Marguerite, c'est le nom d'une fleur . Et pas de n'importe laquelle. C'
est la fleur-oracle de notre enfance, celle qui nous révèle , par son
effeuillage, l'amour que nous porte l'élu de notre cœur . C'est aussi le
nom de la célèbre courtisane immortalisée par Dumas fils: la Dame aux
camélias. Une femme-fleur arborant des camélias ! Dumas avait du flair
quand il transmue Marie Duplessis en Marguerite Gautier. Car quoi de
plus enivrant que de se glisser dans le sillage capiteux de cette
hétaïre sulfureuse , qui traversa le ciel des demi-mondaines comme une
étoile filante . Les météores laissent une empreinte bien plus profonde
que les astres éternellement fixés à la voûte céleste . Aussi lumineux soient-ils , ces derniers suscitent certes notre admiration, mais ils
ne possèdent pas cette fulgurance capable de nous ébranler dans tout
notre être .
Ce soir , à l'Opéra Garnier , une Etoile a incarné l'héroïne au destin
tragique. Une étoile pas comme les autres. D'abord parce que c'est ma
sœur et qu'elle illumine ma vie depuis des siècles . Et puis aussi parce
que Dieu, en la créant, l' a dotée d'un don surnaturel , celui de
séduire les anges. Les séraphins ont sans doute été charmés par cette
danseuse gracile , au teint diaphane moucheté d'éphélides et aux jambes
interstellaires . Ils ont été conquis par sa bonté et son humilité
aussi. Et sa ténacité . C'est pour cela qu ils l'ont prise sous leur
aile . Quand elle évolue sur scène , ils descendent des cieux pour la
bénir. Ce soir , ils étaient venus en grand nombre. Je les ai senti
effleurer mon âme à plusieurs reprises . Je les ai même entendu
sangloter quand Marguerite rejoint l'éternité . Réussir à émouvoir les
anges , c'est un privilège qui n'est pas donné à tout le monde . Alors ,
si un jour, vous avez la chance de contempler ma sœur danser, ne vous
inquiétez pas de vous sentir parcourir de frissons. Ce sera simplement
le frôlement des plumes d'un ange , qui passe....
"WE ARE SUCH STUFF AS DREAMS ARE MADE ON, AND OUR LITTLE LIFE IS ROUNDED WITH A SLEEP". La citation de Shakespeare qui inaugure mon blogue résume magistralement ma vision de l'existence humaine. Nous sommes faits de l'étoffe des songes, et notre courte vie se clôt par un long sommeil. Alors, plutôt que de rêver notre vie, vivons nos rêves! Et faisons éclater en infimes particules de sens jubilatoires le monde qui nous entoure.
lundi 23 septembre 2013
dimanche 22 septembre 2013
Essaouira, le vent s’engouffre par tes créneaux en ton sein , et gonfle tes poumons de cité corsaire.Tel un navire de guerre, tes canons pointés vers l’horizon, tu défies l’océan et ses lames en furie. La blancheur de tes murs claque comme une voile, tandis que tes portes de bois posent leur regard bleu turquoise sur les frêles silhouettes colorées s’écoulant le long des ruelles. En cet après-midi de printemps, le soleil ruisselle sur tes toits aplatis par la chaleur.
Ignorant les passants, deux chats noir ébène , enroulés comme deux rubans de réglisse, reposent à l’ombre d’un banc de pierre. Non loin, Amine , treize ans, me sourit et me fait signe de le suivre avec un air de mystère.Ses yeux noisette respirent la candeur et semblent heureux de me conduire là où personne ne va.
Au détour d’un bâtiment lépreux , une cour secrète, de modestes dimensions, se révèle à ma vue. Là, emplissant l’espace de sa toute-puissance végétale, un ficus géant déploie ses vigoureuses ramures vers l’azur étincelant. Le colosse trône sur un entrelacs de racines , agrippant la terre de ses doigts noueux.
