Lieu de perdition au siècle dernier , fortement réprouvé par la morale
bourgeoise, le bar était le refuge des âmes balafrées , malmenées par la
vie , qui y venaient recueillir un peu de chaleur et d'évasion dans
une rasade de vin ou une gorgée d'absinthe . Leur fréquentation y était
essentiellement masculine , ce qui engageait les filles de joie à s'y
hasarder , car point de meilleur remède que les spiritueux pour
délier les langues et surtout les cordons de la bourse .
Les temps ont changé . Cette institution tant décriée a connu une réhabilitation au cours
de la dernière décennie qui en a fait l'endroit le plus couru de Paris. C'est
qu'il était grand temps pour lui de redorer son blason ! Certains pâtissaient d'une très mauvaise
réputation . Alors il a bien fallu redéfinir leur
vocation . Le comptoir se devait de rester. Qui songerait à retirer un
autel d'une église? Mais ce qui s'y trouvait derrière se devait d'être
accommodé au goût du jour . Le bar à vins s'est vu concurrencer par
un nouveau venu, le bar à bulles ! Du même coup , on a assisté à la
désacralisation du champagne . Plus besoin de cérémonie pour tremper ses lèvres dans ce divin breuvage.Avec lui, c'est l'avènement du n'importe où et du n'importe quand . Paris est une
fête ! Hemingway ne s'y est pas trompé.
Les bars à vins n ont pas été les seuls à trinquer . Les bistrots ont
eux aussi été contraints de constater leur déclin . Il faut dire que l
éventail est large entre les bars à soupes , bars à tapas , bars à sushi
et bars à pâtes . De quoi satisfaire les caprices de tous les estomacs . Chose inestimable , l'on nous épargne la lecture indigeste de cartes
touffues propres à écœurer les plus voraces d'entre nous . Plus de
dilemme cornélien quant au choix du plat , puisque le principe est de
proposer un seul mets, décliné sous plusieurs formes .
Comble de l'ironie , le bar , autrefois réservé principalement à la gent
masculine , change de cap en se dévouant corps et âme aux femmes . Et pas n'importe
lesquelles . Celles soucieuses de leur apparence et de leur bien-être .
Celles qui font de l'artifice une arme fatale . Bars à chignons ou bars
à franges , bars à ongles , bars à cils ou à sourires, il y en a pour
tous les goûts . Les dents des femmes n'ont jamais été aussi blanches ,
et leurs ongles et leurs cils , aussi longs . Les hommes ont de quoi se
faire du souci .
Et puis , si l'on est en manque affectif , rien de tel qu'un bar à chats
. Non pas pour en consommer la chair , ni pour en revêtir la fourrure , mais pour bénéficier des vertus thérapeutiques de leur ronron . Enfin, si , après tout cela, l'on a envie de piquer du nez , pourquoi ne pas tenter le bar à
siestes ? Bon, c'est sûr , il faut être certain que son voisin
immédiat ne soit pas tenté de pousser un ronflement inopportun . Malheureusement, on ne
peut jamais prévoir ce genre de choses . Au pire , si cela vous arrive ,
restez zen. Vous n'aurez qu'à traverser la rue et prendre un verre au
premier bar du coin. Au moins , celui-ci, il ne vous décevra pas.
"WE ARE SUCH STUFF AS DREAMS ARE MADE ON, AND OUR LITTLE LIFE IS ROUNDED WITH A SLEEP". La citation de Shakespeare qui inaugure mon blogue résume magistralement ma vision de l'existence humaine. Nous sommes faits de l'étoffe des songes, et notre courte vie se clôt par un long sommeil. Alors, plutôt que de rêver notre vie, vivons nos rêves! Et faisons éclater en infimes particules de sens jubilatoires le monde qui nous entoure.
samedi 14 décembre 2013
jeudi 5 décembre 2013
La vie n'est qu'un passage sur cette terre , plus ou moins bref selon
les êtres vivants . Admirez ce papillon irisé qui butine cette rose !
Tous deux offrent le spectacle le plus charmant qui soit , mais aussi le
plus fugace . Demain , ils rejoindront la terre qui les a vus naître .
L'un aura juste le temps de prendre son envol , l'autre juste celui d'éclore .
