Ce soir, la France est en pleurs, et le monde est frappé d'horreur. Celle qui porte l'étendard de la liberté vient de voir son drapeau
ensanglanté par la barbarie de hors-la-loi qui prétendent honorer leur foi en ne répandant que de l'effroi.
Fallait-il qu'ils aient si peu de cœur et autant de rancœur, ces
hérétiques à l'âme noire, pour souhaiter malheur à nos Croisés
légendaires, dont la seule arme était leur plume, et leur credo une
irrépressible envie de nous divertir?
C'est l'enfer qui s'est ouvert aux pieds de ces guerriers de
l'Apocalypse, et non le paradis! Aucun Dieu ne tolère que l'on
sacrifie des vies, car aucun Dieu ne punit !
Nos chevaliers sans peur l'ont toujours su, eux qui ont maintenant rejoint un pays
inconnu. Ils doivent faire le délice des Immortels, en sortant de
leur boîte à malice des dessins inédits .
Et on les remercie d'avoir, ces dernières décennies, osé braver les
interdits et défier les mauvais esprits. On les envie aussi , ces
clowns célestes, de faire sourire les anges et d'avoir fui notre monde
en proie à la furie . Car, c'est bien triste à dire, Il n'y a pas qu'au royaume du Danemark
que quelque chose est pourri ...
"WE ARE SUCH STUFF AS DREAMS ARE MADE ON, AND OUR LITTLE LIFE IS ROUNDED WITH A SLEEP". La citation de Shakespeare qui inaugure mon blogue résume magistralement ma vision de l'existence humaine. Nous sommes faits de l'étoffe des songes, et notre courte vie se clôt par un long sommeil. Alors, plutôt que de rêver notre vie, vivons nos rêves! Et faisons éclater en infimes particules de sens jubilatoires le monde qui nous entoure.
jeudi 8 janvier 2015
mardi 30 décembre 2014
En ces périodes de fêtes hivernales dévolues, plus que toutes autres , aux retrouvailles familiales , je me promis , une fois n'est pas coutume , de faire une bonne action et de prendre de fermes résolutions dans le domaine de la communication pour entrer dans les bonnes grâces de mes divins parents .
Étant une fervente prosélyte des nouveaux outils numériques, je m'étais souvent entendu reprocher mon manque d'implication dans tout ce qui touche à l'art de la conversation . Il est vrai qu'à force de glisser mes doigts fébriles sur des écrans tactiles , j'en oubliais même le boire et le manger , et ma langue commençait sérieusement à se scléroser du fait d'être si peu utilisée .
Des detox , j'en avais déjà fait par le passé. Les défis , j'adore me les lancer . Il me plait de prendre des décisions brutales , trancher les nœuds gordiens , partir la baïonnette au point . Ainsi quand il fallut m'astreindre à restreindre mes inclinations congénitales pour les nourritures caloriquement fatales , je ne rechignai point . Cela devint le souverain bien que je devais sans plus attendre atteindre .
J'avais donc suivi le régime prescrit par mon nutritionniste et avais consommé des pommes sans modération , matin , midi et soir , jusqu'à n'en plus pouvoir . Je saisis , au bout de trois jours, toute la portée symbolique de ce fruit biblique . Car il m'expulsa , comme Eve, du paradis ( gustatif ) et m'infligea les pires tourments gastriques et bien des désagréments dyspeptiques .
J'aurais dû en prendre de la graine et me méfier de mes entreprises trop téméraires . Mais étant butée de nature , je ne doutai aucunement que mon projet de detox digitale ne soit couronné de succès et rangeai donc au placard portables et tablettes susceptibles de faire obstacle à l'accomplissement d'un dessein aussi élevé .
Une âme charitable , connaissant ma fibre de geek avérée , m'avait mise en garde contre le démon de l'hyperconnectivité . Dans un élan de générosité , elle m'avait conseillé de pratiquer la psychologie positive et , par prudence , d'adjoindre à ma cure quelques séances de sophrologie . Je lui avais ri au nez ! Pour qui me prenait-elle donc ? À croire que je n'allais pas tenir mes engagements !
