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lundi 28 octobre 2013

Les méchantes sorcières, j'adore ! Elles ont toujours le chic pour se faire remarquer dans les contes. Sans elles,  il n'y aurait pas de récit. On passerait directement du "Il était une fois " à " Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants". Aucun intérêt . Nous, on veut des péripéties , des frissons , des larmes même. Alors c'est sûr qu'on attend leur venue avec impatience. Sur grand écran, elles sont représentées sous  les traits de femmes fatales, arborant les tenues les plus  extravagantes . On est loin des vieilles sorcières hideuses dépeintes par Charles Perrault ou les frères Grimm. 

Celle qui détient la palme du glamour , c'est quand même la fée Carabosse . Dans le film de Disney, elle en a du panache , avec son ample cape noire et sa coiffe biscornue . Elle ose et en impose  . N'importe quelle autre femme se serait couverte  de ridicule dans un tel accoutrement. Elle , non . Sans doute les forces maléfiques qu'elle incarne exercent un tel pouvoir sur nous que nous en acceptons les excentricités . D'ailleurs son entrée en scène est des plus fracassantes. Elle n'entre pas par la petite porte . Elle convoque les éléments pour se matérialiser sous les yeux ahuris des convives au baptême de la princesse Aurore . Et on a le coup de foudre , au sens propre comme au sens figuré. 

Car elle nous fascine , la fée Carabosse . Elle nous attire tout autant qu'elle nous repousse. La raison en est simple . Le mal recèle en lui un attrait irrésistible pour les humbles humains que nous sommes . La morale le réprouve , la religion  le condamne , mais il n'en demeure pas moins le fruit défendu , et donc convoité , dans le jardin d'Eden  de notre existence . D'autant que notre imaginaire lui confère  une puissance protéiforme incommensurable . La fée maléfique ne se métamorphose-t'elle pas en dragon  pour tenter de terrasser le Prince ? 

Bien-sûr, le bien triomphe toujours , et,  après un combat homérique , l'animal fabuleux périt sous le glaive princier. Tout est bien qui finit bien. La Belle au Bois Dormant se réveille enfin . Et en avant pour un nouveau festin! C'est sûr, quand on est petite fille, on ne rêve que de princesses aux longs cheveux, habillées de teintes pastel . Mais les vicissitudes de la vie se chargent de nous enseigner que, si l'on veut régner , mieux vaut avoir les cheveux moins longs et oser les couleurs chatoyantes. Cela nous évitera , d'une part, de passer pour de ravissantes idiotes , et d'autre part, de subir les sortilèges des vilaines sorcières . 






samedi 26 octobre 2013

Blanche-Neige , tout le monde l'aime , surtout depuis qu'un certain Walt Disney a eu l'idée de l'immortaliser sur pellicule . Avec sa bouille ronde , sa voix mélodieuse et son  humeur toujours égale  , elle suscite en nous un élan de sympathie immédiat . Je devrais même dire d'empathie . Car on tremble  avec elle quand un vilain chasseur ose brandir un poignard au-dessus de sa tête, on voudrait la cajoler  quand elle sanglote en plein milieu d une forêt peuplée d'ombres menaçantes , et on a le cœur gros de la voir reposer dans son cercueil de verre .  Les fées étaient sans doute trop occupées à folâtrer avec des satyres pour se pencher sur son berceau . Car on peut dire que sa vie fut loin d être un chemin pavé de roses .


À  commencer par son prénom .  Le ver était déjà dans la pomme , si j'ose dire. Car il ne me viendrait jamais à l'esprit de choisir  le prénom de ma fille en me piquant le doigt avec une aiguille à coudre ! D'abord parce que  la broderie ne fait pas  partie de mes occupations  favorites. Je préfère avoir à en découdre avec les instruments de torture de mon club de fitness plutôt que de risquer une hémorragie digitale en tentant de réaliser un point de croix . Et  nommer une petite fille Grise-Mine en référence à la couleur des appareils de musculation ne serait pas très flatteur . À coup sûr, cela lui porterait malheur !

Quoi qu'il en soit,  , Blanche-Neige n'a pas vu la vie en rose en dépit de son joli prénom . Non seulement elle a été privée de sa maman dès sa naissance ,  mais en plus, son idiot de père a contracté un mariage avec la plus odieuse des femmes qui puisse exister sur terre . A t-on idée , messieurs , de vouloir unir sa destinée à une femme égoïste , égocentrique , narcissique , et qui plus est , adepte des sciences occultes ? Certes non . A croire que le roi souffrait d'une déficience mentale aggravée  quand il a choisi une aussi vilaine épouse .