« Il a trois siècles », me dit Amine tout-bas, avec un respect empli de fierté.Puis il s‘assoit au pied de l’arbre , comme pour m’en faire mesurer la grandeur , lui , le petit prince à la peau dorée au royaume des baobabs. Mes yeux éblouis remontent vers la couronne émeraude du vénérable ancêtre. Là-haut, depuis des siècles, les feuilles tissent un vaste étendard percé, à maints endroits, par les coups de rapière du dieu soleil , et ce sont autant d’ étoiles qui me clignent des yeux avec malice, dans cette petite cour aux mille et un délices.
samedi 21 septembre 2013
C’est la nuit, que, se dressant telle un phare au-dessus de la marée humaine qui déferle à ses pieds, la Koutoubia prend vie. Il faut être patient, guetter la venue du crépuscule depuis les hauteurs du Café de France, pour être témoin de sa métamorphose. Simple minaret le jour, elle se voile , la nuit, de mystère, et , s’harnachant de lumières, guide les pas du promeneur solitaire à travers cet océan de clameurs, d’odeurs et de saveurs ,vers la place Jemaa El Fna.
Peu à peu, les lampions des carrioles des marchands ambulants ouvrent leurs yeux d’or . Et déjà montent des réchauds à brochettes une fumée épaisse qui rappelle ces lourds nuages d’encens en suspension lors des célébrations religieuses. La place , jusque-là engourdie par le va-et-vient rhapsodique des touristes réchappés du souk, émerge lentement de sa torpeur. Elle se recueille avant d’accueillir d’autres hôtes, d’autres atmosphères . Et on se plaît à imaginer qu’un génie tout-puissant se matérialise subitement dans le creuset de cette lampe merveilleuse .
Gesticulant comme une marionnette dans sa djellaba blanche, un conteur officie devant son auditoire accroupi. Ses bras scandent la musique de ses paroles, tandis qu’au loin, s’élève dans les airs comme la voix aigrelette d’une cornemuse . Mais l’instrument est nerveux, et ses contorsions sonores , appuyées par le rythme effréné d’un tamtam, tiennent plus de l’incantation propre à évoquer les djinns.
Mais déjà ,ce n’est plus l’Ecosse et ses lochs brumeux qui jaillissent à mes yeux, mais la Chine et son dragon fabuleux qui fait trembler les hommes. L’animal, jusque-là tapi dans des profondeurs insondables , a fait brusquement surface ,et son corps de reptile aux écailles de feu ondule dans la foule. L’air, devenu irrespirable , s’embrase à son passage. Et tel Néron contemplant Rome incendiée, je tréssaille de bonheur quand enfin le cœur rougeoyant de Marrakech se met à battre violemment .
Peu à peu, les lampions des carrioles des marchands ambulants ouvrent leurs yeux d’or . Et déjà montent des réchauds à brochettes une fumée épaisse qui rappelle ces lourds nuages d’encens en suspension lors des célébrations religieuses. La place , jusque-là engourdie par le va-et-vient rhapsodique des touristes réchappés du souk, émerge lentement de sa torpeur. Elle se recueille avant d’accueillir d’autres hôtes, d’autres atmosphères . Et on se plaît à imaginer qu’un génie tout-puissant se matérialise subitement dans le creuset de cette lampe merveilleuse .
Gesticulant comme une marionnette dans sa djellaba blanche, un conteur officie devant son auditoire accroupi. Ses bras scandent la musique de ses paroles, tandis qu’au loin, s’élève dans les airs comme la voix aigrelette d’une cornemuse . Mais l’instrument est nerveux, et ses contorsions sonores , appuyées par le rythme effréné d’un tamtam, tiennent plus de l’incantation propre à évoquer les djinns.
Mais déjà ,ce n’est plus l’Ecosse et ses lochs brumeux qui jaillissent à mes yeux, mais la Chine et son dragon fabuleux qui fait trembler les hommes. L’animal, jusque-là tapi dans des profondeurs insondables , a fait brusquement surface ,et son corps de reptile aux écailles de feu ondule dans la foule. L’air, devenu irrespirable , s’embrase à son passage. Et tel Néron contemplant Rome incendiée, je tréssaille de bonheur quand enfin le cœur rougeoyant de Marrakech se met à battre violemment .
mercredi 18 septembre 2013
Ça n'a pas l air , mais cela fait
bientôt trois semaines que BB Blog a vu le jour . Je m'en
souviens encore . Ni péridurale , ni forceps ! Un accouchement sans
douleur ! Le rêve ! Depuis , les insomnies sont devenues mes alliées
. Normal , j'occupe mes nuits à le bichonner. Après consultation d'
un spécialiste, le nourrisson se porte plutôt bien . Sa courbe de
croissance est plus qu'honorable . Croisons les doigts !