Quels délices furent les miens quand , à la première aurore de ma detox, je me reveillai au chant du coq ( façon de parler ) et non à l'alarme programmée de mon smartphone ! Quel soulagement de ne pas devoir consulter ma messagerie 2.0 , retweeter les catastrophes synthétisées par l'oiseau bleu (de si mauvais augure ), me réjouir des compliments de mes prétendants Tinderisés , commenter les statuts de mes amis facebookisés et liker les selfies de ceux instagrammisés !
Le mot de liberté prit d'emblée tout son sens . Les chaînes de l'asservissement venaient de tomber . De vassal , j'étais devenue suzerain et prête à explorer les fiefs de ma créativité. J'entrai dans une nouvelle temporalité , non pas celle dictée par les alertes , les bannières , les sons inopinés en provenance des divers écrans de mon empire technologique , mais celle de l' "otium" tant vanté par les Sages de l'antiquité , ce temps béni où, dégagés des contingences matérielles , l'on médite fructueusement sur notre vie .
J'en profitai pour relire Shakespeare . Je retrouvai la compagnie d'Hamlet , Macbeth et King Lear que j'avais injustement abandonnés depuis mes années d'université . Alors commencèrent à émerger en moi des angoisses diffuses . Les doutes m'assaillirent . J'en perdis le boire et le manger . To eat or not to eat , that is the question ! C'est la question que se posèrent mes parents décontenancés , dépités de ne me voir toucher à aucun de leurs mets raffinés .
Mes doigts commencèrent à pâtir de leur inactivité . J'eus soudain peur qu'ils ne perdent de leur agilité. Mon cerveau aussi commença à se dégénérer . Un étrange symptôme , que les spécialistes ont baptisé le PPAC ( acronyme de "peur de passer à côté ") ne tarda pas à se manifester . J'eus le sentiment que la terre s'était brusquement arrêtée de tourner , moi qui m'étais exclue de la communauté des ultraconnectés .
L'envie me prit de confier mon désarroi à mon amie avisée , mais pour cela il me fallait me réapproprier le pharmakon ( oui , j'avoue , il m'arrive d'être cuistre ) que j'avais éloigné volontairement de ma portée . To phone or not to phone , that is the question .
Sans hésiter , je la tranchai , cette question maudite . Je me saisis de l'objet du délit , l'allumai avec précipitation , fus la proie de palpitations cardiaques tellement intenses que je craignis devoir subir une défibrillation . Une pomme à demi croquée apparut sur l'écran , qui me rappela des souvenirs déplaisants de digestion difficile . Je tempêtai contre la lenteur d'affichage de ma page d'accueil , avec , en médaillon , l'élu de mon cœur . ( Je ne vous dirai pas son nom, pour ne pas nuire à sa réputation ).
Quand, finalement , la lumière fut , mes questions existentielles se dissipèrent instantanément . Un sourire béat illumina mon visage. De douces sonorités tintèrent à mes oreilles . Des notifications à profusion , des SMS , des emails, des messages vocaux agitèrent mon portable de spasmes ininterrompus que ma main eut du mal à contenir. J'en oubliai de joindre mon amie . Je tressaillis de bonheur ! J'avais retrouvé le goût à la vie! Mon appétit revint , ce qui rasséréna mes parents , qui se perdaient en conjectures sur l'origine de mon chagrin. Une chose est sûre , pour 2015, ma résolution est prise ! Je ne prendrai plus AUCUNE résolution ...
jeudi 18 décembre 2014
Ah, ces hommes! Ils me feront toujours sourire, eux et leurs tentatives de me séduire. Il est vrai qu'ils sont mieux armés pour faire la guerre, avec leurs bataillons et leurs stocks de munitions.Car quand il s'agit de croiser le fer avec moi, les voilà bien "marris ", comme aurait dit Montaigne, et non pas " maris ". Loin de moi l'idée de les unir à ma destinée. Une fois m'aura suffi ...