Mais si le beau est éphémère, le sublime est immortel. Car il est ce qui dépasse le beau , ce qui le transcende . Ce qui défie notre imagination et fait tressaillir notre âme . Ce qui nous donne la mesure de la démesure . Ce qui nous coupe le souffle en ouvrant un abîme à nos pieds. Dans le domaine pictural , les oeuvres de Caspar David Friedrich nous précipitent brutalement dans un état émotionnel où l'effroi jaillit de la grandeur . Le face-à-face terrifiant avec la nature , qu 'elle soit gouffre ou immensité polaire , nous fascine , car il nous fait prendre conscience de notre insignifiance et de notre fragilité . L'homme y est représenté comme spectateur d une réalité hors norme , proche et distante à la fois , souvent terrifiante . Mais il n'en demeure pas moins impassible et serein . Comme s'il avait subitement compris qu' il n'y a pas de plus grand danger que celui que l'on porte en soi .
Caspar Friedrich a lu probablement Shakespeare , peintre par excellence de la démesure humaine . Les grandes tragédies du Barde immortel , comme le surnomment les Anglais , laissent en leur sillage cruauté et désolation tout autant qu'elles dessinent sur notre front le sillon de la sagesse . C'est le sublime dans toute sa splendeur horrifiante qui est livré en pâture à nos oreilles, bercées par la cadence poétique du pentamètre ïambique . Le dramaturge élisabéthain réussit à ouvrir nos yeux sur l'innommable tout en charmant nos oreilles . Coup de maître jusque-là inégalé!
Mais paradoxe des paradoxes , les monstres qu'il nous dépeint , nous les aimons . Nous les prenons même en pitié quand ils sont finalement broyés par l'engrenage fatal qu'ils ont mis en marche . Que ce soit Richard III ou Macbeth , fratricide ou régicide , peu importe ! Tout monstres qu' ils sont , ils n' en sont pas moins humains, et donc faillibles . Ils ont eu le temps d'apprivoiser notre hantise du mal en nous guidant , pas à pas , dans les replis de leur conscience . Et nous avons partagé avec eux cette hubris autodestructrice , nous avons frôlé les précipices avec eux , mais nous n'y avons pas sombré , plongés dans la sidération, semblables au témoin impassible d'une toile de Caspar Friedrich .
C'est cela que l'on appelle le génie . La capacité à nous purger du mal tout en nous le rendant séduisant . Nous savons que le chaos est tapi dans la boîte de Pandore de notre âme et qu'il peut faire irruption dans notre vie à tout moment . Nous savons aussi que la vie ne tient qu'à un fil , qu'elle est l'eau qui s'écoule du temps , et que la clepsydre se vide inexorablement . Alors gorgeons-nous de sublime ! Lui seul perdure . Le beau n'est que transitoire , comme ce papillon qui va mourir ou cette rose qui se fane . Confrontons-nous à nos démons et n'ayons peur d'être laids . Ecoutons religieusement les trois sorcières de Macbeth " Fair is foul and foul is fair " , "le beau est immonde , l'immonde beau ". Après cela , nous n'aurons plus peur de vivre .
Mais si le beau est éphémère, le sublime est immortel. Car il est ce qui dépasse le beau , ce qui le transcende . Ce qui défie notre imagination et fait tressaillir notre âme . Ce qui nous donne la mesure de la démesure . Ce qui nous coupe le souffle en ouvrant un abîme à nos pieds. Dans le domaine pictural , les oeuvres de Caspar David Friedrich nous précipitent brutalement dans un état émotionnel où l'effroi jaillit de la grandeur . Le face-à-face terrifiant avec la nature , qu 'elle soit gouffre ou immensité polaire , nous fascine , car il nous fait prendre conscience de notre insignifiance et de notre fragilité . L'homme y est représenté comme spectateur d une réalité hors norme , proche et distante à la fois , souvent terrifiante . Mais il n'en demeure pas moins impassible et serein . Comme s'il avait subitement compris qu' il n'y a pas de plus grand danger que celui que l'on porte en soi .
Caspar Friedrich a lu probablement Shakespeare , peintre par excellence de la démesure humaine . Les grandes tragédies du Barde immortel , comme le surnomment les Anglais , laissent en leur sillage cruauté et désolation tout autant qu'elles dessinent sur notre front le sillon de la sagesse . C'est le sublime dans toute sa splendeur horrifiante qui est livré en pâture à nos oreilles, bercées par la cadence poétique du pentamètre ïambique . Le dramaturge élisabéthain réussit à ouvrir nos yeux sur l'innommable tout en charmant nos oreilles . Coup de maître jusque-là inégalé!
