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vendredi 29 novembre 2013

Il faut bien le reconnaître , la notion de perte est inscrite de façon indélébile  dans la peau de chagrin de  l'existence  humaine . Qu'elle soit matérielle ou affective , personne n'y échappe . Mais perdre, cela ne veut pas toujours dire être perdant . D'où l'ambivalence du concept ,  sorte de Janus bifrons  , aigle bicéphale  qui plane au dessus de nos têtes et transforme  ses proies en phoenix renaissant de leurs cendres . Car paradoxalement, perdre, dans bien des cas , signifie aussi gagner .

Le deuil de notre  enfance est la première perte qui nous est infligée , biologiquement parlant . Personne ne peut s y soustraire .  D'abord la métamorphose de notre corps nous y contraint , bon gré , mal gré . Puis il faut nous astreindre  à "jouer" à l'adulte à un moment ou à un autre , même si nous n'en devenons jamais un, à proprement parler . L'accession à des responsabilités , qu'elles soient professionnelles ou familiales , nous expulse violemment et irréversiblement de ce "vert paradis " , ou , pour les plus malchanceux d'entre nous , de cet enfer . Dans le dernier cas , le deuil est interminable.  L'enfant hurlant ne cesse de s'agripper aux jupes de l'inconscient de l'adulte que nous sommes condamnés à jouer sur la scène du monde . Il conduit certains au meurtre , d'autres au suicide.

La deuxième perte à laquelle nous sommes un jour ou l'autre confrontés est la perte d'un proche .  Le bouillon de culture familial , premier terreau où germe l'attachement affectif , devient aussi le lieu de nos premiers deuils . Un parent qui part sans laisser d'adresse ( la mort représentant l'adresse la plus ultime  qui soit ), ou qui en choisit une différente, divorce oblige , nous met face à face à une béance mortifère qui happe notre besoin viscéral d'ancrage . C'est la rencontre forcée avec la première perte de repères , mais c'est aussi l'occasion d'un gain inestimable , celui de la prise de conscience de notre résilience , de notre aptitude à "faire avec" la perte et à ne pas se laisser broyer par elle .

Et de fait , cet apprentissage précoce nous donne ensuite les armes pour lutter efficacement contre les pertes à venir . Celle, inéluctable, de l'être aimé, par exemple . L'amour éternel, il n'existe que dans les contes de fées . Au XXIe siècle, les baguettes magiques ont disparu , et le récit se clôt invariablement par : " Ils ne vécurent pas heureux et eurent peu d enfants ". A cela, une explication: l'on aime toujours l'autre pour les mauvaises raisons . Parce qu il nous distrait de nous-mêmes dont nous commençons à nous ennuyer , ou parce qu'il nous rappelle notre parent réfèrent , auquel nous sommes indéfectiblement liés, pour le meilleur ou pour le pire . Et c'est pour cela que les ruptures sont toujours synonymes de déchirement , car elles sont vécues par l'enfant qui nous hante comme la plus injuste des punitions . Elles nous reconduisent sans égard  dans le cachot de notre ego et nous soumettent à un sevrage forcé d'affection .

Mais, à y bien réfléchir , le cachot n'en est pas un, et le sevrage est des plus salutaires . La solitude n'est une cilice que pour les humains qui ne s'aiment pas et qui s'incarcèrent dans un désamour réflexif . Pour les autres,  ceux qui échappent au maléfice,  la perte est perçue comme un mal nécessaire et non comme une rétribution . Ils ont compris que mieux vaut perdre l'autre plutôt que  risquer de se perdre, et qu'il n'est pas de plus grande victoire que celle de se retrouver soi-même , et renaître de ses cendres.






dimanche 24 novembre 2013


Les préfixes gréco-latins  , il y en a qu'on aime bien, et d'autres qu'on aime moins . Pour Les bipèdes que nous sommes , par exemple , mieux vaut être en mode "bi" qu'en mode "mono". Normal ! Il faudrait être maso pour aimer le monde monochrome où nous vivons , où l'on nous débite sur un ton monocorde le plus monotone des discours . On ne cesse en effet de nous rabattre les oreilles avec  le danger des monopoles , les affres des familles monoparentales , les crimes de monaniaques , et les épidémies de mononucléoses.  De sorte que vivre en solo , de nos jours , apparaît comme le plus terrible des fléaux, et que certains couples infernaux préfèrent se laisser gagner par la décomposition plutôt que de risquer l'implosion et la dispersion de leurs deux composants . 