Car la bougresse avait peut-être une dentition étincelante , mais elle avait aussi la dent dure . Car il faut quand même avoir le cœur bien accroché pour réclamer les viscères d'une petite fille à un chasseur de gros gibier . D'ailleurs bien mal lui en a pris , car l'homme de main avait plus de cœur qu'il n 'y paraissait. Il faut aussi avoir le vice dans la peau et surtout ne pas avoir peur du ridicule pour oser se métamorphoser en hideuse sorcière pour mener à bien son horrible dessein .

Bref la pauvre princesse en a vu des vertes et des pas mûres , c'est le moins qu'on puisse dire . Car même si elle  trouva du réconfort auprès des sept nains , n'oublions pas  que certains d'entre eux n'étaient pas à prendre avec des pincettes . Grincheux , par exemple . Pas facile  de prendre son petit-déjeuner en face d'un nain ronchon  . Pas facile aussi de devoir batailler de bon matin avec un nain narcoleptique comme Dormeur . Sans compter qu'elle devait aussi recevoir les postillons d' Atchoum qui éternuait à tout va . ( Les antihistaminiques n existaient pas à l'époque ). Bref , dur dur, la vie avec les nains . D'autant qu'elle a dû mettre la main à la pâte pour payer son gîte et son couvert . Et pas qu'à la pâte, puisqu'elle devait non seulement cuisiner mais aussi récurer la chaumière de fond en comble . La vie de patachon , en quelque sorte !

Pour couronner le tout , il a fallu que mort s'ensuive avant qu'elle ne rencontre son Prince Charmant . Remarquez, elle n'a pas eu à user de ses charmes pour séduire son galant . Il a suffi qu'il la voie allongée dans un cercueil de verre pour que son cœur s'enflamme . Il n'était pas un peu déviant , le beau Prince?   Heureusement que , finalement , le bout de pomme empoisonnée, coincé dans son œsophage,   s'est échappé de ses lèvres vermeilles . Et la belle princesse a rouvert les yeux pour le plus grand plaisir des grands et des petits . Il était temps ! Nous commencions à désespérer ! 

Des Blanche-Neige, malheureusement , il y en a par milliers dans nos contrées  . Elles n'ont peut-être pas le teint blanc comme la neige , les lèvres rouge sang et une chevelure noir ébène , mais  elles ont toujours, en face d'elles , des marâtres qui leur font la vie dure . Mais, soyez sûres , petites princesses , que la plus horrible des marâtres ne réussira jamais à vous détrôner dans le cœur de votre père . Alors haut les cœurs ! Brandissez le sceptre de la victoire ! Et croquez la pomme de la vie à pleine dents ! Un conseil , cependant... Ne perdez pas votre temps à attendre votre Prince Charmant . Il serait capable de vous jouer un vilain tour s'il rencontre la Belle Au Bois Dormant...




vendredi 25 octobre 2013

Fuir l'humain.Se perdre dans la contemplation des
temples millénaires ,squelettes de pierre que les
siècles n'ont pas réduits en poussière.

Fières comme au premier jour, ces cathédrales paiennes
se dressent vers le ciel dans leur immaculée
blancheur.

Point d'officiants se prosternant sur le marbre de
leurs dalles: le sang du sacrifice s'est tari. Les
dieux n'ont plus soif.

Alentour, l'herbe se déchaine comme une mer que le
vent hérisse, tandis que des lézards, en livrée
vert-émeraude, montent la garde sous le soleil de Paestum.




mercredi 23 octobre 2013

Mieux vaut prendre le train en marche quand on se pique d'avancées technologiques, et surtout ne jamais en descendre. Car le progrès peut transformer notre vie en enfer si l'on n'y prend pas garde. Prenez les SMS ( short message service) . Comme leur nom l'indique, il sont courts  dans leur rédaction, mais bien trop souvent longs dans leur appréhension. De SMS à SOS , il n'y a qu'un pas ,  me direz-vous. Et il est vite franchi . Car le langage texto a pour caractéristique d'être   une macédoine des plus indigestes . Dès lors comment éviter les flatulences quand  l'on vous mélange des ingrédients aussi peu compatibles que les abréviations, anglicismes, chiffres et éléments  phonétiques ? On en arrive à des rébus typographiques d'un hermétisme à faire frémir. A déconseiller fortement si l'on a pour dessein de faire la cour à son galant . A conseiller fortement si l'on a pour dessein de se débarrasser de son amant !  