Mais paradoxe des paradoxes , les monstres qu'il nous dépeint , nous les aimons . Nous les prenons même en pitié quand ils sont finalement broyés par l'engrenage fatal qu'ils ont mis en marche . Que ce soit Richard III ou Macbeth , fratricide ou régicide , peu importe ! Tout monstres qu' ils sont , ils n' en sont pas moins humains, et donc faillibles . Ils ont eu le temps d'apprivoiser notre hantise du mal en nous guidant , pas à pas , dans les replis de leur conscience . Et nous avons partagé avec eux cette hubris autodestructrice , nous avons frôlé les précipices avec eux , mais nous n'y avons pas sombré , plongés dans la sidération, semblables au témoin impassible d'une toile de Caspar Friedrich .
C'est cela que l'on appelle le génie . La capacité à nous purger du mal tout en nous le rendant séduisant . Nous savons que le chaos est tapi dans la boîte de Pandore de notre âme et qu'il peut faire irruption dans notre vie à tout moment . Nous savons aussi que la vie ne tient qu'à un fil , qu'elle est l'eau qui s'écoule du temps , et que la clepsydre se vide inexorablement . Alors gorgeons-nous de sublime ! Lui seul perdure . Le beau n'est que transitoire , comme ce papillon qui va mourir ou cette rose qui se fane . Confrontons-nous à nos démons et n'ayons peur d'être laids . Ecoutons religieusement les trois sorcières de Macbeth " Fair is foul and foul is fair " , "le beau est immonde , l'immonde beau ". Après cela , nous n'aurons plus peur de vivre .
vendredi 29 novembre 2013
Il faut bien le reconnaître , la notion de perte est inscrite de façon
indélébile dans la peau de chagrin de l'existence humaine . Qu'elle
soit matérielle ou affective , personne n'y échappe . Mais perdre, cela
ne veut pas toujours dire être perdant . D'où l'ambivalence du concept ,
sorte de Janus bifrons , aigle bicéphale qui plane au dessus de nos
têtes et transforme ses proies en phoenix renaissant de leurs cendres . Car paradoxalement, perdre, dans bien des cas ,
signifie aussi gagner .
Le deuil de notre enfance est la première perte qui nous est infligée , biologiquement parlant . Personne ne peut s y soustraire . D'abord la métamorphose de notre corps nous y contraint , bon gré , mal gré . Puis il faut nous astreindre à "jouer" à l'adulte à un moment ou à un autre , même si nous n'en devenons jamais un, à proprement parler . L'accession à des responsabilités , qu'elles soient professionnelles ou familiales , nous expulse violemment et irréversiblement de ce "vert paradis " , ou , pour les plus malchanceux d'entre nous , de cet enfer . Dans le dernier cas , le deuil est interminable. L'enfant hurlant ne cesse de s'agripper aux jupes de l'inconscient de l'adulte que nous sommes condamnés à jouer sur la scène du monde . Il conduit certains au meurtre , d'autres au suicide.
La deuxième perte à laquelle nous sommes un jour ou l'autre confrontés est la perte d'un proche . Le bouillon de culture familial , premier terreau où germe l'attachement affectif , devient aussi le lieu de nos premiers deuils . Un parent qui part sans laisser d'adresse ( la mort représentant l'adresse la plus ultime qui soit ), ou qui en choisit une différente, divorce oblige , nous met face à face à une béance mortifère qui happe notre besoin viscéral d'ancrage . C'est la rencontre forcée avec la première perte de repères , mais c'est aussi l'occasion d'un gain inestimable , celui de la prise de conscience de notre résilience , de notre aptitude à "faire avec" la perte et à ne pas se laisser broyer par elle .
Et de fait , cet apprentissage précoce nous donne ensuite les armes pour lutter efficacement contre les pertes à venir . Celle, inéluctable, de l'être aimé, par exemple . L'amour éternel, il n'existe que dans les contes de fées . Au XXIe siècle, les baguettes magiques ont disparu , et le récit se clôt invariablement par : " Ils ne vécurent pas heureux et eurent peu d enfants ". A cela, une explication: l'on aime toujours l'autre pour les mauvaises raisons . Parce qu il nous distrait de nous-mêmes dont nous commençons à nous ennuyer , ou parce qu'il nous rappelle notre parent réfèrent , auquel nous sommes indéfectiblement liés, pour le meilleur ou pour le pire . Et c'est pour cela que les ruptures sont toujours synonymes de déchirement , car elles sont vécues par l'enfant qui nous hante comme la plus injuste des punitions . Elles nous reconduisent sans égard dans le cachot de notre ego et nous soumettent à un sevrage forcé d'affection .