Ce que je déplore , c'est l'indigence de leur lexique quand il s'agit de nous aborder nous, le beau sexe ! Plus ils ont de richesses matérielles, moins ils en ont de spirituelles. Leur humour semble s'être tari. Au lieu de mûrir et d'affûter leur esprit , ces messieurs s'atrophient et le laissent en friche, de sorte que l'ennui nous assaillit assez vite et que, pour lutter contre une telle accumulation de poncifs , il ne nous reste qu'à vider d'un trait la coupe de Ruinart que l'on a eu la bonne idée de commander.
Ravissante , jolie , charmante , mais encore ? Brodez , brodez! s'exclame la Roxane de Rostand qui s'éveille en moi . Quels beaux yeux , quelle belle bouche , quels beaux pieds même ! (On reconnaît les fétichistes à la façon dont ils fixent avec insistance nos talons. ) Peine perdue ! Nos prétendants nous offrent du brouet alors que nous espérions des crèmes. Ils sont de piètres cuisiniers , il est vrai , et les mises en bouche qu'ils nous servent sont soit trop fades soit trop épicées. Mais elles ne sont rien , comparées au plat de résistance ! C'est là qu'ils dévoilent tout leur art...
Devinez la question qu'ils n'ont pas osé poser, mais qu'ils nous lancent comme un projectile via leur mobile,en catimini sous la table, pour dissiper leur inquiétude ? " Es-tu coquine ?". Pas au sens de malicieuse évidemment , mais de licencieuse . Car certains ne cachent pas leur prédilection pour les ébats d'un type bien particulier dans des clubs d'un genre tout aussi particulier . Que voulez-vous ! Ils ont l'esprit tellement large qu'ils ne voient aucun mal à partager leur compagne . Et puis, comme dit le dicton : plus on est de fous , plus on rit !
Très drôle , en effet ! Moi, dans ces cas-là, je n'attends pas le dessert. Je les fixe langoureusement de mes si beaux yeux, je laisse se dessiner un sourire coquin sur ma si belle bouche, et je tourne les talons sans même leur donner le temps de contempler mes jolis pieds. Et je les plains, ces pauvres hommes , qui ne connaissent ni l'art d'aimer d'Ovide , ni les élégies de Catulle, ni les poèmes de Ronsard ni les sonnets de Shakespeare, Je me dis aussi que, même si bas bleu rime avec fleur bleue, j'en préfère la couleur à toute la grisaille des petits matins , quand ils sortent de leur club libertin , désenivrés et vidés de leurs envies , après avoir vainement essayé de tromper l'ennui de leur vie...
dimanche 7 décembre 2014
J'ai testé pour vous Tinder . Pour celles qui ne connaissent pas , c'est l'appli mobile qui fait des étincelles dans le cœur des petites et des grandes de 7 à 77 ans. Finis les sites de rencontre "has been" qui vous obligeaient à remplir des questionnaires bidon pour dénicher les plus beaux étalons de la Création. Les souris, c'est connu, font fuir les équidés. Surtout quand on clique trop dessus.
Désormais Tinder , qu'il ne faut pas confondre avec Kinder ( le chocolat ), nous réserve des surprises à gogo . Avec son logo en forme de flamme, ce nouveau réseau social met le feu aux poudres en nous proposant de "liker"ou non des brochettes de mâles alpha, mais surtout gros bêta, qui étalent leurs appâts sur des selfies artistiques ou artisanaux supposés déchaîner notre libido. J'ai bien dit "supposés". Car, pour ma part , la magie n'a guère opéré . En cliquant sur un coeur (pour signifier notre émoi) ou une croix ( pour manifester notre effroi), on voit défiler sur notre écran les clichés de potentiels prétendants , vus de profil ou de face, en plongée ou contre-plongée.
