J'ai testé pour vous Tinder . Pour celles qui ne connaissent pas , c'est l'appli mobile qui fait des étincelles dans le cœur des petites et des grandes de 7 à 77 ans. Finis les sites de rencontre "has been" qui vous obligeaient à remplir des questionnaires bidon pour dénicher les plus beaux étalons de la Création. Les souris, c'est connu, font fuir les équidés. Surtout quand on clique trop dessus.
Désormais Tinder , qu'il ne faut pas confondre avec Kinder ( le chocolat ), nous réserve des surprises à gogo . Avec son logo en forme de flamme, ce nouveau réseau social met le feu aux poudres en nous proposant de "liker"ou non des brochettes de mâles alpha, mais surtout gros bêta, qui étalent leurs appâts sur des selfies artistiques ou artisanaux supposés déchaîner notre libido. J'ai bien dit "supposés". Car, pour ma part , la magie n'a guère opéré . En cliquant sur un coeur (pour signifier notre émoi) ou une croix ( pour manifester notre effroi), on voit défiler sur notre écran les clichés de potentiels prétendants , vus de profil ou de face, en plongée ou contre-plongée.
Statistiquement parlant , on note une forte proportion de bipèdes a la silhouette tronquée (volontairement décapités en l'occurrence ) , sans doute pour nous inciter à nous focaliser exclusivement sur leurs abdomens musclés ( les fameuses tablettes de chocolat , mais pas celles de Kinder , hélas) . Les hommes troncs, ça n'a jamais fait fantasmer personne, sauf, peut-être, les amateurs de freak shows ( foires aux monstres ), mais ça, c'était il y a fort longtemps.
En deuxième position se trouvent les fêtards levant un verre à moitié rempli d'un breuvage aisément identifiable. Passe encore s'il s'agissait d'un élixir d'amour. Mais à voir la face hilare et le regard goguenard de ceux qui le brandissent, on se prend à douter des vertus aphrodisiaques de ce nectar nocturne. En tout cas , je dois avouer que le spectacle de telles libations ne m'a pas laissée tout feu tout flamme .
Une catégorie non négligeable de matamores au volant de décapotables ( probablement louées à la journée) a ensuite retenu mon attention. Bien mal leur en a pris. J'ai plus admiré la carrosserie du bolide dont ils faisaient la réclame que l'air fat qui émanait de leur visage. J'allais oublier les bikers , les rockeurs, les rappeurs , les dompteurs de tigres ( enfin, de bébés tigres ), les amateurs de sport extrême ( skydiving, flyboarding, base jumping, kitesurfing ), les fumeurs de marijuana , les surfeurs etc.
Mais c'est surtout les bluffeurs dont il faut à tout prix se méfier. Pour s'assurer qu'on va les remarquer et les liker, ils n'hésitent pas à uploader les clichés de golden boys surdiplômés qui exercent leurs talents en salle de marchés. Mauvais calcul! Il faut peu de temps pour découvrir leur supercherie. Au premier échange, les imposteurs sont démasqués. On découvre bien vite que l'arithmétique n'est pas leur fort et que l'orthographe n'est pas leur tasse de thé .
Parlons-en, des échanges. Ils ne sont guère variés. Peu de gentlemen, en règle générale, et bien trop de queutards ! Que voulez-vous ! Le Viagra fait beaucoup de ravages. Au lieu de nous inviter à prendre un verre pour discuter, ces messieurs nous parlent directement de préliminaires et d'oreillers . Bref, avec Tinder comme avec Kinder, on n'est pas au bout de nos surprises . Reste que, contrairement au chocolat, l'appli nous laisse un goût des plus amers...