Mais, à y bien réfléchir , le cachot n'en est pas un, et le sevrage est des plus salutaires . La solitude n'est une cilice que pour les humains qui ne s'aiment pas et qui s'incarcèrent dans un désamour réflexif . Pour les autres, ceux qui échappent au maléfice, la perte est perçue comme un mal nécessaire et non comme une rétribution . Ils ont compris que mieux vaut perdre l'autre plutôt que risquer de se perdre, et qu'il n'est pas de plus grande victoire que celle de se retrouver soi-même , et renaître de ses cendres.
Le deuil de notre enfance est la première perte qui nous est infligée , biologiquement parlant . Personne ne peut s y soustraire . D'abord la métamorphose de notre corps nous y contraint , bon gré , mal gré . Puis il faut nous astreindre à "jouer" à l'adulte à un moment ou à un autre , même si nous n'en devenons jamais un, à proprement parler . L'accession à des responsabilités , qu'elles soient professionnelles ou familiales , nous expulse violemment et irréversiblement de ce "vert paradis " , ou , pour les plus malchanceux d'entre nous , de cet enfer . Dans le dernier cas , le deuil est interminable. L'enfant hurlant ne cesse de s'agripper aux jupes de l'inconscient de l'adulte que nous sommes condamnés à jouer sur la scène du monde . Il conduit certains au meurtre , d'autres au suicide.
La deuxième perte à laquelle nous sommes un jour ou l'autre confrontés est la perte d'un proche . Le bouillon de culture familial , premier terreau où germe l'attachement affectif , devient aussi le lieu de nos premiers deuils . Un parent qui part sans laisser d'adresse ( la mort représentant l'adresse la plus ultime qui soit ), ou qui en choisit une différente, divorce oblige , nous met face à face à une béance mortifère qui happe notre besoin viscéral d'ancrage . C'est la rencontre forcée avec la première perte de repères , mais c'est aussi l'occasion d'un gain inestimable , celui de la prise de conscience de notre résilience , de notre aptitude à "faire avec" la perte et à ne pas se laisser broyer par elle .
Et de fait , cet apprentissage précoce nous donne ensuite les armes pour lutter efficacement contre les pertes à venir . Celle, inéluctable, de l'être aimé, par exemple . L'amour éternel, il n'existe que dans les contes de fées . Au XXIe siècle, les baguettes magiques ont disparu , et le récit se clôt invariablement par : " Ils ne vécurent pas heureux et eurent peu d enfants ". A cela, une explication: l'on aime toujours l'autre pour les mauvaises raisons . Parce qu il nous distrait de nous-mêmes dont nous commençons à nous ennuyer , ou parce qu'il nous rappelle notre parent réfèrent , auquel nous sommes indéfectiblement liés, pour le meilleur ou pour le pire . Et c'est pour cela que les ruptures sont toujours synonymes de déchirement , car elles sont vécues par l'enfant qui nous hante comme la plus injuste des punitions . Elles nous reconduisent sans égard dans le cachot de notre ego et nous soumettent à un sevrage forcé d'affection .
Mais, à y bien réfléchir , le cachot n'en est pas un, et le sevrage est des plus salutaires . La solitude n'est une cilice que pour les humains qui ne s'aiment pas et qui s'incarcèrent dans un désamour réflexif . Pour les autres, ceux qui échappent au maléfice, la perte est perçue comme un mal nécessaire et non comme une rétribution . Ils ont compris que mieux vaut perdre l'autre plutôt que risquer de se perdre, et qu'il n'est pas de plus grande victoire que celle de se retrouver soi-même , et renaître de ses cendres.
dimanche 24 novembre 2013
Les
préfixes gréco-latins , il y en a qu'on aime bien, et d'autres qu'on
aime moins . Pour Les bipèdes que nous sommes , par exemple , mieux vaut
être en mode "bi" qu'en mode "mono". Normal
! Il faudrait être maso pour aimer le monde monochrome où nous vivons ,
où l'on nous débite sur un ton monocorde le plus monotone des discours .
On ne cesse en effet de nous rabattre les oreilles avec le danger des monopoles , les affres des familles
monoparentales , les crimes de
monaniaques , et les épidémies de mononucléoses. De sorte que vivre en
solo , de nos jours , apparaît comme le plus terrible des fléaux, et que
certains couples infernaux préfèrent se laisser gagner par la
décomposition plutôt que de risquer l'implosion et la dispersion de
leurs deux composants .