Il faut dire que je l'emmène partout
avec moi . Il a pris le soleil sur les plages de l'Ile de Beauté, a
arpenté le Grand Foyer de l' Opéra Garnier , a parcouru
la rue des Martyrs en long et en large , et a même discouru
avec feu les carpes du domaine de Marly-le-Roi. Versailles , ce sera
pour plus tard . Procédons par étapes.
Une chose est certaine , BB Blog
possède un avantage indéniable sur ses congénères: il parle !
Rendez-vous compte ! C'est inouï . Il faut dire que la gestation a
été longue . Il a fallu quelques années avant qu il ne soit
finalement expulsé du cortex de sa maman. Alors , il faut le
comprendre . Il devait s'ennuyer ferme là-haut . Surtout que ses
idées se bousculent vite , et que le sang lui monte vite a la
tête . Alors il a fallu qu il réagisse . Il a pris son courage à
deux mains , a passé de longues nuits à parfaire son maniement de
la langue française , et a mis un peu d'ordre dans la cervelle
maternelle. C'est un BB très prévenant , comme vous pouvez le
constater. Et surtout très prévoyant . Car il se doutait bien qu'un
jour ou l'autre , sa génitrice partirait en vrille si rien n
était fait .
Pas étonnant donc , que BB Blog soit
très choyé sur la blogosphère. Il reçoit beaucoup de courriers
électroniques . Il ne sait plus où donner de la tête
parfois. Il a même reçu des demandes en mariage . Vous imaginez
? Heureusement que sa maman veille au grain. Un BB Blog , c'était
inespéré pour elle . Alors rien n'est trop beau pour lui. Elle
le pomponne . En ce moment , il est vêtu d'une grenouillère rouge .
Le bleu , c'est trop commun. Il fallait qu'il se distingue des autres
. D'autant qu'il vient d'être sélectionné par le comité des
Golden Blog Awards. Ce n'est pas rien. Alors , soyez gentils .
Votez pour lui . Il en a besoin . Car, il ne faut pas l'oublier
, "Dur , dur d'être un BB!".
mardi 17 septembre 2013
Qu’on se rende au domaine de de
Marly-le-Roi, et le premier sentiment qui nous étreint est la
déception . Une majestueuse allée , bordée de sentinelles
végétales, nous conduit avec pompe à un écrin de verdure. Mais
cet écrin, il est désespérément vide. Seul un tracé approximatif suggère
l’emplacement d’un château aujourd’hui disparu.
Jadis se dressait la vaste demeure
royale, agrémentée de marbres et de dorures, où des laquais en
livrée prévenaient le moindre des désirs royaux.On raconte que le Roi-Soleil affectionnait tout particulièrement de nourrir les carpes
d’un bassin. Etrange prédilection , certes, mais, comme chacun sait, les carpes sont muettes et se contentent de faire des bonds . Subtile invitation au silence que Louis XIV
adressait aux courtisans trop volubiles…A la place du bassin aux carpes,
s’étale une cavité béante, parcourue d’herbes folles, où des
chiens en liberté conditionnelle aiment à folâtrer.
Un autre tracé témoigne de
l’emplacement des pavillons des invités royaux : Louis-le
Grand choisissait avec soin les rares hôtes qui auraient le
privilège de l’accompagner à Marly. Car plus qu’une résidence
secondaire, Marly se voulait l’anti-Versailles, jardin secret d’un
roi redevenu simple mortel. C’est ici que le monarque se dépouillait
de sa grandeur , s’étourdissait au son des cascades de Le Nôtre ,
s’abîmait dans la contemplation des chevaux de pierre se cabrant
sous la main de l’homme. Les cascades ont , elles aussi, déserté
les lieux. On a du mal à concevoir que cette succession de talus
herbeux avait pour vocation de recevoir l’eau vive.
