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dimanche 13 septembre 2015

Un gros plan sur un enfant couché sur le sable , sur une plage huppée , un beau matin d'été . Non, ce n'est pas le Lido de Venise et ce n'est pas non plus Tadzio. Mais le petit garçon est tout aussi élégant . Son polo rouge, son bermuda bleu , ses mocassins de cuir brun lui donnent un air de Petit Prince au pays des embruns .

On sent qu'il a été aimé , on sait qu'il sera aimé du monde entier maintenant qu'il n'est plus de ce monde . Les vagues l'ont englouti , et avec lui tous nos espoirs de le voir grandir un jour . La mer, honteuse d'avoir perdu son bras de fer avec la mort , l'a déposé sur le rivage dans un linceul d'écume .

Il repose là, inerte , comme un nouveau-né endormi , le visage enfoui dans le sable . On ne veut pas croire qu'il ne se réveillera plus . Son petit corps bien nourri semble encore plein de vie . On devine ses rires , ses yeux émerveillés quand il a découvert la mer et l'esquif qui allait lui être fatal. On veut oublier sa peur et ses pleurs . Ses cris aussi.

Ce qui nous poursuivra tant que notre mémoire gardera trace de cette image de lui , c'est cette horizontalité dérangeante , cette confusion entre sommeil et absence de vie. Un enfant qui dort, c'est un enfant qui vit . Un enfant qui gît est un enfant sans vie.

On lui en veut , à la mort , de nous avoir trompés en copiant aussi bien la vie . On s'en veut surtout d'avoir été assez naïfs pour croire qu'un enfant allongé ne peut forcément que dormir , et ne jamais mourir.

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