C'est que dans notre société bien-pensante , vivre seul n'est guère vu
d'un bon œil. Cela suppose des vices cachés : une homosexualité latente
, une hérédité pesante, ou un comportement déviant . Si l'on s'apitoie sur le sort des specimens humains fraîchement divorcés , on ne tarde pas
à suspendre l'épée de Damoclès au-dessus de leur tête s'ils ne retrouvent pas assez
vite un cavalier ou une cavalière . Et l'on est même soulagé de voir que des campagnes publicitaires leur proposent des sites de rencontre calibrés.
C'est qu'ils sont chouchoutés , les infortunés éclopés de la vie . Ils en
ont assez bavé, alors ils doivent vite remonter en selle et jouir à
nouveau des bienfaits de la vie . Il leur tarde de reprendre goût à l'entente
bilatérale, aux promenades à bicyclette , aux voyages en bimoteur pour
assister à la biennale , et aux bains de soleil en bikini sur les plages des Bahamas . Et si l'on ne se suffit pas à deux , pourquoi ne pas tenter
l'expérience à trois, vu que certains explorent la bisexualité sur le
tard .
Moi,
je peux vous dire une chose , les préfixes " mono " et " bi" , je n'en
veux pas . Je suis plutôt du genre "poly" et "multi". On est mégalo, ou on ne l'est pas. J'aime le multimédia , les marbres polychromes , les gens polyvalents ,
les films multilingues , les robes multicolores , et surtout
les religions polythéistes . C'est bien commode quand on est
célibataire et qu'on ne sait plus à quel saint se vouer . Il suffit de
prier Vénus pour qu'elle nous envoie son Cupidon , et le tour est joué .
Si elle est occupée , on peut , en attendant , s'enivrer avec Bacchus
ou mieux encore , deviser avec la sage Athéna . Elle, au moins , si elle n'est pas sortie de la cuisse de Jupiter, elle en est sortie de son crâne. En plus , vu qu'elle est armée et qu'elle est loin d'être une écervelée , elle saura nous protéger et surtout nous éviter de nous enticher du premier hominidé qui nous aura été présenté.Car comme chacun sait, mieux vaut être seule que mal accompagnée!
jeudi 21 novembre 2013
Moi qui voue une passion aux paradoxes , je dois dire que je suis servie
, depuis que nous naviguons sur l'océan de la mondialisation . Si notre
planète est devenue un village , inversement le "village" dans lequel
nous vivons est devenu une planète . Car les habitants qui le peuplent,
aussi proches qu'ils puissent être de nous géographiquement , sont
aussi éloignés de nous que les occupants d'une galaxie lointaine .
Prenons l'exemple de nos voisins . Connaissez-vous les vôtres ? Pas si sûr. Peut-être certaines circonstances fâcheuses vous ont-elles mis en présence de l'un d'entre eux. Un dégât des eaux , vraisemblablement, ou quelque nuisance sonore nocturne , submergeant votre désir de plonger dans cette phase de sommeil que l'on nomme paradoxal . Une chose est sûre , vous n'avez , après cela , aucune envie de les rencontrer à nouveau . Ni sur terre , ni au ciel . Et pour cause. Ils sont le miroir de la réalité humaine que vous tentez de fuir aussitôt rentrés chez vous .
En revanche, vous avez plus de mal à vous passer de la compagnie d'internautes invisibles, même s'ils sont trop volubiles . Après tout , vous pouvez les laisser pérorer autant qu'ils le souhaitent . Ils n'exigent de vous aucun effort . Et si vous jugez qu'ils manifestent une volonté d'ingérence un peu trop marquée dans votre vie , il vous suffit de les éliminer de votre salon virtuel en un clic . Pourquoi donc s'en priver ? Point de compte à rendre . Au diable la susceptibilité ! D'ailleurs , vous ne connaissez d'eux que ce qu'ils veulent vous montrer , et ils se gardent bien de promouvoir leurs failles.
Un de perdu , dix de retrouvés, dit le proverbe , sauf que la boulimie ambiante d'échanges, qui ne manque pas de nous contaminer, nous oriente plus vers le millier que la dizaine . Ce ne sont plus des salons virtuels dans lesquels nous causons, mais des quais de gare . Que dis-je ! Des aéroports internationaux , car , il faut bien le reconnaître, l'on ne véhicule plus notre pensée dans notre langue vernaculaire . Il y a des lustres que cette dernière a perdu de son lustre , éclipsée par sa voisine d'outre-Manche. Et si l'envie de communiquer avec des Lapons nous en prend, et que le gap langagier devient trop difficile à combler , reste le recours aux pictogrammes , plus connus sous le nom d'emoticons , ou , pour les plus sophistiqués , d'emojis.
