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vendredi 7 novembre 2014

Dans le monde au sein duquel nous vivons, le propre de l'homme,  ce n'est plus de rire, mais de compter. Oui, de compter. Le chiffre est roi. Il gouverne notre moi. Nous évoluons dans une dictature du nombre avec, pour seul ministère, celui de la computation .

Notre corps, par exemple. Il est la première victime de notre assujettissement à l'arithmétique. On le pèse, le mesure, l'ausculte. Trop de kilos et nous voilà, nous les femmes,  devenues son bourreau, avec, en prime, notre moral à zéro. Chasser les calories devient le maître-mot . On les traque sans relâche , et chaque passage sur notre balance a pour effet d'accroître le nombre de nos palpitations cardiaques .

Si l'on veut perdre des kilos, on veut, en revanche, gagner des euros . Et pour cela, il faut exercer un boulot sûr de nous rapporter gros. Sur nos copies d'école, c'est le chiffre 20 qu'il faut viser. Pour parodier César, on choisit comme devise : j'eus vingt, je vis et je vainquis. Et pour tenir le haut du pavé , mieux vaut être médaillée sur le podium des vanités. On y gagne en popularité, même si on y perd en authenticité.

Si on est médiocre en maths et mauvaise en français, il nous reste à décrocher le gros lot, soit en jouant au loto, soit en épousant un rentier nigaud, et lui faire croire qu'on est accro. Mais pour le garder bien au chaud et éviter qu'il ne file avec une bimbo, il faudra dépenser quelques lingots pour garder une peau bien comme il faut.

Car l'horloge ne s'arrête pas de tourner, et, quoi qu'on fasse, le nombre des années de notre vie est le seul dont on est certain qu'il ne cessera d'augmenter. À un moment donné, il faudra bien faire les comptes. On s'en voudra alors d'avoir perdu tant de temps à dénombrer kilos et euros, amis et ennemis, degrés et mètres carrés.

Car, lors du jugement dernier, seul le poids de nos péchés pèsera dans la balance, et pas celui de nos propriétés . Il sera alors trop tard de réaliser que le seul chiffre qui vaille la peine d'être valorisé, c'est le chiffre "un", celui de l'unité et de l'unicité, celui du grand amour d'une vie qu'on a laissé, par lâcheté ou immaturité, nous échapper, tant nous effrayait l'idée qu'il aurait pu durer.

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