, ou un comportement déviant . Si l'on s'apitoie sur le sort des specimens humains fraîchement divorcés , on ne tarde pas à suspendre l'épée de Damoclès au-dessus de leur tête s'ils ne retrouvent pas assez vite un cavalier ou une cavalière . Et l'on est même soulagé de voir que des campagnes publicitaires leur proposent des sites de rencontre calibrés.

C'est qu'ils sont chouchoutés , les infortunés éclopés de la vie . Ils en ont assez bavé, alors ils doivent vite remonter en selle et jouir à nouveau des bienfaits de la vie . Il leur tarde de reprendre goût à l'entente bilatérale, aux  promenades à bicyclette , aux voyages en bimoteur pour assister à la biennale , et aux  bains de soleil en bikini sur les plages des Bahamas . Et si l'on ne se suffit pas à deux , pourquoi ne pas tenter l'expérience à trois, vu que certains explorent la bisexualité sur le tard . 

Moi, je peux vous dire une chose , les préfixes " mono " et " bi" , je n'en veux pas .  Je suis plutôt du genre "poly" et "multi". On est mégalo, ou on ne l'est pas. J'aime le multimédia , les marbres polychromes , les gens polyvalents , les films multilingues , les robes multicolores , et surtout les religions polythéistes . C'est bien commode quand on est célibataire et qu'on ne sait plus à quel saint se vouer . Il suffit de prier Vénus pour qu'elle nous envoie son Cupidon , et le tour est joué . Si elle est occupée , on peut , en attendant , s'enivrer avec  Bacchus ou mieux encore , deviser avec la sage Athéna . Elle, au moins , si elle n'est pas sortie de la cuisse de Jupiter, elle en est sortie de son crâne. En plus , vu qu'elle est armée et qu'elle est loin d'être une écervelée  , elle saura nous protéger  et surtout nous éviter de nous enticher du premier hominidé qui nous aura été présenté.Car comme chacun sait, mieux vaut être seule que mal accompagnée!



jeudi 21 novembre 2013

Moi qui voue une passion aux paradoxes , je dois dire que je suis servie , depuis que nous naviguons sur l'océan de la mondialisation . Si notre planète est devenue un village , inversement le "village" dans lequel nous vivons est devenu une planète . Car les habitants qui le peuplent, aussi proches qu'ils puissent être de nous géographiquement , sont aussi éloignés de nous que les occupants d'une galaxie lointaine .

Prenons l'exemple de nos voisins . Connaissez-vous les vôtres ? Pas si sûr. Peut-être certaines circonstances fâcheuses vous ont-elles mis en présence de l'un d'entre eux. Un dégât des eaux , vraisemblablement, ou quelque nuisance sonore nocturne , submergeant votre désir de plonger dans cette phase de sommeil que l'on nomme paradoxal . Une chose est sûre , vous n'avez , après cela , aucune envie de les rencontrer à nouveau . Ni sur terre , ni au ciel . Et pour cause. Ils sont le miroir de la réalité humaine que vous tentez de fuir aussitôt rentrés chez vous .

En revanche, vous avez plus de mal à vous passer  de la compagnie  d'internautes invisibles, même s'ils sont trop volubiles . Après tout , vous pouvez les laisser pérorer autant qu'ils le souhaitent . Ils n'exigent de vous aucun effort . Et si vous jugez qu'ils manifestent une volonté d'ingérence un peu trop marquée dans votre vie , il vous suffit de les éliminer de votre salon virtuel en un clic . Pourquoi donc s'en priver ? Point de compte à rendre . Au diable la susceptibilité ! D'ailleurs , vous ne connaissez d'eux que ce qu'ils veulent vous montrer , et ils se gardent bien de promouvoir leurs failles.

Un de perdu , dix de retrouvés, dit le proverbe , sauf que la boulimie ambiante d'échanges, qui ne manque pas de nous contaminer, nous oriente plus vers le millier que la dizaine . Ce ne sont plus des salons virtuels dans lesquels nous causons,  mais des quais de gare . Que dis-je ! Des aéroports internationaux , car , il faut bien le reconnaître, l'on ne véhicule plus notre pensée dans notre langue vernaculaire . Il y a des lustres que cette dernière a perdu de son lustre , éclipsée par sa voisine d'outre-Manche.  Et si l'envie de communiquer avec des Lapons nous en prend, et que le gap langagier devient trop difficile à combler , reste le recours aux pictogrammes , plus connus sous le nom d'emoticons , ou , pour les plus sophistiqués , d'emojis.

