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mardi 24 juin 2014


    Qu'on le veuille ou non , notre corps est le bagage que l'on transporte continûment avec soi, de notre naissance à notre mort , sans possibilité de nous en défaire. Il  prend corps dans le corps de notre mère , replié sur lui-même dans les ténèbres utérines , avant d'être expulsé vers la lumière et croître à son rythme , soumis aux métamorphoses que lui fait subir le temps qui scande notre existence .

    Le temps biologique , en premier lieu , mais aussi le temps (au sens météorologique ) du psychisme , avec ses accélérations et ses décélérations .  Car une chose est sûre : bon gré mal gré , notre corps est attelé à notre esprit pour le meilleur et pour le pire , dans notre voyage forcé sur cette terre . Dès lors , tous les coups sont permis . De cette cohabitation contrainte , naissent des rébellions sans fin  , et il faut être un habile aurige pour éviter de verser dans le précipice .

    De cette lutte sans merci, le corps est toujours le premier à pâtir . Extérieurement d'abord. Au vu et au su de tout le monde , il se dilate ou se rétracte , faisant osciller la balance au gré de nos humeurs changeantes . Intérieurement aussi . Nos organes sont mis  à rude épreuve . De l' ulcère au cancer , nos viscères subissent les assauts répétés de la maladie très souvent induite par un esprit à l'agonie . Psychosomatisme oblige .

    Pour parer conjointement à l'érosion physiologique de notre corps et aux déprédations physiques commises par les diverses pathologies , notre volonté s'avère une alliée de choix . Elle est la forteresse dans laquelle nous nous retranchons pour nous façonner un corps de déesse: celui immortalisé par la statuaire antique . Un corps modelé à force d'être mortifié par des séances de musculation intensive . Un corps magnifié et exhibé sans retenue sur du papier glacé. Comme pour conjurer les moment où il deviendra de glace , aussi froid que le marbre des statues qu'il tend à imiter.

    Car rien ne peut enrayer le cours implacable du temps. On peut tout au plus faire illusion , user de  subterfuges pour redonner à la peau son apparence juvénile . Mais l'on ne trompe que soi-même dans ce vaste jeu de dupes . Les années que l'on pense avoir soustraites à notre état civil sont bel et bien inscrites sur la feuille de route de notre vie . Et ce corps que nous exaltons , et grâce auquel nous exultons dans cette jouissance que nous procurent  les plaisirs de la chair,  ce corps est pourtant bien notre prison ! Ne l'oublions pas : la "petite mort" porte bien son nom. Elle n'est qu'une séance de répétition avant l'exécution de l'oraison funèbre qui clora notre existence sur terre.

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