C'est que dans notre société bien-pensante , vivre seul n'est guère vu d'un bon œil. Cela suppose des vices cachés : une homosexualité latente , une hérédité pesante, ou un comportement déviant . Si l'on s'apitoie sur le sort des specimens humains fraîchement divorcés , on ne tarde pas à suspendre l'épée de Damoclès au-dessus de leur tête s'ils ne retrouvent pas assez vite un cavalier ou une cavalière . Et l'on est même soulagé de voir que des campagnes publicitaires leur proposent des sites de rencontre calibrés.

C'est qu'ils sont chouchoutés , les infortunés éclopés de la vie . Ils en ont assez bavé, alors ils doivent vite remonter en selle et jouir à nouveau des bienfaits de la vie . Il leur tarde de reprendre goût à l'entente bilatérale, aux  promenades à bicyclette , aux voyages en bimoteur pour assister à la biennale , et aux  bains de soleil en bikini sur les plages des Bahamas . Et si l'on ne se suffit pas à deux , pourquoi ne pas tenter l'expérience à trois, vu que certains explorent la bisexualité sur le tard . 

Moi, je peux vous dire une chose , les préfixes " mono " et " bi" , je n'en veux pas .  Je suis plutôt du genre "poly" et "multi". On est mégalo, ou on ne l'est pas. J'aime le multimédia , les marbres polychromes , les gens polyvalents , les films multilingues , les robes multicolores , et surtout les religions polythéistes . C'est bien commode quand on est célibataire et qu'on ne sait plus à quel saint se vouer . Il suffit de prier Vénus pour qu'elle nous envoie son Cupidon , et le tour est joué . Si elle est occupée , on peut , en attendant , s'enivrer avec  Bacchus ou mieux encore , deviser avec la sage Athéna . Elle, au moins , si elle n'est pas sortie de la cuisse de Jupiter, elle en est sortie de son crâne. En plus , vu qu'elle est armée et qu'elle est loin d'être une écervelée  , elle saura nous protéger  et surtout nous éviter de nous enticher du premier hominidé qui nous aura été présenté.Car comme chacun sait, mieux vaut être seule que mal accompagnée!



jeudi 21 novembre 2013

Moi qui voue une passion aux paradoxes , je dois dire que je suis servie , depuis que nous naviguons sur l'océan de la mondialisation . Si notre planète est devenue un village , inversement le "village" dans lequel nous vivons est devenu une planète . Car les habitants qui le peuplent, aussi proches qu'ils puissent être de nous géographiquement , sont aussi éloignés de nous que les occupants d'une galaxie lointaine .

Prenons l'exemple de nos voisins . Connaissez-vous les vôtres ? Pas si sûr. Peut-être certaines circonstances fâcheuses vous ont-elles mis en présence de l'un d'entre eux. Un dégât des eaux , vraisemblablement, ou quelque nuisance sonore nocturne , submergeant votre désir de plonger dans cette phase de sommeil que l'on nomme paradoxal . Une chose est sûre , vous n'avez , après cela , aucune envie de les rencontrer à nouveau . Ni sur terre , ni au ciel . Et pour cause. Ils sont le miroir de la réalité humaine que vous tentez de fuir aussitôt rentrés chez vous .

En revanche, vous avez plus de mal à vous passer  de la compagnie  d'internautes invisibles, même s'ils sont trop volubiles . Après tout , vous pouvez les laisser pérorer autant qu'ils le souhaitent . Ils n'exigent de vous aucun effort . Et si vous jugez qu'ils manifestent une volonté d'ingérence un peu trop marquée dans votre vie , il vous suffit de les éliminer de votre salon virtuel en un clic . Pourquoi donc s'en priver ? Point de compte à rendre . Au diable la susceptibilité ! D'ailleurs , vous ne connaissez d'eux que ce qu'ils veulent vous montrer , et ils se gardent bien de promouvoir leurs failles.

Un de perdu , dix de retrouvés, dit le proverbe , sauf que la boulimie ambiante d'échanges, qui ne manque pas de nous contaminer, nous oriente plus vers le millier que la dizaine . Ce ne sont plus des salons virtuels dans lesquels nous causons,  mais des quais de gare . Que dis-je ! Des aéroports internationaux , car , il faut bien le reconnaître, l'on ne véhicule plus notre pensée dans notre langue vernaculaire . Il y a des lustres que cette dernière a perdu de son lustre , éclipsée par sa voisine d'outre-Manche.  Et si l'envie de communiquer avec des Lapons nous en prend, et que le gap langagier devient trop difficile à combler , reste le recours aux pictogrammes , plus connus sous le nom d'emoticons , ou , pour les plus sophistiqués , d'emojis.