Mais la multiplicité des échanges et des langages ne peut masquer une vérité unique. Quand bien même nous converserions avec les trois quarts de la planète , nous n'en serions pas moins acculés à une solitude sidérale devant nos écrans numériques. Repliés dans un confort fœtal , aspirant à redevenir des embryons , nous nous croyons immergés dans la matrice maternelle alors que nous nous asphyxions dans la Matrix virtuelle . Malraux avait raison : " Le XXIème siècle sera religieux ou ne sera pas ", à ceci près que le Dieu que nous avons choisi ne nous relie pas entre nous , mais nous lie inextricablement à nous-mêmes , et nous condamne à vivre dans un néant relationnel des moins salutaires.
Prenons l'exemple de nos voisins . Connaissez-vous les vôtres ? Pas si sûr. Peut-être certaines circonstances fâcheuses vous ont-elles mis en présence de l'un d'entre eux. Un dégât des eaux , vraisemblablement, ou quelque nuisance sonore nocturne , submergeant votre désir de plonger dans cette phase de sommeil que l'on nomme paradoxal . Une chose est sûre , vous n'avez , après cela , aucune envie de les rencontrer à nouveau . Ni sur terre , ni au ciel . Et pour cause. Ils sont le miroir de la réalité humaine que vous tentez de fuir aussitôt rentrés chez vous .
En revanche, vous avez plus de mal à vous passer de la compagnie d'internautes invisibles, même s'ils sont trop volubiles . Après tout , vous pouvez les laisser pérorer autant qu'ils le souhaitent . Ils n'exigent de vous aucun effort . Et si vous jugez qu'ils manifestent une volonté d'ingérence un peu trop marquée dans votre vie , il vous suffit de les éliminer de votre salon virtuel en un clic . Pourquoi donc s'en priver ? Point de compte à rendre . Au diable la susceptibilité ! D'ailleurs , vous ne connaissez d'eux que ce qu'ils veulent vous montrer , et ils se gardent bien de promouvoir leurs failles.
Un de perdu , dix de retrouvés, dit le proverbe , sauf que la boulimie ambiante d'échanges, qui ne manque pas de nous contaminer, nous oriente plus vers le millier que la dizaine . Ce ne sont plus des salons virtuels dans lesquels nous causons, mais des quais de gare . Que dis-je ! Des aéroports internationaux , car , il faut bien le reconnaître, l'on ne véhicule plus notre pensée dans notre langue vernaculaire . Il y a des lustres que cette dernière a perdu de son lustre , éclipsée par sa voisine d'outre-Manche. Et si l'envie de communiquer avec des Lapons nous en prend, et que le gap langagier devient trop difficile à combler , reste le recours aux pictogrammes , plus connus sous le nom d'emoticons , ou , pour les plus sophistiqués , d'emojis.
Mais la multiplicité des échanges et des langages ne peut masquer une vérité unique. Quand bien même nous converserions avec les trois quarts de la planète , nous n'en serions pas moins acculés à une solitude sidérale devant nos écrans numériques. Repliés dans un confort fœtal , aspirant à redevenir des embryons , nous nous croyons immergés dans la matrice maternelle alors que nous nous asphyxions dans la Matrix virtuelle . Malraux avait raison : " Le XXIème siècle sera religieux ou ne sera pas ", à ceci près que le Dieu que nous avons choisi ne nous relie pas entre nous , mais nous lie inextricablement à nous-mêmes , et nous condamne à vivre dans un néant relationnel des moins salutaires.
dimanche 17 novembre 2013
Une
vie sans saveur ne vaut la peine d'être vécue . Et le sel de la mienne ,
c'est le chocolat ! Ah , que ne ferais-je pas pour me procurer quelques grammes
de douceur dans ce monde de brutes ! Je le confesse , je vendrais mon
âme au diable plutôt que de résister à l'appel de ce puissant
aphrodisiaque ! Et mon foie a beau me couvrir d'anathèmes et ma raison d'imprécations , je ne condescends jamais à excommunier ce divin aliment
du temple de ma gourmandise .