Mais la multiplicité des échanges et des langages ne peut masquer une vérité unique. Quand bien même nous converserions avec les trois quarts de la planète  , nous n'en serions pas moins acculés à une solitude sidérale devant nos écrans numériques. Repliés dans un confort fœtal , aspirant à redevenir des  embryons , nous nous croyons  immergés dans la matrice maternelle alors que nous nous asphyxions dans la Matrix virtuelle . Malraux avait raison : " Le XXIème siècle sera religieux ou ne sera pas ", à ceci près que le Dieu que nous avons choisi ne nous relie pas entre nous , mais nous lie inextricablement à nous-mêmes , et nous condamne à vivre dans un néant relationnel des moins salutaires.

dimanche 17 novembre 2013

mardi 12 novembre 2013

On nous parle de la croissance exponentielle des divorces dans notre capitale . Les statistiques l'attestent . Ouvrir un cabinet d'avocat spécialisé dans le droit de la famille devient , dès lors , une affaire fort rentable . En effet , les candidats au divorce ont généralement l'imprudente impudence de demander des comptes  au conjoint désireux de rompre l'hymen . On les comprend . Perdre son statut d'époux ou d'épouse dans notre société conservatrice , cela demande réparation. Les duels étant proscrits , il ne reste à l'époux bafoué qu'à  confier aux ténors du barreau  la mission de venger l'opprobre .  Or certains groupes de réflexion , sans doute émus par la faillite de cette institution sacrosainte ,  ou plus vraisemblablement attirés par l'appât du gain , ont trouvé une solution infaillible pour parer à ces déballages obscènes de vie commune lors des audiences juridiques. Et voilà que les sites de rencontres extra-conjugales ont vu le jour !

 Jusqu'à présent , les sites de rencontre ne visaient qu' un public bien particulier , celui des  célibataires fraîchement  largués de préférence , et comptant bien ne plus le rester en quelques clics . Il est vrai que les photos  des impétrants au titre de compagnon ou compagne idéals ont de quoi laisser rêveur. Il faut séduire à tout prix , donc tous les moyens sont bons pour gommer sillon nasogénien, nez aquilin , ou calvitie naissante . La fée Photoshop s'avére une alliée de choix . Un coup de baguette magique et vous voilà doté(e)d un physique de jeune premier ou de belle ingénue du bal des débutantes . Mais bon,le grand saut du virtuel au réel , il faut bien le faire un jour . Adieu veaux , vaches , cochons , disent certaines. Enfin , pas les cochons , vu qu' il faut bien le dire , la majorité des membres masculins de ces sites n'ont en tête que la satisfaction de leur instincts les plus vils . Et ce mince détail n'a pas échappé à l'attention de certains observateurs , soucieux de redorer le blason du mariage , ou du moins de ternir celui du divorce .

Pourquoi risquer de perdre sa chemise dans des procédures juridiques coûteuses , alors qu'il suffit juste de la retirer , et rouler des mécaniques devant une complice trop contente de raviver une libido en berne ? Après tout , les deux partenaires n'ont en tête que la préservation de leur couple respectif . Ils œuvrent pour le bien de leur conjoint cocu , tout en se faisant du bien par la même occasion. Tout le monde y trouve son compte . La discrétion est assurée . Plus de péril en la demeure , le démon de midi n'est plus diabolisé , et la crise de la quarantaine , évitée . Certains hôtels ont même saisi l'opportunité au vol et conçu des forfaits d'occupation des chambres pour "rendez-vous coquins". Ils proposent ainsi aux tourtereaux de passer quelques heures à roucouler en toute impunité . Après quoi les infidèles se séparent et  retournent , la conscience tranquille, dans leur logis ,  jouer à l'époux ou à l'épouse irréprochable .

Ne nous abusons pas . L'adultère a existé de tout temps . Qui n'a entendu parler du droit de cuissage intronisé à l'époque médiévale ? Qui n' a eu vent de l'existence des maisons closes , ou , pour parler plus vulgairement , des bordels ? Et les clubs libertins , parlons-en. Il paraît qu'ils jouissent d'un prestige grandissant auprès de certains mâles ou femelles concupiscents . Mais enfin,  convenons-en , les doubles vies n'ont rien de bien glorifiant . Et les adeptes de cette pratique finissent , un jour ou l'autre , par payer un lourd tribut à leur penchant pour la dissimulation.   C'est en pâture que ces monstres lubriques  sont livrés à des avocats cupides et la vindicte populaire se charge de réduire à néant leur réputation .



vendredi 8 novembre 2013

Il y a certains livres que l'on n'a jamais envie de terminer tellement l'on aime s'y calfeutrer pour échapper aux tumultes de la vie. Il y en a d'autres que l'on n'a jamais envie de terminer car l'on en connaît déjà la fin , et qu'elle nous chagrine . Petite fille, je m'enfuyais quand ma mère abordait le dernier chapitre du Petit Prince . J'ai grandi depuis , mais je refuse toujours de le lire .