Mais la multiplicité des échanges et des langages ne peut masquer une vérité unique. Quand bien même nous converserions avec les trois quarts de la planète  , nous n'en serions pas moins acculés à une solitude sidérale devant nos écrans numériques. Repliés dans un confort fœtal , aspirant à redevenir des  embryons , nous nous croyons  immergés dans la matrice maternelle alors que nous nous asphyxions dans la Matrix virtuelle . Malraux avait raison : " Le XXIème siècle sera religieux ou ne sera pas ", à ceci près que le Dieu que nous avons choisi ne nous relie pas entre nous , mais nous lie inextricablement à nous-mêmes , et nous condamne à vivre dans un néant relationnel des moins salutaires.

dimanche 17 novembre 2013

mardi 12 novembre 2013

On nous parle de la croissance exponentielle des divorces dans notre capitale . Les statistiques l'attestent . Ouvrir un cabinet d'avocat spécialisé dans le droit de la famille devient , dès lors , une affaire fort rentable . En effet , les candidats au divorce ont généralement l'imprudente impudence de demander des comptes  au conjoint désireux de rompre l'hymen . On les comprend . Perdre son statut d'époux ou d'épouse dans notre société conservatrice , cela demande réparation. Les duels étant proscrits , il ne reste à l'époux bafoué qu'à  confier aux ténors du barreau  la mission de venger l'opprobre .  Or certains groupes de réflexion , sans doute émus par la faillite de cette institution sacrosainte ,  ou plus vraisemblablement attirés par l'appât du gain , ont trouvé une solution infaillible pour parer à ces déballages obscènes de vie commune lors des audiences juridiques. Et voilà que les sites de rencontres extra-conjugales ont vu le jour !

 Jusqu'à présent , les sites de rencontre ne visaient qu' un public bien particulier , celui des  célibataires fraîchement  largués de préférence , et comptant bien ne plus le rester en quelques clics . Il est vrai que les photos  des impétrants au titre de compagnon ou compagne idéals ont de quoi laisser rêveur. Il faut séduire à tout prix , donc tous les moyens sont bons pour gommer sillon nasogénien, nez aquilin , ou calvitie naissante . La fée Photoshop s'avére une alliée de choix . Un coup de baguette magique et vous voilà doté(e)d un physique de jeune premier ou de belle ingénue du bal des débutantes . Mais bon,le grand saut du virtuel au réel , il faut bien le faire un jour . Adieu veaux , vaches , cochons , disent certaines. Enfin , pas les cochons , vu qu' il faut bien le dire , la majorité des membres masculins de ces sites n'ont en tête que la satisfaction de leur instincts les plus vils . Et ce mince détail n'a pas échappé à l'attention de certains observateurs , soucieux de redorer le blason du mariage , ou du moins de ternir celui du divorce .

Pourquoi risquer de perdre sa chemise dans des procédures juridiques coûteuses , alors qu'il suffit juste de la retirer , et rouler des mécaniques devant une complice trop contente de raviver une libido en berne ? Après tout , les deux partenaires n'ont en tête que la préservation de leur couple respectif . Ils œuvrent pour le bien de leur conjoint cocu , tout en se faisant du bien par la même occasion. Tout le monde y trouve son compte . La discrétion est assurée . Plus de péril en la demeure , le démon de midi n'est plus diabolisé , et la crise de la quarantaine , évitée . Certains hôtels ont même saisi l'opportunité au vol et conçu des forfaits d'occupation des chambres pour "rendez-vous coquins". Ils proposent ainsi aux tourtereaux de passer quelques heures à roucouler en toute impunité . Après quoi les infidèles se séparent et  retournent , la conscience tranquille, dans leur logis ,  jouer à l'époux ou à l'épouse irréprochable .

