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vendredi 28 novembre 2014

L'automobile, c'est mon dada. Il me suffit de voir la carrosserie coruscante d'un bolide supersonique avec ses 500 chevaux sous le capot pour que j'enfourche Pégase et que je déclame illico ma flamme à son occupant. Sans doute parce que, en chantre inconditionnel de la conquête spatiale, je perçois les vrombissements assourdissants et les accélérations sidérantes comme un avant-goût des vols suborbitaux que bientôt le touriste de l'espace sera en mesure d'effectuer .

Mais mon attraction pour les astres n'explique pas tout. Il y a autre chose qui fait que je préfère me blottir dans l'habitacle d'une Aston Martin plutôt que dans celui d'une Austin Mini. Se lover au creux de leurs sièges gainés de cuir, c'est régresser au stade utérin et retrouver la sensation perdue du ventre maternel qui nous a portés jusqu'à notre expulsion. C'est aussi lâcher prise, mettre un frein à notre incoercible besoin de nous agiter en tout sens, et accepter d'abandonner notre corps immobile aux vibrations sensuelles de la mécanique .

Mais avant d'atteindre le septième ciel et de pouvoir nous propulser sur les rubans d'asphalte à une vitesse euphorisante, il nous faut remplir une condition sine qua non. Faire les yeux doux au destin et prier tous les saints pour obtenir le passeport sans lequel nos désirs d'évasion demeureront à jamais à l'état de frustration: le permis de conduire! Oui! Ce bout de carton rose bonbon! Que de génuflexions et de compromissions serions-nous prêts à faire pour nous le procurer, lui qui nous donne le feu vert pour sillonner les routes de notre vaste terre, et réaliser, qui sait, peut-être un jour, des rallyes dans le désert!

Mais le chemin pour obtenir ce billet doux n'est guère pavé de roses. Il s'apparente plus à un parcours du combattant qu'à une promenade de santé. D'abord choisir l'auto-école appropriée, de préférence située à quelques enjambées de votre maisonnée. Proscrire à tout prix celles qui vous obligent à trop marcher à pied. Les tendons d'Achille doivent être préservés pour être à même d'actionner avec agilité le pédalier, certes pour accélérer,  mais aussi, sécurité oblige,  freiner avec tonicité .

Le poignet droit nécessite, par ailleurs, d'être choyé au même titre que vos pieds. Car il est aux commandes du boîtier sans lequel le passage des vitesses ne pourrait être opéré. Il est impératif de manipuler ce dernier avec dextérité, et surtout , de ne pas le brusquer . Il est très rancunier, ce boîtier , et n'hésite pas à vous faire caler en pleine montée si vous étiez coupable de la moindre inhabileté. Démarrer en côte, ce n'est pas très aisé, surtout quand on n'est pas très expérimenté. On ne manque jamais de se faire remarquer...

Faire des pieds et des mains pour avoir son permis, cela ne suffit pas. Il faut avoir bon pied, mais surtout bon œil. Pas tant pour zieuter le visage des autres conducteurs susceptibles de faire battre votre cœur ( quand le vôtre n'est pas encore pris ), mais pour le fixer sur les  rétroviseurs sans oublier le fatal angle mort, si mal nommé, car sans lui, il y a belle lurette que nous ne serions plus en vie .

Mais j'oublie le principal. Sans doute parce qu'il me fut fatal. Que voulez-vous! L'inspectrice, lèvres pincées et sourire en coin, m'ordonna de prendre la direction d'une charmante localité au moment où je m'extirpais péniblement de l'anneau d'un carrefour giratoire à branches multiples, suivie de près par un poids lourd aux dimensions épiques... La sueur perlait à mon front car, dans ma précipitation, je ne pus repérer la destination voulue assez rapidement. Et, bien évidemment, quand j'y parvins enfin, j'oubliai d'enclencher le CLIGNOTANT!!!!

Vous imaginez la suite : AJOURNÉE ! Adieu veaux, vaches, cochons! Je vis filer à vive allure  l'Aston Martin de mes rêves, et même l'Austin mini, trop contente de me faire la nique , moi qui  ne lui avais témoigné que du mépris. Depuis cette mésaventure, je tiens en respect tout véhicule à quatre roues, du moins sophistiqué au plus raffiné. Et, le croirez-vous, je suis passée maître en la signalisation des changements de direction. Ainsi, si vous croisez, par le plus grand des hasards, un véhicule usant et abusant des feux de détresse, vous devinerez sans hésitation qui se trouve au volant. Au moins, on ne pourra plus me reprocher d'avoir oublié le clignotant...

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