Statistiquement parlant , on note une forte proportion de bipèdes a la silhouette tronquée (volontairement décapités en l'occurrence ) , sans doute pour nous inciter à nous focaliser exclusivement sur leurs abdomens musclés ( les fameuses tablettes de chocolat , mais pas celles de Kinder , hélas) . Les hommes troncs, ça n'a jamais fait fantasmer personne, sauf, peut-être, les amateurs de freak shows ( foires aux monstres ), mais ça, c'était il y a fort longtemps.
En deuxième position se trouvent les fêtards levant un verre à moitié rempli d'un breuvage aisément identifiable. Passe encore s'il s'agissait d'un élixir d'amour. Mais à voir la face hilare et le regard goguenard de ceux qui le brandissent, on se prend à douter des vertus aphrodisiaques de ce nectar nocturne. En tout cas , je dois avouer que le spectacle de telles libations ne m'a pas laissée tout feu tout flamme .
Une catégorie non négligeable de matamores au volant de décapotables ( probablement louées à la journée) a ensuite retenu mon attention. Bien mal leur en a pris. J'ai plus admiré la carrosserie du bolide dont ils faisaient la réclame que l'air fat qui émanait de leur visage. J'allais oublier les bikers , les rockeurs, les rappeurs , les dompteurs de tigres ( enfin, de bébés tigres ), les amateurs de sport extrême ( skydiving, flyboarding, base jumping, kitesurfing ), les fumeurs de marijuana , les surfeurs etc.
Mais c'est surtout les bluffeurs dont il faut à tout prix se méfier. Pour s'assurer qu'on va les remarquer et les liker, ils n'hésitent pas à uploader les clichés de golden boys surdiplômés qui exercent leurs talents en salle de marchés. Mauvais calcul! Il faut peu de temps pour découvrir leur supercherie. Au premier échange, les imposteurs sont démasqués. On découvre bien vite que l'arithmétique n'est pas leur fort et que l'orthographe n'est pas leur tasse de thé .
Parlons-en, des échanges. Ils ne sont guère variés. Peu de gentlemen, en règle générale, et bien trop de queutards ! Que voulez-vous ! Le Viagra fait beaucoup de ravages. Au lieu de nous inviter à prendre un verre pour discuter, ces messieurs nous parlent directement de préliminaires et d'oreillers . Bref, avec Tinder comme avec Kinder, on n'est pas au bout de nos surprises . Reste que, contrairement au chocolat, l'appli nous laisse un goût des plus amers...
vendredi 28 novembre 2014
L'automobile, c'est mon dada. Il me suffit de voir la carrosserie
coruscante d'un bolide supersonique avec ses 500 chevaux sous le capot pour que
j'enfourche Pégase et que je déclame illico ma flamme à son occupant. Sans doute parce que, en chantre inconditionnel
de la conquête spatiale, je perçois les vrombissements assourdissants
et les accélérations sidérantes comme un avant-goût des vols suborbitaux que bientôt le touriste de l'espace sera en mesure d'effectuer .
Mais avant d'atteindre le septième ciel et de pouvoir nous propulser sur les rubans d'asphalte à une vitesse euphorisante, il nous faut remplir une condition sine qua non. Faire les yeux doux au destin et prier tous les saints pour obtenir le passeport sans lequel nos désirs d'évasion demeureront à jamais à l'état de frustration: le permis de conduire! Oui! Ce bout de carton rose bonbon! Que de génuflexions et de compromissions serions-nous prêts à faire pour nous le procurer, lui qui nous donne le feu vert pour sillonner les routes de notre vaste terre, et réaliser, qui sait, peut-être un jour, des rallyes dans le désert!