Il faut dire qu'il possède un don de thaumaturge . Ses vertus curatives ne sont plus à prouver .Croquez-en un carré et les vapeurs naissantes de la mélancolie se dissipent. C est un vrai miracle ! Mais les charlatans de ce monde préfèrent prescrire aux cervelles embrumées des pilules du bonheur au goût bien amer . Bien mal leur en prend ! Ils n'ont pas encore compris que la guérison de l âme est affaire d'alchimie et non de chimie . Un dosage de molécules , si savant soit-il , n'a jamais guéri personne . Et le plus réputé des comprimés ne peut rivaliser avec la sensualité d'un rocher praliné dans votre bouche ! Le cacao possède en outre la capacité de nouer des unions les plus subtiles avec d'autres ingrédients . C' est un libertin , ce chocolat . Et on le lui pardonne . Autrefois astreint à fréquenter la noisette ou l'amande , souvent décriées pour leur abord un peu trop sec, il a décidé de courtiser d'autres dames plus pulpeuses . L'orange , la menthe , la framboise ou la fraise ont donc fait leur entrée dans son sérail pour le plus grand plaisir de notre palais . Mais il ne limite pas son pouvoir de séduction à la seule sphère féminine . Il jouit également des faveurs de certains messieurs aux goûts des plus piquants . Il vit avec son temps , le chocolat , et on lui sait gré d'avoir eu , pour amants, le thym , le piment , le citron vert ou le gingembre . De ses alliances improbables sont nées des saveurs incomparables qui tirent de leur torpeur les plus blasés d'entre nous . D'autant qu'il aime nous surprendre en arborant les tenues les plus variées. Pour satisfaire certains esthètes du goût , Il aime se présenter sous la forme d'un florentin ou d'un mendiant , d'une orangette ou d'un palet . On le rencontre, sous cet aspect, dans les sanctuaires des maîtres chocolatiers de renom . Seule ombre au tableau , un rejeton vénal de sa lignée a fait sécession et vendu son âme aux chantres de la grande distribution ... Qu'importe! Cette mésalliance ne réussit pas à ternir le respect que nous lui portons . Depuis des siècles , il nous apporte ses bienfaits gustatifs . Qu'il soit chaud ou froid, fondant ou croquant, qu'il se dissimule dans des éclairs, des charlottes ou des macarons , le chocolat continue de nous envoûter . Et ce n'est pas étonnant, si l'on en croit la légende aztèque selon laquelle le dieu Quetzalcoalt , dans son immense bonté, l'offrit en récompense aux hommes pour les remercier de leur bravoure. N'est pas divin qui veut! |
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mardi 12 novembre 2013
On nous parle de la croissance exponentielle des divorces dans notre
capitale . Les statistiques l'attestent . Ouvrir un cabinet d'avocat
spécialisé dans le droit de la famille devient , dès lors , une affaire
fort rentable . En effet , les candidats au divorce ont généralement
l'imprudente impudence de demander des comptes au conjoint désireux de
rompre l'hymen . On les comprend . Perdre son statut d'époux ou d'épouse
dans notre société conservatrice , cela demande réparation. Les duels
étant proscrits , il ne reste à l'époux bafoué qu'à confier aux ténors du barreau
la mission de venger l'opprobre . Or certains groupes de réflexion ,
sans doute émus par la faillite de cette institution sacrosainte , ou
plus vraisemblablement attirés par l'appât du gain , ont trouvé une
solution infaillible pour parer à ces déballages obscènes de vie commune
lors des audiences juridiques. Et voilà que les sites de rencontres
extra-conjugales ont vu le jour !
Jusqu'à présent , les sites de rencontre ne visaient qu' un public bien particulier , celui des célibataires fraîchement largués de préférence , et comptant bien ne plus le rester en quelques clics . Il est vrai que les photos des impétrants au titre de compagnon ou compagne idéals ont de quoi laisser rêveur. Il faut séduire à tout prix , donc tous les moyens sont bons pour gommer sillon nasogénien, nez aquilin , ou calvitie naissante . La fée Photoshop s'avére une alliée de choix . Un coup de baguette magique et vous voilà doté(e)d un physique de jeune premier ou de belle ingénue du bal des débutantes . Mais bon,le grand saut du virtuel au réel , il faut bien le faire un jour . Adieu veaux , vaches , cochons , disent certaines. Enfin , pas les cochons , vu qu' il faut bien le dire , la majorité des membres masculins de ces sites n'ont en tête que la satisfaction de leur instincts les plus vils . Et ce mince détail n'a pas échappé à l'attention de certains observateurs , soucieux de redorer le blason du mariage , ou du moins de ternir celui du divorce .