Ne nous abusons pas . L'adultère a existé de tout temps . Qui n'a entendu parler du droit de cuissage intronisé à l'époque médiévale ? Qui n' a eu vent de l'existence des maisons closes , ou , pour parler plus vulgairement , des bordels ? Et les clubs libertins , parlons-en. Il paraît qu'ils jouissent d'un prestige grandissant auprès de certains mâles ou femelles concupiscents . Mais enfin,  convenons-en , les doubles vies n'ont rien de bien glorifiant . Et les adeptes de cette pratique finissent , un jour ou l'autre , par payer un lourd tribut à leur penchant pour la dissimulation.   C'est en pâture que ces monstres lubriques  sont livrés à des avocats cupides et la vindicte populaire se charge de réduire à néant leur réputation .



vendredi 8 novembre 2013

Il y a certains livres que l'on n'a jamais envie de terminer tellement l'on aime s'y calfeutrer pour échapper aux tumultes de la vie. Il y en a d'autres que l'on n'a jamais envie de terminer car l'on en connaît déjà la fin , et qu'elle nous chagrine . Petite fille, je m'enfuyais quand ma mère abordait le dernier chapitre du Petit Prince . J'ai grandi depuis , mais je refuse toujours de le lire .

C'est que j'en étais amoureuse , du Petit Prince. Il me rendait le sourire , lui et ses histoires de mouton dans le désert . Et puis son entêtement à toujours vouloir  poser des questions me rappelait le mien . Je n'étais plus seule au monde . Un petit garçon aux cheveux couleur d'or , venu d'une étoile lointaine, voulait, lui aussi, percer le mystère des hommes .

Il en avait déjà rencontré , des hommes , sur d'autres planètes, après avoir quitté la sienne  . Un monarque , un vaniteux, un allumeur de réverbères et un géographe , entre autres.  Mais ce n'étaient pas des hommes intéressants . D'autant qu'ils ne lui accordaient  pas grande attention . Ils étaient trop occupés à s'adonner à des activités incompréhensibles . Certains en avaient même perdu le sens commun.

 Alors le petit prince  a pris son courage à deux mains et a tenté sa chance en visitant la Terre . Là , en plein désert , il a enfin trouvé une grande personne qui avait conservé son âme d'enfant . Et il lui a raconté son histoire . Son amour pour une rose coquette et pour les couchers de soleil ; sa manie de déraciner les baobabs et de ramoner les volcans . Sa rencontre surtout avec un renard pas comme les autres. Un renard qui s'est laissé apprivoiser et qui lui a confié un  secret inestimable .

Voilà. Je ne peux pas en dire plus . Je n'ai jamais voulu entendre la suite . Elle est trop triste, paraît-il, et je ne veux pas grandir .  Une chose est sûre cependant .  Quand la nuit tombe et que le ciel se paillète d'or , je ne manque jamais de  regarder les étoiles . Car je sais qu'il est sur l'une d'elles , qu'il a retrouvé sa rose et qu'ils  contemplent tous les deux , en amoureux , des couchers de soleil fabuleux.

jeudi 7 novembre 2013

Dans la communauté des héros intergalactiques , Albator jouit d'un statut particulier : Il est l'incarnation du héros ambivalent. S'il consacre sa vie à éradiquer le mal , il n'en demeure pas moins un pirate, dont l'emblème favori est la tête de mort .

Heureusement pour nous , il se démarque physiquement de l'archétype du corsaire unijambiste à la barbe hirsute . Par sa morphologie exquise , il nous séduit  . Son corps élancé , ses cheveux mi- longs, sa longue cape noire et son sabre de samouraï lui confèrent une élégance toute aristocratique . Même sa balafre et le bandeau de soie noire qui pointe sa borgnitude lui apportent un supplément de distinction .

C'est qu'il est de la race des seigneurs . Le trône médiéval sur lequel il règne et son majestueux vaisseau spatial trahissent son goût pour le raffinement . Il n'est pas un homme comme les autres. C'est un esthète . Et les créatures qui l'entourent reflètent son penchant pour le beau . Que ce soit Esméralda  ou Nausica,  les personnages féminins dans son ombre  sont dotés d'un pouvoir de séduction indéniable .

Même ses ennemies sont des êtres envoûtants. On ne peut manquer de tomber sous le charme de ces sylvidres filiformes  aux yeux luminescents. Elles ont le regard pétrifiant  de la Gorgone  Méduse  et sont aussi impitoyables que  les Parques qui coupent les fils de la destinée humaine . Car seule une froideur de glace se lit sur leur front d albâtre . Somme toute , elles incarnent la féminité dans tout ce qu'elle a de castrateur .