Mais le chemin pour obtenir ce billet doux n'est guère pavé de roses. Il s'apparente plus à un parcours du combattant qu'à une promenade de santé. D'abord choisir l'auto-école appropriée, de préférence située à quelques enjambées de votre maisonnée. Proscrire à tout prix celles qui vous obligent à trop marcher à pied. Les tendons d'Achille doivent être préservés pour être à même d'actionner avec agilité le pédalier, certes pour accélérer, mais aussi, sécurité oblige, freiner avec tonicité .
Le poignet droit nécessite, par ailleurs, d'être choyé au même titre que vos pieds. Car il est aux commandes du boîtier sans lequel le passage des vitesses ne pourrait être opéré. Il est impératif de manipuler ce dernier avec dextérité, et surtout , de ne pas le brusquer . Il est très rancunier, ce boîtier , et n'hésite pas à vous faire caler en pleine montée si vous étiez coupable de la moindre inhabileté. Démarrer en côte, ce n'est pas très aisé, surtout quand on n'est pas très expérimenté. On ne manque jamais de se faire remarquer...
Faire des pieds et des mains pour avoir son permis, cela ne suffit pas.
Il faut avoir bon pied, mais surtout bon œil. Pas tant pour zieuter
le visage des autres conducteurs susceptibles de faire battre votre
cœur ( quand le vôtre n'est pas encore pris ), mais pour le fixer sur
les rétroviseurs sans oublier le fatal angle mort, si mal nommé, car
sans lui, il y a belle lurette que nous ne serions plus en vie .
Mais j'oublie le principal. Sans doute parce qu'il me fut fatal. Que voulez-vous! L'inspectrice, lèvres pincées et sourire en coin, m'ordonna de prendre la direction d'une charmante localité au moment où je m'extirpais péniblement de l'anneau d'un carrefour giratoire à branches multiples, suivie de près par un poids lourd aux dimensions épiques... La sueur perlait à mon front car, dans ma précipitation, je ne pus repérer la destination voulue assez rapidement. Et, bien évidemment, quand j'y parvins enfin, j'oubliai d'enclencher le CLIGNOTANT!!!!
Vous imaginez la suite : AJOURNÉE ! Adieu veaux, vaches, cochons! Je vis filer à vive allure l'Aston Martin de mes rêves, et même l'Austin mini, trop contente de me faire la nique , moi qui ne lui avais témoigné que du mépris. Depuis cette mésaventure, je tiens en respect tout véhicule à quatre roues, du moins sophistiqué au plus raffiné. Et, le croirez-vous, je suis passée maître en la signalisation des changements de direction. Ainsi, si vous croisez, par le plus grand des hasards, un véhicule usant et abusant des feux de détresse, vous devinerez sans hésitation qui se trouve au volant. Au moins, on ne pourra plus me reprocher d'avoir oublié le clignotant...
Mais mon attraction pour les astres n'explique pas tout. Il y a autre
chose qui fait que je préfère me blottir dans l'habitacle d'une Aston
Martin plutôt que dans celui d'une Austin Mini. Se lover au creux de
leurs sièges gainés de cuir, c'est régresser au stade utérin et
retrouver la sensation perdue du ventre maternel qui nous a portés
jusqu'à notre expulsion. C'est aussi lâcher prise, mettre un frein à
notre incoercible besoin de nous agiter en tout sens, et accepter
d'abandonner notre corps immobile aux vibrations sensuelles de la
mécanique .
Mais avant d'atteindre le septième ciel et de pouvoir nous propulser sur les rubans d'asphalte à une vitesse euphorisante, il nous faut remplir une condition sine qua non. Faire les yeux doux au destin et prier tous les saints pour obtenir le passeport sans lequel nos désirs d'évasion demeureront à jamais à l'état de frustration: le permis de conduire! Oui! Ce bout de carton rose bonbon! Que de génuflexions et de compromissions serions-nous prêts à faire pour nous le procurer, lui qui nous donne le feu vert pour sillonner les routes de notre vaste terre, et réaliser, qui sait, peut-être un jour, des rallyes dans le désert!