Pourquoi risquer de perdre sa chemise dans des procédures juridiques coûteuses , alors qu'il suffit juste de la retirer , et rouler des mécaniques devant une complice trop contente de raviver une libido en berne ? Après tout , les deux partenaires n'ont en tête que la préservation de leur couple respectif . Ils œuvrent pour le bien de leur conjoint cocu , tout en se faisant du bien par la même occasion. Tout le monde y trouve son compte . La discrétion est assurée . Plus de péril en la demeure , le démon de midi n'est plus diabolisé , et la crise de la quarantaine , évitée . Certains hôtels ont même saisi l'opportunité au vol et conçu des forfaits d'occupation des chambres pour "rendez-vous coquins". Ils proposent ainsi aux tourtereaux de passer quelques heures à roucouler en toute impunité . Après quoi les infidèles se séparent et retournent , la conscience tranquille, dans leur logis , jouer à l'époux ou à l'épouse irréprochable .
Ne nous abusons pas . L'adultère a existé de tout temps . Qui n'a entendu parler du droit de cuissage intronisé à l'époque médiévale ? Qui n' a eu vent de l'existence des maisons closes , ou , pour parler plus vulgairement , des bordels ? Et les clubs libertins , parlons-en. Il paraît qu'ils jouissent d'un prestige grandissant auprès de certains mâles ou femelles concupiscents . Mais enfin, convenons-en , les doubles vies n'ont rien de bien glorifiant . Et les adeptes de cette pratique finissent , un jour ou l'autre , par payer un lourd tribut à leur penchant pour la dissimulation. C'est en pâture que ces monstres lubriques sont livrés à des avocats cupides et la vindicte populaire se charge de réduire à néant leur réputation .
Jusqu'à présent , les sites de rencontre ne visaient qu' un public bien particulier , celui des célibataires fraîchement largués de préférence , et comptant bien ne plus le rester en quelques clics . Il est vrai que les photos des impétrants au titre de compagnon ou compagne idéals ont de quoi laisser rêveur. Il faut séduire à tout prix , donc tous les moyens sont bons pour gommer sillon nasogénien, nez aquilin , ou calvitie naissante . La fée Photoshop s'avére une alliée de choix . Un coup de baguette magique et vous voilà doté(e)d un physique de jeune premier ou de belle ingénue du bal des débutantes . Mais bon,le grand saut du virtuel au réel , il faut bien le faire un jour . Adieu veaux , vaches , cochons , disent certaines. Enfin , pas les cochons , vu qu' il faut bien le dire , la majorité des membres masculins de ces sites n'ont en tête que la satisfaction de leur instincts les plus vils . Et ce mince détail n'a pas échappé à l'attention de certains observateurs , soucieux de redorer le blason du mariage , ou du moins de ternir celui du divorce .
Pourquoi risquer de perdre sa chemise dans des procédures juridiques coûteuses , alors qu'il suffit juste de la retirer , et rouler des mécaniques devant une complice trop contente de raviver une libido en berne ? Après tout , les deux partenaires n'ont en tête que la préservation de leur couple respectif . Ils œuvrent pour le bien de leur conjoint cocu , tout en se faisant du bien par la même occasion. Tout le monde y trouve son compte . La discrétion est assurée . Plus de péril en la demeure , le démon de midi n'est plus diabolisé , et la crise de la quarantaine , évitée . Certains hôtels ont même saisi l'opportunité au vol et conçu des forfaits d'occupation des chambres pour "rendez-vous coquins". Ils proposent ainsi aux tourtereaux de passer quelques heures à roucouler en toute impunité . Après quoi les infidèles se séparent et retournent , la conscience tranquille, dans leur logis , jouer à l'époux ou à l'épouse irréprochable .
Ne nous abusons pas . L'adultère a existé de tout temps . Qui n'a entendu parler du droit de cuissage intronisé à l'époque médiévale ? Qui n' a eu vent de l'existence des maisons closes , ou , pour parler plus vulgairement , des bordels ? Et les clubs libertins , parlons-en. Il paraît qu'ils jouissent d'un prestige grandissant auprès de certains mâles ou femelles concupiscents . Mais enfin, convenons-en , les doubles vies n'ont rien de bien glorifiant . Et les adeptes de cette pratique finissent , un jour ou l'autre , par payer un lourd tribut à leur penchant pour la dissimulation. C'est en pâture que ces monstres lubriques sont livrés à des avocats cupides et la vindicte populaire se charge de réduire à néant leur réputation .
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