Face à elles , il sait tenir la barre . C'est un capitaine de navire aguerri qui a essuyé beaucoup de tempêtes dans sa vie . A commencer par la mort de sa bien-aimée . Son cœur en porte la cicatrice éternelle . Héros romantique par excellence , Il ne se résout pas à faire le deuil .  On lui pardonne dès lors son mutisme , et son inclination pour la solitude . C'est un homme blessé , et par là-même fragile.

C'est pour cela qu 'il fait notre conquête si facilement . Il n a pas besoin de faire montre de prouesses verbales pour gagner notre amour . Nous sommes toutes acquises à sa cause . Car l'on sait trop ce que la perte d'un être cher génère comme douleur . Alors on fait corps avec lui dans son combat contre les forces maléfiques de l'univers . Et surtout dans son combat contre la part d'ombre qui est en lui , qui est en nous . Car , ne le nions pas  , nous portons tous une balafre à notre âme , et nous hissons inlassablement , chaque jour , le pavillon de l'espérance au mât de notre vie .

mercredi 6 novembre 2013

Depuis le royaume des cieux, Léonard de Vinci doit être aux anges . Non parce que Mona Lisa demeure l'une des œuvres les plus prisées du musée du Louvre . À mon humble avis , le vénérable Maître doit plutôt rire aux éclats ; car  les cohortes de touristes ont beau s'ingénier à vouloir capturer , par tous les moyens photographiques possibles, le sourire évanescent de son modèle , lui seul possède  la clé de son énigme. Ce qui doit plutôt le remplir d'enthousiasme , sinon de fierté , c'est la concrétisation de son projet de 1495, dont peu de monde possède la connaissance .

Car , il faut bien le dire,  le commun des mortels , dans un souci d'épargner à sa mémoire des efforts qu'il juge inutiles, tend bien trop souvent à coller une étiquette hâtive  aux personnalités  trop complexes de ce monde . Aussi  Vinci , pour l'individu lambda , est LE peintre de La Joconde . Mais pour les curieux congénitaux  dont je fais partie , Vinci est bien plus que le créateur d'une œuvre picturale copiée et reproduite à l'infini. Il est surtout un inventeur de génie, et plus particulièrement le géniteur du premier robot humanoïde de tous les temps .

Certes le "chevalier mécanique" n'est pas parvenu jusqu'à nous . A-il seulement été conçu ou est-il resté simplement à l'état de croquis ? Nul ne peut le dire . Nous savons cependant , d'après les carnets de son inventeur , qu'il  possédait une armure et avait la capacité de mouvoir la tête , les pieds et les mains . Ce qui est sûr, c est qu'il  faut enjamber cinq  siècles pour enfin assister à la mise au point d'un robot humanoïde. Le Siècle des Lumières avait certes été le témoin de la conception d'automates insolites comme le canard digérateur de Vaucanson . Mais mis à part ce palmipède doté de la faculté de déféquer en public ( son créateur devait sans doute être anal) , rien de bien transcendant .

Avec l'avènement de l'électronique, la robotique a connu une explosion sans pareille . Dans les années 40, Asimov nous avait laissé entrevoir, dans ses récits de science-fiction,  un monde peuplé de ces humanoïdes fabuleux , voire même dangereux . Un demi-siècle plus tard, la science  s'est chargée de transformer sa fiction en réalité . Nao le robot , nouvellement débarqué dans notre galaxie , est le compagnon dont tout enfant rêve . Pas seulement les enfants d'ailleurs . Moi, par exemple , il m'émeut. Sans doute  parce qu'il me rappelle Nono , le petit robot , l'ami d'Ulysse. On m'a dit que j'aurai une chance de le rencontrer prochainement . J'ai hâte . Si cela se réalise , je pense que j'arborerai le sourire de Mona Lisa , en hommage à Léonard. Car , à mon avis, si elle demeure encore si  insaisissable ,  c'est que Vinci  a voulu garder jalousement le secret de son génie , là-haut , dans les étoiles .

mardi 5 novembre 2013

Colimaçon de poils, poids plume, ta frêle colonne s'enroule quand tu t'endors.
Oeil grand ouvert, vert de lumière, tu m'émerveilles de promesses.
Ourson douillet, doux coussinet, tu te prélasses sur le tabouret.
Voix fluette, effleurements brefs, tu émets une requête.
Croquettes pour minettes, puis tu pétris ma couette.
Arc de cercle, ronron discret, je sais que tu es gaie.
Ficelle et souris verte: tes deux menus jouets.
Ton plumet: droit comme un fleuret.
Ta patrie: la Perse.
Ta perte: la mienne.
Je te serre.
Tu te terres.
Amen.

dimanche 3 novembre 2013

Avoir la tête dans les nuages , c'est quand même bien mieux que de l'avoir sur les épaules . Surtout si, après les orages de la vie, un arc-en-ciel vous tend ses doigts irisés pour vous hisser vers le ciel . Une pincée de poudre de fée , et l'on s'envole, comme Clochette, à destination de Neverland .

