Pages

Nombre total de pages vues

jeudi 31 décembre 2015





L'obscurité a toujours  été stigmatisée dans le monde occidental . C'est qu'on la craint . Elle pointe toujours une  absence , une privation ,une frustration même . Manque de lumière , au sens physique, manque de clarté , au sens intellectuel. Dans un cas comme dans l'autre , nous sommes délogés de notre zone de confort . Il nous faut procéder à tâtons avec le risque de nous cogner à la réalité concrète ou abstraite .

Mais à y bien réfléchir , l'obscurité fait partie du grand cycle de la nature . Si le jour existe , c'est bien parce que la nuit lui donne naissance . Notre gestation dans la matrice maternelle s'est aussi effectuée dans l'obscurité la plus complète . Et la vie organique ne serait pas possible sans la mise en sommeil des photons . Pour permettre à la nature de se régénérer ou tout simplement de se développer , l'obscurité est donc  indispensable .  

Le domaine des inventions techniques en a d'ailleurs tiré amplement partie .  La photographie n'aurait jamais vu le jour sans la mise au point de la chambre noire . Et le cinématographe nous attire bien dans des salles obscures pour que prennent vie sur un écran les destinées les plus variées . Il en est de même pour les salles de spectacles : que ce soit au théâtre ou à l'opéra , pour que la magie opère , la lumière de la salle doit s'éteindre  pour que celle de la scène nous illumine . 

Si le divertissement la courtise, si elle est un composant inaliénable de la vie , il serait enfin temps que nous cessions de la redouter , voire même de la diaboliser . On oublie trop qu 'elle est plus proche de nous qu'il n y paraît . Il n'est  qu'à sonder notre moi profond pour y dénicher notre part d'ombre  . Tapie au fond de nous , elle attend que nous l'apprivoisions .La fuir reviendrait à  se renier soi même , à se détruire ou , pire encore , détruire les autres. L'obscurantisme , voilà ce qu'il faut combattre . Car il a pour seule fin  de plonger le monde dans les ténèbres en lui fermant les portes de l'avenir . 

lundi 21 décembre 2015

C'est toujours un peu la même histoire, ces grands méchants sur grand écran qui font le mal pour le mal.  Ils ont toujours raté quelque chose dans leur enfance. Soit ils ont grandi dans l'ombre intergalactique  d'une mère qui a tout fait pour leur faire oublier leur père . Soit ils ont grandi  dans le vide sidéral laissé par une mère démissionnaire en prise avec un père tortionnaire.

 Comment leur reprocher ensuite d'être bancals , eux qui n'ont appris à se tenir debout qu'en s'agrippant au mât de leur lit, spectateurs du naufrage parental et cherchant plus tard leur bonne étoile dans le ciel de leurs délits? Quand on est privé d'un centre , ballotés entre un besoin d'amour  immense et un sentiment d'abandon , peut-on faire autre chose que de se tourner vers le côté obscur?

Comme ces fruits que l'on cueille des arbres avant qu'ils n'aient mûri, ils pourrissent en leur coeur en se gorgeant de rancoeur. Ils se nourrissent de leur rage et s'enivrent de pouvoir. Ils aiment d'un amour malsain , martyrisent leur entourage , se méprisent tout autant qu'ils s'admirent. Ils veulent prendre leur revanche sur la vie,  se venger d'avoir été trop aimé ou pas assez . Ils vendent leur âme au diable , se consument dans les supplices du mal car ils n'ont jamais goûté de meilleurs délices.

Puis ils croisent les pas du héros, celui qui leur tend le miroir de leur conscience et fissure leur carapace de remords intenses. Le feu qui les dévore se transforme en minuscule flamme . Le chaos qu'ils ont semé leur laisse un goût de cendre dans les entrailles. Ils repensent à leur enfance, à leurs premiers  bonheurs vite étouffés par le malheur, mais aussi à tout cet amour qu'ils ont emprisonné dans leur coeur pour laisser libre cours à leur fureur.

Et comme il faut bien une morale à toutes ces histoires , le bien finit par triompher du mal .  Les héros doivent bien servir  à quelque chose. Mais au fond, le méchant doit se réjouir plus qu'autre chose de tomber sous les coups de ces hérauts d'un monde meilleur. Parce que , vraiment, passer toute une vie à faire le mal , ça ne doit pas être toujours rose . Ils le méritent bien ,  leur repos éternel . Avoir constamment la force avec soi, quoi qu'on en dise, c'est ...mortel ...

lundi 7 décembre 2015




On passe sa vie à attendre. C'est une nécessité à laquelle on ne peut se soustraire. On attend un train, on attend son médecin . On attend des nouvelles des personnes à qui l'on tient. C'est une passivité dont on se passerait bien , car elle nous fait prendre conscience, à nous qui clamons notre autosuffisance, de notre  dépendance aux autres mais surtout aux circonstances . 

Il arrive qu' on attende pour rien aussi. C'est le plus dur . Attendre quelqu'un qui ne viendra jamais. Quelqu'un qu'on ne connaît pas mais dont on est sûr qu'il nous reconnaîtra dès qu'il apparaîtra, qu'il rompra le maléfice qui nous lie au malheur ou et au désamour de soi . Il faut bien croire en sa bonne étoile quand on a l'espoir pour unique fanal . 

En attendant , on essaie de poursuivre son chemin bon an mal an. On se laisse porter par le rythme des saisons et le cortège de leurs célébrations . On patiente stoïquement des mois durant , endurant le froid hiémal et celui, plus glacial,  des couloirs où piétine notre âme . 

Puis un beau jour , on se rend compte qu'on n'a plus rien à attendre. Qu'on a même attendu pour rien. Que celui qu'on attendait n'est jamais venu et que d'autres qu'on n'attendait pas sont venus à sa place, pour le meilleur et pour le pire . 

Et l'on se dit qu'on s'est trompé. Que la vie répond rarement à nos attentes. Que le  bonheur est un miracle qui n'existe que dans les contes , un cadeau de Noël égaré en chemin qui n'arrivera jamais à destination . 

Alors on se résigne à attendre celle dont on ne sait rien mais qui nous connaît si bien . Celle qui tient toujours parole , quelles que soient les saisons , quel que soit le continent . Celle qui nous confirme que la vie n'est qu'une vaste aérogare et que nous sommes des passagers sans bagage , perdus au milieu de nulle part et qui rêvent de nouveaux départs pour quitter cette terre jonchée de cauchemars. .