Mais le chemin pour obtenir ce billet doux n'est guère pavé de roses. Il s'apparente plus à un parcours du combattant qu'à une promenade de santé. D'abord choisir l'auto-école appropriée, de préférence située à quelques enjambées de votre maisonnée. Proscrire à tout prix celles qui vous obligent à trop marcher à pied. Les tendons d'Achille doivent être préservés pour être à même d'actionner avec agilité le pédalier, certes pour accélérer, mais aussi, sécurité oblige, freiner avec tonicité .
Le poignet droit nécessite, par ailleurs, d'être choyé au même titre que vos pieds. Car il est aux commandes du boîtier sans lequel le passage des vitesses ne pourrait être opéré. Il est impératif de manipuler ce dernier avec dextérité, et surtout , de ne pas le brusquer . Il est très rancunier, ce boîtier , et n'hésite pas à vous faire caler en pleine montée si vous étiez coupable de la moindre inhabileté. Démarrer en côte, ce n'est pas très aisé, surtout quand on n'est pas très expérimenté. On ne manque jamais de se faire remarquer...
Mais j'oublie le principal. Sans doute parce qu'il me fut fatal. Que voulez-vous! L'inspectrice, lèvres pincées et sourire en coin, m'ordonna de prendre la direction d'une charmante localité au moment où je m'extirpais péniblement de l'anneau d'un carrefour giratoire à branches multiples, suivie de près par un poids lourd aux dimensions épiques... La sueur perlait à mon front car, dans ma précipitation, je ne pus repérer la destination voulue assez rapidement. Et, bien évidemment, quand j'y parvins enfin, j'oubliai d'enclencher le CLIGNOTANT!!!!
Vous imaginez la suite : AJOURNÉE ! Adieu veaux, vaches, cochons! Je vis filer à vive allure l'Aston Martin de mes rêves, et même l'Austin mini, trop contente de me faire la nique , moi qui ne lui avais témoigné que du mépris. Depuis cette mésaventure, je tiens en respect tout véhicule à quatre roues, du moins sophistiqué au plus raffiné. Et, le croirez-vous, je suis passée maître en la signalisation des changements de direction. Ainsi, si vous croisez, par le plus grand des hasards, un véhicule usant et abusant des feux de détresse, vous devinerez sans hésitation qui se trouve au volant. Au moins, on ne pourra plus me reprocher d'avoir oublié le clignotant...
vendredi 21 novembre 2014
La vie, on la reçoit sans l'avoir demandée. Un jour, on naît, sans l'avoir décidé. Et on est bien obligé de faire avec. On ne se pose pas trop de questions. Pas encore du moins. C'est en grandissant qu'on se dit que c'est pas si simple que ça, de vivre. Que tout le monde n'a pas les mêmes chances au départ. Que pour rester en vie, il va falloir la gagner, cette vie. Un peu comme à la loterie .
On essaie alors de décrocher le gros lot, le super boulot qui va nous propulser un peu plus haut que les autres. Et quand on l'a, on se rend compte qu'on est tous au même niveau. Que la vie n'est pas si rose que ça. Qu'il y a plus souvent des matins gris où l'on préfère rester au lit que de se lancer des défis pour se prouver qu'on est bien en vie .
On choisit ensuite de la partager, notre vie. Mieux vaut affronter l'inconnu à deux plutôt que de monter seul au créneau. Car on en a engagé, des batailles. Et ce n'est pas fini. Notre instinct de survie est bien là, qui nous colle à la peau. Alors, on s'y accroche, à cette putain de vie. Car certains l'ont perdue sans même l'avoir voulu. Un accident, une maladie, et ils ont disparu. On sait seulement qu'on ne les reverra plus.
On comprend alors qu' il faut tenir bon. Surtout si on on a soi-même donné la vie. On ne peut plus faillir. On se sent désormais investi d'une mission, celle de la transmission. On a certes perdu nos illusions, mais on fait tout pour masquer notre amertume et oublier nos unions d'infortune .