Moi,  j'adore les pays imaginaires , et j'essaie toujours de trouver, chaque fois que je le peux , la porte dérobée qui m'y conduit . Enfant, j'étais fascinée par l'une des armoires de ma grand-mère qui recelait une multitude de foulards embaumant les fragrances d'antan . En cachette , je subtilisais  la clé dorée dissimulée dans un  petit coffret d' acajou ,  et me livrais à un pillage éhonté des trésors de ce somptueux réceptacle . Quelques tracés de feutre sur les yeux en guise de maquillage, et je me transformais en Cléopâtre , drapée dans des carrés de soie artistement noués , donnant des ordres impérieux à des esclaves invisibles devant la psyché de la grande chambre rouge .

Déjà , la lecture d'Alice in Wonderland , illustré par Tenniel , m'avait entrouvert les portes d'un monde merveilleux où les chats faisaient de grands sourires et les chenilles  fumaient  le narguilé . Mais c'est surtout l'ouvrage de l'extravagante Miss Travers qui m'a ouvert les yeux sur les profondeurs enchanteresses des surfaces de ce monde . Qui ne se souvient de la scène où Jane et Michael, accompagnés de Mary Poppins et de Bert le ramoneur , sautent à pieds joints sur une dalle en béton ! Quel ravissement de les voir traverser le miroir , chevaucher les destriers de bois d'un carrousel d'époque et croquer des pommes d'amour lors d'une fête foraine !

Depuis,  je ne regarde plus les trottoirs de la même façon . Surtout quand la pluie les enduit d'un vernis luisant et que des flaques offrent leur surface miroitante  à ma vue .  J'ai comme une envie  d'y plonger de tout mon long  , de perdre la notion du temps et de l'espace, et de me métamorphoser  en petite sirène , loin du bruit et de la fureur , dans un royaume silencieux où les murailles sont de corail et les habitants des poissons volants.

samedi 2 novembre 2013

J'ai parfois le sentiment , en parcourant certains articles de presse , de me retrouver au British Museum en face de la Pierre de Rosette , tellement certaines colonnes semblent inondées d'abréviations hiéroglyphiques . Il faut dire que la tendance actuelle est aux sigles et acronymes en tout genre. Dans presque tous les domaines , on fait l'économie de syllabes , de sorte que bon nombre de mots se voient amputés et réduits à une unique lettre . Il est vrai que ce phénomène n'est guère nouveau . Pas besoin de dictionnaire pour décrypter WC ou OK . Mais savez vous seulement que la première abréviation nous vient de la Perfide Albion , et que la deuxième aurait un rapport avec la guerre de Sécession ?

Si , dans le domaine épistolaire , les PJ et les PS n'ont plus de secret pour vous , il en va peut-être autrement pour certains vocables du domaine médical . PMD ou DMLA ne vous disent rien ? Il vaut mieux , d'un côté , car les gens qui en sont affectés ne voient pas la vie en rose. Pour ce qui est de débroussailler le terrain terminologique des services secrets , attachez vos ceintures! Vous me direz , ils sont secrets , donc vous n'avez pas à les connaître , mais bon , l'actualité fait que vous vous trouvez confrontés , bon gré , mal gré , à des discours regorgeant de sigles abscons tels que DST, DGSE , NSA, et GCHQ. La tâche  s'avère d'autant  plus ardue qu'il vous faut souvent naviguer d'une langue à une autre au sein de la même phrase . Mal de mer garanti ...