Plus rien ne subsiste des splendeurs
passées , comme si , par pudeur, l’histoire avait voulu effacer la
part d’humain du fils de Louis XIII , pour ne retenir que la
magnificence du grand monarque et de son Versailles. Le Roi-Soleil
ne pouvait avoir sa part d’ombre, semble nous dire la postérité.
Qu’en serait t’il si le bassin aux carpes existait toujours ?
Aurait-on fait tomber le roi de son piédestal, lui qui traverse les
siècles auréolé de gloire ? Saint-François charmait bien les
oiseaux , et Orphée les bêtes sauvages . Pourquoi donc
refuser au grand Louis le plaisir de commercer avec le monde
aquatique ?
A Marly, les pierres ne parlent pas.
Point n’est besoin de s’extasier devant les œuvres d’artistes
de renom. Mais, une fois
surmontée la déception de ne pas succomber au sublime, alors nous
vient imperceptiblement un sentiment nouveau. Le bonheur simple
d’être si proche et si lointain d’un grand souverain , que
l’on a du plaisir à imaginer au pied d’un bassin, l’œil
pétillant, et riant aux éclats aux bonds de carpe de l’humanité.
dimanche 15 septembre 2013
La Rue des Martyrs porte bien mal son nom ou alors je
suis une masochiste qui s'ignore . Car , à mon corps défendant, je
ne peux m'empêcher d'égrener son chapelet d'échoppes
chaque dimanche matin que Dieu fait. À ses pieds,
l'église Notre-Dame-de-Lorette monte la garde. Au cas où l'on
oublierait d'accomplir ses devoirs de piété. Le péril est grand,
il faut bien le dire. Car d'un lieu de dévotion à un lieu
de perdition, il n'y a qu'un pas . Même plusieurs . Car il
faut quand même faire grimpette si l'on veut s'encanailler et
atteindre le boulevard de Clichy et ses promesses d'ivresse
éphémère.
Mais avant d'atteindre la lettre X , qui se déploie sur les hauteurs avec force sex shops, peep shows et spectacles coquins, la rue des Martyrs permet aux petits écoliers d'élargir leur vocabulaire de base en explorant les premières lettres de l'alphabet .
La lettre "C " y est extrêmement bien représentée : cafés , chocolatiers , chausseurs et coiffeurs . Rien de bien singulier, me direz-vous . Mais lorsque l'on arrive au mot confiserie du numéro 15 , et surtout au réglisse suédois au goût si particulier , on ne peut manquer de se pâmer, même si l'on n'est plus écolier .
La lettre " B" jouit d' un grand prestige : bars et bazars, boulangeries et bijouteries, et , pour terminer , bouchers , s'y sont taillé la part du lion.
Puis viennent en vrac les lettres "E" et ses épiceries fines " F" et ses fromagers , "H" et son huilerie provençale , "M" et ses maraîchers , "P" et ses poissonniers, Q" et sa quincaillerie , " R" et ses rôtisseries au fumet si prometteur , " S" et ses salons de thé , et finalement " T" et ses traiteurs du monde entier .
Allons donc! me direz-vous . Vous faites beaucoup de bruit pour rien ! Car , somme toute, la Rue des Martyrs, c'est une rue commerçante comme une autre . Oh que non! D'abord , Maurice Ravel y a vécu . Écoutez son concerto pour la main gauche pour commencer, et vous comprendrez tout . Sachez aussi qu'au numéro 75, Toulouse-Lautrec y a peint la danseuse Jane Avril . Et si vous n'êtes sensible ni à la musique , ni à la danse, ni à la peinture, peut-être le serez-vous à la poésie.Car s'il est vrai que la Rue des Martyrs propose aux blasés que nous sommes une gamme de produits similaires à ceux de sa rivale, la rue Lepic, elle le fait avec éloquence . Les enseignes de ses boutiques en témoignent . Car quoi de plus délicieux à l' ouïe que les sonorités d' " Orphée"ou de "Bacchus" ? Ne salivez- vous pas déjà quand vous franchissez le seuil des " Papilles Gourmandes" ? Ne vous sentez-vous pas pousser des ailes quand vous fumez des Vogue à la terrasse du café "Ariel"? Tout ça pour vous dire que , la Rue des Martyrs , on devrait la rebaptiser Rue des Délices , et que même si la gourmandise est un péché, on aura tôt fait de l'expier à confesse . Après tout , l' église Notre-Dame-de-Lorette , elle n est pas là pour rien !