C'est à ce moment qu'on lui découvre un sens, à la vie. On s'en veut de ne pas l'avoir découvert plus tôt, occupé qu'on était à courir après le bonheur et les honneurs. On se dit que puisqu'elle ne tient qu'à un fil, il faut tout faire pour qu'il nous relie à ceux que l'on chérit. Et on se met enfin à lui sourire, et à lui pardonner de nous avoir parfois tant fait souffrir . Car, quoi qu'on dise, au bout du compte, on n'en aura jamais qu'une seule, de vie.
vendredi 14 novembre 2014
On mesure la décadence d'une société au baromètre de ses centres
d'intérêt. Il suffit que la masse hétéroclite qui la compose, hommes
et femmes confondus, porte une attention trop soutenue à la corporéité
pour que, brusquement, la chute de l'humanité soit amorcée. Par corporéité, j'entends tout ce qui a trait au corps humain, de la présentation qu'on choisit de faire de son propre corps au monde à la représentation plastique, graphique ou discursive dont il est l'objet dans le domaine des arts ou de la discussion courante.
On ne peut nier que notre époque voue un culte hyperbolique aux anatomies sculpturales, modelées par les séances intensives de musculation dans les salles de sport à l'éventail d'activités variées. Même les plus réfractaires d'entre nous sont certaines de trouver de quoi satisfaire leur envie de dégourdir leurs membres ankylosés par une sédentarité forcée . Pilates, yoga, fitness, arts martiaux, sans oublier les multiples danses latines tropicales (salsa , tango, bachata) nous promettent des plastiques de rêve qu'on veut à tout prix transformer en réalité . On fait de son corps un champ de bataille, non pas tant pour séduire les hommes que pour se séduire soi-même.
Cette glorification du corps par l'effort se couple, pour certaines, à une obstination à vouloir le conformer, par des moyens artificiels, aux oukazes esthétiques que la dictature masculine impose. En ce moment, poitrines et postérieurs se doivent d'avoir des volumes aux proportions felliniennes, obligeant les collections de lingerie à miser sur le XXL plutôt que le XXS. Les nus de Botéro, peintre qui clamait haut et fort sa dilection pour les femmes girondes aux poitrines opulentes, n'ont jamais été aussi convoités. Les bronzes décharnés de Giacometti sont désormais boudés par les amateurs d'art qui leur préfèrent les sculptures africaines aux formes voluptueusement pleines.
La nudité s'étale sans plus aucune retenue: sur les couvertures de magazines et les profils des réseaux sociaux; dans les cafés aussi, où des intégristes féministes n'hésitent plus à exhiber leurs seins gorgés de lait pour donner la tétée à leurs bambins. La pornographie a supplanté l'érotisme. Good bye Emmanuelle, Welcome Gorge Profonde. Les porn stars, lassées d'utiliser leur cul, commencent à utiliser leur tête. Certaines s'improvisent écrivains. Il est fort à parier que plus d'hommes connaissent le style de Sasha Grey plutôt que celui de Wilde dans Dorian Gray.
Cette obsession pour le corps boursouflé et surexposé a même imprégné les discours journaliers. Les discussions sont remplies de langage grossier, de vocabulaire ordurier centré sur les parties de notre anatomie ordinairement cachées. Sur les plateaux télé, dans les blogs primés, dans les cours de récré, ce ne sont qu'obscénités et insanités. Le corps, autrefois vénéré par les poètes et sanctifié par la papauté, se retrouve immolé sur l'autel de l'indécence . Les parties génitales et l'orifice fécal en prennent plein leur grade. Entre les " Va chier!", " Enculé! ", "Couille molle!" " Nique ta race!" , "Tête de cul" , et j'en passe, on ne sait plus à quel saint se vouer.
