La nature est sans nul doute un terreau inépuisable de richesses qui nous fait , d'une part , prendre conscience de nos limitations et de notre insignifiance au sein du monde minéral , végétal et animal . Les promenades pédestres au sein du bréviaire de la Création nous enseignent en effet l'humilité en nous faisant mesurer l'étendue de nos prétentions . Mais dans ce livre magique , nous parvenons aussi à réaliser une expérience esthétique et synesthésique magistrale, qui nous invite à transcender nos limites par le simple acte de la pensée . En admirant ce que nous ne pouvons égaler , nous nous emplissons aussi du bonheur ineffable d'exister .
Si le milieu urbain ne recèle pas une part de divinité , il révèle néanmoins le génie qui peut animer l'être humain , ne serait-ce que par les réalisations architecturales qu'il incorpore . Le foisonnement de monuments historiques des capitales , le style varié des façades des immeubles d'habitation , les sculptures qui soudainement jaillissent d'une fontaine ou nous surprennent au détour d'une rue , tout cela témoigne tout autant de l'élan créateur qui anime l'homme que de l'évolution de ses principes artistiques au cours des siècles .
De sorte que musarder en solitaire , à la belle saison , à la ville ou à la campagne , c'est à la fois se laisser traverser par un flux agréable de sensations et d'émotions qui oblitèrent , pour un temps , les diverses tensions et limitations auxquelles l'on est inévitablement soumis de par notre condition humaine . S'immerger , au gré de nos pérégrinations , au sein du Grand-Tout à l'immuabilité temporelle , ou voir émerger les strates du passé en se confrontant à la mutabilité des créations de notre espèce , nous renvoie tour à tour à notre humilité devant ce qui nous échappe , et à notre excessive fierté d'appartenir à une espèce en perpétuelle évolution et aux contours aussi changeants que le rythme des saisons .