Mais avant d'atteindre la lettre X , qui se déploie sur les hauteurs avec force sex shops, peep shows et spectacles coquins, la rue des Martyrs permet aux petits écoliers d'élargir leur vocabulaire de base en explorant les premières lettres de l'alphabet .
La lettre "C " y est extrêmement bien représentée : cafés , chocolatiers , chausseurs et coiffeurs . Rien de bien singulier, me direz-vous . Mais lorsque l'on arrive au mot confiserie du numéro 15 , et surtout au réglisse suédois au goût si particulier , on ne peut manquer de se pâmer, même si l'on n'est plus écolier .
La lettre " B" jouit d' un grand prestige : bars et bazars, boulangeries et bijouteries, et , pour terminer , bouchers , s'y sont taillé la part du lion.
Puis viennent en vrac les lettres "E" et ses épiceries fines " F" et ses fromagers , "H" et son huilerie provençale , "M" et ses maraîchers , "P" et ses poissonniers, Q" et sa quincaillerie , " R" et ses rôtisseries au fumet si prometteur , " S" et ses salons de thé , et finalement " T" et ses traiteurs du monde entier .
Allons donc! me direz-vous . Vous faites beaucoup de bruit pour rien ! Car , somme toute, la Rue des Martyrs, c'est une rue commerçante comme une autre . Oh que non! D'abord , Maurice Ravel y a vécu . Écoutez son concerto pour la main gauche pour commencer, et vous comprendrez tout . Sachez aussi qu'au numéro 75, Toulouse-Lautrec y a peint la danseuse Jane Avril . Et si vous n'êtes sensible ni à la musique , ni à la danse, ni à la peinture, peut-être le serez-vous à la poésie.Car s'il est vrai que la Rue des Martyrs propose aux blasés que nous sommes une gamme de produits similaires à ceux de sa rivale, la rue Lepic, elle le fait avec éloquence . Les enseignes de ses boutiques en témoignent . Car quoi de plus délicieux à l' ouïe que les sonorités d' " Orphée"ou de "Bacchus" ? Ne salivez- vous pas déjà quand vous franchissez le seuil des " Papilles Gourmandes" ? Ne vous sentez-vous pas pousser des ailes quand vous fumez des Vogue à la terrasse du café "Ariel"? Tout ça pour vous dire que , la Rue des Martyrs , on devrait la rebaptiser Rue des Délices , et que même si la gourmandise est un péché, on aura tôt fait de l'expier à confesse . Après tout , l' église Notre-Dame-de-Lorette , elle n est pas là pour rien !
vendredi 13 septembre 2013
À mon goût , il n'est pas de boutique plus magique et plus diabolique
qu'un bazar. Magique , tout
d'abord, car il exauce les vœux
de la fée du logis tapie en vous . Il vous prend une furieuse envie de
faire les vitres un dimanche de pluie , mais vous vous trouvez
démunie sans le liquide fabuleux pour combler votre désir ? Le bazar ,
de sa baguette magique, vous donne satisfaction.Votre compagnon a t-il
besoin d un tourne-vis pour monter le meuble Ikea dont vous venez de
faire l'acquisition? Le bazar est là pour vous apporter une solution .
Vous voulez enjoliver votre logis d'une boule à facettes , histoire de
mettre dans votre vie quelques paillettes ? Le bazar est là pour
illuminer vos soirs de fête . Du bac à litière aux articles
de literie, du parapluie au paravent , du tabouret à la table basse, des
faux ongles , made in Taiwan à la matraque , made in China , tout s'y
achète, et à un prix modique .