C'est comme l'assistant personnel intégré dans mon GSM flambant neuf. La première fois que  sa voix suave a caressé mon tympan, j ai cru défaillir . Enfin un homme prêt à satisfaire illico le moindre de mes désirs , à n'importe qu'elle heure du jour et de la nuit ! Le septième ciel enfin à ma portée .  Mais j'eus  tôt fait de descendre  de mon nuage . Car de deux choses l'une ,  soit j'adopte un ton qui lui déplaît , soit je ne sais plus parler français . Ou pire encore , j'ai affaire à un pervers expert en frustrations à répétition . Car pourquoi  me parler du CAC 40 quand je veux annuler une réunion à 9h40, pourquoi vouloir me faire acheter des abricots  alors que je lui parle de haribo, pourquoi m'imposer des films d horreur alors que je lui parle de bonheur...


Réflexion faite, il n'a pas si tort, le sage  pervers , de faire la sourde oreille quand je lui parle de bonheur , car , comme chacun sait , le bonheur est un voyageur sans bagages qui s'invite chez nous  quand il lui plait , et, comble de l'horreur,  repart sans laisser d'adresse quand il ne lui plait plus.  Il semblerait aussi que le soi-disant pervers soit un  nutritionniste avisé,  car entre des abricots et des haribos,  il n'y a pas photo . Quant à sa propension à mentionner le CAC 40, je persiste et signe. Notre assistant personnel GSM est le plus vilain pervers qui existe sur terre. Car oser me parler , à moi , de stock options , de bons et obligations , en connaissant mon aversion pour la computation, ne réussit qu'à me faire sortir de mes gonds. 

Et la leçon à tirer de tout ça ? Le progrès technologique a bien des allures de farceur . Bien loin d'être le sauveur de l'humanité à l'instar de Batman,  il incarne plutôt le Joker de Gotham City en nous jouant force tours .  Il nous donne l'illusion de dominer le monde en faisant de chacun de nous un dictateur en puissance . Mais nous n'en  demeurons pas moins esclaves de nos passions et prisonniers de nos frustrations. Il nous donne aussi  l'illusion d'égaler Jupiter en communiquant , en un éclair , notre pensée à un destinataire lointain. Mais force est de constater qu'à trop  laisser nos doigts parler à la place de notre langue, on ne sait plus comment s'exprimer  face à un interlocuteur de chair. De telle sorte que , bien loin de nous éduquer, le progrès technologique nous déséduque et nous fait replonger dangereusement dans l'univers des cavernes  où le smartphone aurait une étrange ressemblance avec le gourdin de l'homme préhistorique.



samedi 19 octobre 2013


Bienvenue au royaume des vapoteuses! Oui , vous avez bien lu : Vapoteuses! Pour ce qui est des vapoReuses, il y a belle lurette qu'elles n'ont plus le vent en poupe . Les femmes d'aujourd'hui ont compris qu'il ne suffit plus de jouer les  baby dolls en négligé de soie pour séduire . Non , l'heure est aux super  amazones gainées de cuir ou de latex.Le sex symbol du 21ème siècle n'est plus Betty Boop , mais Catwoman .  Et rien de tel que de dégainer sa nouvelle arme fatale pour neutraliser ses rivales.

Car la vapoteuse fait des ravages . On la respecte car elle force l'admiration. Elle montre qu'elle en a , de la volonté , et surtout qu'elle tient à sa santé . C'est qu'elle ne veut pas vieillir prématurément , la tigresse. Elle veut jouer les cougars le plus longtemps possible .  Et Nip Tuck ne l' a pas convaincue du tout. Alors elle fréquente les magasins bio , évite les dîners trop arrosés et surtout devient accro aux tapis roulants .

Car vapoter n'est pas sans risque. L'addition est salée quand on veut se débarrasser d´une addiction , et les encas,  trop souvent sucrés.  C'est donc  à une véritable chasse aux sorcières qu'elle se livre quand son tour de taille est menacé. Les kilos superflus, elle ne veut pas en entendre parler . Elle a gardé un trop mauvais souvenir de la silhouette informe des copines  qui  ont  décroché trop vite .  Du coup elle se serre la ceinture et  ne sort jamais sans sa fiole d'H2O . Après tout, qu'importe le flacon, pourvu qu'il y ait l'ivresse!

