Ah, les soirées événementielles parisiennes! Elles font rêver la terre
entière ! Non pas tant pour les causes qu'elles défendent que pour les
fastes qu'elles déploient .
D'abord le cadre. Il n'est jamais choisi au hasard. Rien n'est trop
beau pour séduire des hôtes à la fortune prestigieuse. Éblouir, tel
est le mantra! Les écrins aristocratiques sont les plus prisés. Ainsi
châteaux, hôtels particuliers, palaces d'époque figurent au nombre des
lieux les plus convoités . Les invités, il ne faut pas l'oublier, sont, dans leur majorité, de simples roturiers. Certains se sont même taillé
une réputation en cultivant la feuille de coca au fin fond de la
Colombie. Alors, pour chasser de l'esprit l'idée qu'ils ont peut-être
les mains sales, on prend des gants pour les accueillir. On les
courtise assidûment , même si on les méprise profondément.
Question décor, on verse plutôt dans l'épure. Rien de mieux que les
grands espaces vides. Pour tout mobilier , un canapé. On ne sait
jamais. Il faut pouvoir ranimer la première victime d'une overdose de
champagne millésimé. Car le bar à bulles ne chôme pas. Il faut que ça
pétille dans les coupes autant que dans les yeux. À ce titre, une
escouade de serveurs zélés glisse, avec l'aisance de patineurs
confirmés, sur le parquet ciré. Un ballet savamment chorégraphié .
Quant à l'assemblée, elle est aussi hétéroclite que les specimens d'un
cabinet de curiosités. On y croise des mannequins, aussi dégingandées
que désargentées, accrochées à des gnomes vaniteux au compte bancaire
excédentaire. Des créatures hyaluronisées , botoxées, et collagénisées ,
rescapées d'un parc zoologique et en passe d'être naturalisées. Des
pseudo-artistes bizarrement accoutrés aux verres fumés spécial soirée.
Et officiant derrière sa table de mixage, l'incontournable DJ, amateur
de chansons vintage recyclées et décibélisees.
De quoi dérider l'assistance, me direz-vous. Eh bien, vous vous
trompez. Elle est plutôt figée, l'assistance. On évite de rire...de
peur des rides. Mais on sourit beaucoup, présence de photographes
oblige. Il faut faire bonne figure pour avoir une chance d'être
immortalisée sur papier glacé. L'argent que l'on a investi dans sa robe
haute couture doit être au moins rentabilisé. Sans compter celui que
l'on a dépensé pour soutenir la cause humanitaire de la soirée .
Au fait, quelle cause? Peu importe! Il y aura bien un maître de
cérémonie pour rafraîchir les mémoires embrumées. D'ailleurs on
l'appréhende, le fameux discours! Car à force de rester debout à
prendre la pose et dévisager les autres invités, on commence à avoir
drôlement mal aux pieds dans des stilettos de cryptofétichistes. Et comme on
s'interdit de poser son séant sur le canapé , la torture promet d'être illimitée .
Patience! Avant le prochain événement, on optera pour un " Loub job".
Gare au contresens! Cela ne veut pas du tout dire qu'on décrochera
un job chez un certain Loub. Cela désigne simplement une injection
de collagène sous les coussinets des orteils , et c'est tellement plus sexy qu'une semelle orthopédique. Après,
on ne s'étonnera plus de s'entendre dire "quel pied ! ".
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