Chose inestimable, un bazar , il se voit de loin. Vous le repérez sans lorgnette grâce au bric-à-brac indescriptible qu il exhibe sur le trottoir. Mais il faut le mériter , l'article indispensable qu'on espère y dénicher . Et c'est là qu' il déploie tout son côté diabolique , le bazar aux mille et une merveilles . Car , dans cette caverne d'Ali Baba , c est à une véritable chasse au trésor que l'on doit se livrer pour décrocher le lot tant convoité. Vous qui entrez ici, abandonnez tout espoir! , susurre à votre oreille un mauvais génie lettré. Et il n'a pas tort. Alors , plutôt que d'être sous influence , faites appel au génie de la lampe qui saura vous guider. Car il vous faudra avoir un œil exercé et les dents bien serrées pour ne pas baisser les armes, et retenir vos larmes. Des larmes , me direz-vous? N'exagérons pas . Il n y a pas de quoi émouvoir les bonnes âmes. . Mais si, vous rétorquerai-je , de vraies larmes ! Car , il faut bien le dire, dans un bazar , ce qui saute aux yeux et chatouille les narines, c est bien la nappe poussiéreuse qui recouvre les étalages .
De quoi repousser les plus délicates...Mais alors pourquoi certaines d'entre nous sont-elles en proie à une fascination pour ce haut lieu du toc ? Que cache notre compulsion à acheter des articles de décoration au kitsch déconcertant ? Comment expliquer notre attirance pour ces empilements d'objets hétéroclites , sans lien logique ni utilité avérée? Rien de plus simple. C'est leur manque de valeur qui en fait tout leur prix. Peu nous importe si quantité ne rime pas avec qualité. Ce qui compte, c est que nous puissions donner libre cours à des pulsions obscures et à notre instinct d'appropriation . Un bazar , c est l'antithèse d'un musée des arts. Pas de parcours thématique ni de fil d 'Ariane . Et c'est ça qui nous séduit. Nous sommes libres d aller et venir sans aucun but , sans aucune illusion , et sans gratification esthétique . Un bazar , en fin de compte , ne serait ce pas le degré zéro du plaisir, et le degré suprême du désir ?
Chose inestimable, un bazar , il se voit de loin. Vous le repérez sans lorgnette grâce au bric-à-brac indescriptible qu il exhibe sur le trottoir. Mais il faut le mériter , l'article indispensable qu'on espère y dénicher . Et c'est là qu' il déploie tout son côté diabolique , le bazar aux mille et une merveilles . Car , dans cette caverne d'Ali Baba , c est à une véritable chasse au trésor que l'on doit se livrer pour décrocher le lot tant convoité. Vous qui entrez ici, abandonnez tout espoir! , susurre à votre oreille un mauvais génie lettré. Et il n'a pas tort. Alors , plutôt que d'être sous influence , faites appel au génie de la lampe qui saura vous guider. Car il vous faudra avoir un œil exercé et les dents bien serrées pour ne pas baisser les armes, et retenir vos larmes. Des larmes , me direz-vous? N'exagérons pas . Il n y a pas de quoi émouvoir les bonnes âmes. . Mais si, vous rétorquerai-je , de vraies larmes ! Car , il faut bien le dire, dans un bazar , ce qui saute aux yeux et chatouille les narines, c est bien la nappe poussiéreuse qui recouvre les étalages .
De quoi repousser les plus délicates...Mais alors pourquoi certaines d'entre nous sont-elles en proie à une fascination pour ce haut lieu du toc ? Que cache notre compulsion à acheter des articles de décoration au kitsch déconcertant ? Comment expliquer notre attirance pour ces empilements d'objets hétéroclites , sans lien logique ni utilité avérée? Rien de plus simple. C'est leur manque de valeur qui en fait tout leur prix. Peu nous importe si quantité ne rime pas avec qualité. Ce qui compte, c est que nous puissions donner libre cours à des pulsions obscures et à notre instinct d'appropriation . Un bazar , c est l'antithèse d'un musée des arts. Pas de parcours thématique ni de fil d 'Ariane . Et c'est ça qui nous séduit. Nous sommes libres d aller et venir sans aucun but , sans aucune illusion , et sans gratification esthétique . Un bazar , en fin de compte , ne serait ce pas le degré zéro du plaisir, et le degré suprême du désir ?
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