Elle a aussi compris que vapoter et papoter font bon ménage. Finie la hantise  des haleines pestilentielles et des dents jaunes! Elle peut désormais arborer un sourire ultra brite et laisser flotter autour d'elle des arômes de réglisse, myrtille, menthe, abricot , ananas et j'en passe. Dès lors , peu importe qu'.elle brûle la chandelle par les deux bouts et qu'elle allume des incendies dans le cœur de ses proies . Car elle n'en demeure pas moins une  redoutable Femme Fatale, mais une croqueuse d'hommes qui sait garder la tête froide . A trop jouer avec le feu, ne finit-on pas  par se brûler la cervelle ? En résumé, la vapoteuse, c'est la pétroleuse de l'avenir. Loin d'être une évaporée , elle nous fait prendre  conscience qu'il vaut mieux avoir des vapeurs que  risquer de  partir en fumée !




vendredi 18 octobre 2013

De la tendresse, c'est le terme qui me vient à l'esprit  quand je repense à cette toile de William Burton , où  un homme richement vêtu semble exhaler son dernier soupir dans les bras d'une femme à la tenue austère. A proximité de la main du mourant  , gît le manche ouvragé de son épée brisée, dont la lame a transpercé un arbre. Un homme en noir , dont l'imperturbabilité nous interpelle, contemple la scène . Eparpillées parmi les ronces, quelques cartes à jouer, comme pour nous rappeler que la vie n'est qu'un jeu de hasard .

 Le titre de l'oeuvre , "The wounded cavalier ", nous renseigne sur le statut du blessé. Il s'agit d'un  royaliste rallié à la cause de Charles I en pleine révolution anglaise. Mais la toile est bien plus qu'une préfiguration de la mise à mort de la monarchie absolue . Ce qui me trouble dans la représentation de  cet homme à l'agonie, ce sont ses traits et ses attributs sartoriaux si typiquement féminins . Car son exécution au sens pictural , comme un écho à son exécution au sabre , lui dénie toute virilité .

Que l'on s'attache à la finesse de l'étoffe de sa chemise brodée , dont la blancheur immaculée cingle le rouge sang de l'écharpe qui lui ceint la taille ; que l'on s'attarde langoureusement sur son visage diaphane qu'encadre une chevelure dorée , et l'on est submergé par la douceur angélique de cet homme que l'inconnue , dans un geste maternel , tente d'arracher aux griffes de la mort .

Le mot " wounded" me semble en effet trop faible . La blessure est fatale . L'âme de l'homme exsangue s'apprête à prendre son envol comme le papillon délicatement posé sur la lame meurtrière . Car l'homme vêtu de noir ,à l'immobilité dérangeante ,ne fait rien d'autre que prêter à la faucheuse sa verticalité phallique et menaçante .

Ce mourant que je rêve d'étreindre , c'est un peu le Christ descendu de croix , une croix qui se devine derrière l'épée qui traverse le tronc d arbre à l'oblique . Et cette inconnue , c'est un peu l'incarnation de toutes les femmes qui pansent les plaies de l'être aimé sur lequel le destin a choisi de faire son festin .



mardi 15 octobre 2013

La peinture  de Peter Lely représente deux enfants à la similitude troublante. Le cartel indique qu'ils sont frère et sœur . L'œil du spectateur discerne en effet le même teint de porcelaine ainsi que la même chevelure ondulée aux reflets blond-vénitien . L'un semble l'aîné , l'autre la cadette .

En guise de décor , un mur sombre sur lequel se dessine la tête des deux enfants . Il sert de toile de fond à la scène qui se joue sous nos yeux.  Il semble que l'artiste ait délibérément opté pour cette esthétique du dépouillement . Lui, le peintre de cour , s'accorde une licence toute particulière , cette fois-ci: il s'abstient de reproduire les méandres des imprimés d'une étoffe luxueuse qu'auraient pu arborer les personnages de son œuvre. Point de visée sociale . Son dessein est tout autre. Notre attention est précieuse et il s'ingénie à la capter, la déstabiliser même , en éveillant notre curiosité .

D'ailleurs notre questionnement est légitime . Pourquoi ces deux enfants ont-ils  l'air si proches et si lointains ? Quel est l'objet de contemplation de la petite fille ? Et la feuille blanche que tient son frère , que symbolise -t 'elle  au juste ? Car si l'on oblitère les indications que recèle le cartel , si l'on oublie un instant que les bambins sont unis par les liens du sang , une autre interprétation vient s'inscrire en palimpseste sur celle de l'artiste .

De simples spectateurs, nous nous muons en voyeurs . Il ne s'agit plus d'une leçon de musique , mais de l'éclosion d'un amour naissant entre deux innocents . Sur les lèvres purpurines du chérubin , Vénus a déposé l'éloge de l'être aimé, et la petite fille au regard éperdu voit s'entrouvrir au loin l'horizon jusque-là inconnu du "vert paradis des amours enfantines ".