Moi-même, je crains d'être contaminée. Après le règne de la culture, voici l'intronisation de la cul-ture! Bientôt les bimbos se lanceront dans la politique, et les énarques deviendront des bimbos. Les présidents de la république nommeront des ministres aux mensurations bien spécifiées. Le sénat et l'assemblée ne seront pas en reste. On fera sortir de l'hémicycle celles qui ne porteront ni mini-jupes ni bas résille. Du coup, dans la chambre des députés, les débats ne risqueront plus de s'éterniser et les hommes ne seront plus surpris en train de sommeiller. Est-ce à dire que la France sera finalement sauvée? Ça, par contre, ce n'est pas du tout gagné...
On ne peut nier que notre époque voue un culte hyperbolique aux anatomies sculpturales, modelées par les séances intensives de musculation dans les salles de sport à l'éventail d'activités variées. Même les plus réfractaires d'entre nous sont certaines de trouver de quoi satisfaire leur envie de dégourdir leurs membres ankylosés par une sédentarité forcée . Pilates, yoga, fitness, arts martiaux, sans oublier les multiples danses latines tropicales (salsa , tango, bachata) nous promettent des plastiques de rêve qu'on veut à tout prix transformer en réalité . On fait de son corps un champ de bataille, non pas tant pour séduire les hommes que pour se séduire soi-même.
Cette glorification du corps par l'effort se couple, pour certaines, à une obstination à vouloir le conformer, par des moyens artificiels, aux oukazes esthétiques que la dictature masculine impose. En ce moment, poitrines et postérieurs se doivent d'avoir des volumes aux proportions felliniennes, obligeant les collections de lingerie à miser sur le XXL plutôt que le XXS. Les nus de Botéro, peintre qui clamait haut et fort sa dilection pour les femmes girondes aux poitrines opulentes, n'ont jamais été aussi convoités. Les bronzes décharnés de Giacometti sont désormais boudés par les amateurs d'art qui leur préfèrent les sculptures africaines aux formes voluptueusement pleines.
La nudité s'étale sans plus aucune retenue: sur les couvertures de magazines et les profils des réseaux sociaux; dans les cafés aussi, où des intégristes féministes n'hésitent plus à exhiber leurs seins gorgés de lait pour donner la tétée à leurs bambins. La pornographie a supplanté l'érotisme. Good bye Emmanuelle, Welcome Gorge Profonde. Les porn stars, lassées d'utiliser leur cul, commencent à utiliser leur tête. Certaines s'improvisent écrivains. Il est fort à parier que plus d'hommes connaissent le style de Sasha Grey plutôt que celui de Wilde dans Dorian Gray.
Cette obsession pour le corps boursouflé et surexposé a même imprégné les discours journaliers. Les discussions sont remplies de langage grossier, de vocabulaire ordurier centré sur les parties de notre anatomie ordinairement cachées. Sur les plateaux télé, dans les blogs primés, dans les cours de récré, ce ne sont qu'obscénités et insanités. Le corps, autrefois vénéré par les poètes et sanctifié par la papauté, se retrouve immolé sur l'autel de l'indécence . Les parties génitales et l'orifice fécal en prennent plein leur grade. Entre les " Va chier!", " Enculé! ", "Couille molle!" " Nique ta race!" , "Tête de cul" , et j'en passe, on ne sait plus à quel saint se vouer.
Moi-même, je crains d'être contaminée. Après le règne de la culture, voici l'intronisation de la cul-ture! Bientôt les bimbos se lanceront dans la politique, et les énarques deviendront des bimbos. Les présidents de la république nommeront des ministres aux mensurations bien spécifiées. Le sénat et l'assemblée ne seront pas en reste. On fera sortir de l'hémicycle celles qui ne porteront ni mini-jupes ni bas résille. Du coup, dans la chambre des députés, les débats ne risqueront plus de s'éterniser et les hommes ne seront plus surpris en train de sommeiller. Est-ce à dire que la France sera finalement sauvée? Ça, par contre, ce n'est pas du tout gagné...
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