Il est une question qui nous taraude toute notre vie, depuis nos premiers pas sur la scène du langage jusqu'à notre sortie de scène finale , qu'elle soit lente ou brutale. Cette question, c'est celle du pourquoi.
L'enfant
, quand il découvre le monde physique qui l'entoure et tente de le
comprendre , nous harcèle de ses interrogations constantes , cherchant
par là-même à se rassurer tout autant qu'à poser la première pierre du
château branlant de ses connaissances . Nous sommes , à ce stade , en
mesure de lui apporter la réponse qu'il attend , vu le faible degré
d'abstraction que celle-ci requiert . Il est en effet à notre portée de
lui expliquer la raison pour laquelle un être humain a besoin d'air pour
vivre , et un poisson d'eau .
Là
où nous risquons de perdre pied et boire la tasse , c'est quand
surgissent dans son cerveau en construction les premières questions
existentielles relatives à notre durée de vie limitée sur terre . Pour
couper court à une investigation poussée , on s'entendra lui dire que
si grand-mère n'est plus chez elle , c'est parce qu'elle est montée au
ciel . Et l'on s'en mordra les doigts ensuite quand il nous dévisagera
d'un air sceptique , car pourquoi grand-mère saurait-elle donc voler ,
alors que lui ne le pourrait pas ?
C'est
en lui cachant la vérité sur notre finitude que l'on prend vraiment
conscience de notre incapacité à résoudre les équations métaphysiques
qui codent nos existences. Pourquoi devons-nous donc mourir ? Pourquoi
devons-nous donc souffrir ? Pourquoi un plus un ne fera jamais deux
pour certains , mais continuera de faire toujours un plus un ? Pourquoi
?
Certes
la religion et les mythes nous apportent quelques lumières sur
l'origine du monde . Ils comblent les hiatus que la science ne parvient
pas encore à expliquer . Mais si nous aimons tant croire aux histoires
qu'ils nous racontent , si nous nous satisfaisons depuis des
millénaires de ces versions de la Création bien qu'elles défient
l'imagination , n'est-ce pas dans la mesure où elles masquent notre
incompréhension anxieuse des mystères du monde ? En fin de compte , nous
ne serions pas moins naïfs que l'enfant qui feint de croire au ciel pour
repousser l'idée qu'il finira un jour sous terre.
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