C'est que j'en étais amoureuse , du Petit Prince. Il me rendait le sourire , lui et ses histoires de mouton dans le désert . Et puis son entêtement à toujours vouloir  poser des questions me rappelait le mien . Je n'étais plus seule au monde . Un petit garçon aux cheveux couleur d'or , venu d'une étoile lointaine, voulait, lui aussi, percer le mystère des hommes .

Il en avait déjà rencontré , des hommes , sur d'autres planètes, après avoir quitté la sienne  . Un monarque , un vaniteux, un allumeur de réverbères et un géographe , entre autres.  Mais ce n'étaient pas des hommes intéressants . D'autant qu'ils ne lui accordaient  pas grande attention . Ils étaient trop occupés à s'adonner à des activités incompréhensibles . Certains en avaient même perdu le sens commun.

 Alors le petit prince  a pris son courage à deux mains et a tenté sa chance en visitant la Terre . Là , en plein désert , il a enfin trouvé une grande personne qui avait conservé son âme d'enfant . Et il lui a raconté son histoire . Son amour pour une rose coquette et pour les couchers de soleil ; sa manie de déraciner les baobabs et de ramoner les volcans . Sa rencontre surtout avec un renard pas comme les autres. Un renard qui s'est laissé apprivoiser et qui lui a confié un  secret inestimable .

Voilà. Je ne peux pas en dire plus . Je n'ai jamais voulu entendre la suite . Elle est trop triste, paraît-il, et je ne veux pas grandir .  Une chose est sûre cependant .  Quand la nuit tombe et que le ciel se paillète d'or , je ne manque jamais de  regarder les étoiles . Car je sais qu'il est sur l'une d'elles , qu'il a retrouvé sa rose et qu'ils  contemplent tous les deux , en amoureux , des couchers de soleil fabuleux.

jeudi 7 novembre 2013

Dans la communauté des héros intergalactiques , Albator jouit d'un statut particulier : Il est l'incarnation du héros ambivalent. S'il consacre sa vie à éradiquer le mal , il n'en demeure pas moins un pirate, dont l'emblème favori est la tête de mort .

Heureusement pour nous , il se démarque physiquement de l'archétype du corsaire unijambiste à la barbe hirsute . Par sa morphologie exquise , il nous séduit  . Son corps élancé , ses cheveux mi- longs, sa longue cape noire et son sabre de samouraï lui confèrent une élégance toute aristocratique . Même sa balafre et le bandeau de soie noire qui pointe sa borgnitude lui apportent un supplément de distinction .

C'est qu'il est de la race des seigneurs . Le trône médiéval sur lequel il règne et son majestueux vaisseau spatial trahissent son goût pour le raffinement . Il n'est pas un homme comme les autres. C'est un esthète . Et les créatures qui l'entourent reflètent son penchant pour le beau . Que ce soit Esméralda  ou Nausica,  les personnages féminins dans son ombre  sont dotés d'un pouvoir de séduction indéniable .

Même ses ennemies sont des êtres envoûtants. On ne peut manquer de tomber sous le charme de ces sylvidres filiformes  aux yeux luminescents. Elles ont le regard pétrifiant  de la Gorgone  Méduse  et sont aussi impitoyables que  les Parques qui coupent les fils de la destinée humaine . Car seule une froideur de glace se lit sur leur front d albâtre . Somme toute , elles incarnent la féminité dans tout ce qu'elle a de castrateur .

Face à elles , il sait tenir la barre . C'est un capitaine de navire aguerri qui a essuyé beaucoup de tempêtes dans sa vie . A commencer par la mort de sa bien-aimée . Son cœur en porte la cicatrice éternelle . Héros romantique par excellence , Il ne se résout pas à faire le deuil .  On lui pardonne dès lors son mutisme , et son inclination pour la solitude . C'est un homme blessé , et par là-même fragile.

C'est pour cela qu 'il fait notre conquête si facilement . Il n a pas besoin de faire montre de prouesses verbales pour gagner notre amour . Nous sommes toutes acquises à sa cause . Car l'on sait trop ce que la perte d'un être cher génère comme douleur . Alors on fait corps avec lui dans son combat contre les forces maléfiques de l'univers . Et surtout dans son combat contre la part d'ombre qui est en lui , qui est en nous . Car , ne le nions pas  , nous portons tous une balafre à notre âme , et nous hissons inlassablement , chaque jour , le pavillon de l'espérance au mât de notre vie .