Il est aussi conseillé d'avoir le pied marin quand on s'immerge dans l'océan des sigles informatiques, majoritairement anglo-saxons . Car entre les flux RSS , les protocoles SSL et IOS, les URL et les URI,  les OASIS et les OSCAR, les SUS et les SLIP,  on a tôt fait de perdre pied si l'on n'a pas, à portée de main, un bon kit de survie . Remarquez , il vous reste toujours la possibilité de lancer un SOS. Car il ne suffit pas de traduire ces maudites abréviations . Encore faut-il les comprendre . Parfois mieux vaut rester dans l'ignorance la plus totale plutôt que de tenter d'en cerner le sens . Car l'on a vite  l'impression d'être affligé du QI d'un lémurien  . Après tout,  ne dit-on pas "Heureux sont les simples d'esprit  car le royaume des cieux leur appartient" ?

En parlant d'au-delà , n'oublions pas que les initiales les plus parlantes , pour la croyante que je suis , sont celles du Fils de Dieu . Bon , il est vrai que Jésus Christ sonne mieux que JC , mais enfin  , il y a pire  comme initiales . Car s'il avait  été appelé Paul Christ ou pire encore , Walter Christ , imaginez de quelles initiales le Sauveur aurait été gratifié . Les Anglais ont d'ailleurs emprunté au latin les initiales A.D pour désigner le début de l'ère chrétienne  : Anno Domini . Et je leur en rends grâce. Car le latin est peut-être une langue morte, mais il demeure néanmoins le substrat de  la nôtre et lui redonne un  lustre que les différents emprunts à l'anglais moderne tendent à ternir . Pas cool ...

Bon, j'espère ne pas vous avoir mis K.O avec toutes mes digressions d'intello. Moi je suis H.S , alors je vais gober quelques M&M's et aller faire un tour  chez H&M . Ensuite  , je compte bien  me connecter à BBM et passer l'aprèm en ligne  avec JC.

SLT et ADM1!

XOXO

PS: Btw , le JC dont je vous parle , ce n est pas le Messie , mais c'est mon Sauveur, quelque part . Mais ça , c'est une autre histoire ...;-)

vendredi 1 novembre 2013

Les bonbons ,  c'est mon talon d'Achille . Alors , bien-sûr , je préfère les savoir à l'abri dans les vitrines des confiseries plutôt que d'en garnir les bocaux de mes étagères . Statistiquement parlant, leur espérance de vie sera plus longue , et  mon taux de glycémie , beaucoup moins alarmant . Or,  pour mon plus grand malheur , un mauvais génie , certainement soucieux de booster la consommation de ces friandises gélatineuses , a mis au point une application smartphone démoniaque mettant  à mal mes bonnes résolutions . Nom de code : Candy Crush . Cible privilégiée : célibataires oisifs . Préjudices imputés :  addiction incurable .

 Heureusement pour moi, je ne rentre pas dans la catégorie des cibles du produit incriminé. Non que je ne sois pas célibataire , ou plutôt , célibattante , terme plus approprié. Mais voyez-vous , l'oisiveté est loin d être l'état qui me caractérise , comme en témoigne la prolifération de mes écrits sur cet auguste blog . Cela dit, je dois avouer subir de plein fouet les retombées radioactives de cette bonbonnière virtuelle .Car , à mon grand dam, je reçois régulièrement, sur un réseau social connu, les invitations répétées d'"amis" souhaitant me faire partager leur passion dévorante pour ce jeu chronophage.

Chronophage , ou plutôt neurophage , excusez le néologisme . Car , après consultation des victimes de l'agression perpétrée par ces sucreries made in UK , il semblerait qu'une large portion de l'hémisphère gauche du cerveau soit visée. Pour ce qui est de l' hémisphère droit , aucun souci . On ne vous demande pas d'être inventif. Bien au contraire . Le but du jeu , c est d'annihiler en vous tout élan de créativité intempestif. En clair, la société King, comme son nom l'indique,  veut régner sur vos esprits en pratiquant un lavage de cerveau carabiné  et en vous incitant à délier les cordons de votre bourse quand vous atteignez un point de non retour.

Car , cerise sur le gâteau , le concepteur britannique de ces bonbons diaboliques en a beaucoup plus qu'il n y paraît dans le citron . C'est pour cela qu'il ne se gêne pas pour se payer votre fraise autant qu'il le peut . Car vous n'avez pas neuf vies , comme les chats , mais cinq . Faute de quoi vous devez patienter trente minutes interminables avant de vous relancer dans votre écrabouillage de gélatine colorée, ou bien mettre la main au portefeuille et permettre au sujet de sa majesté d'accroître ses gains. De quoi laisser un goût amer dans votre bouche ...


Rétrospectivement  , j'ai eu beaucoup de chance de ne pas avoir été éblouie par le joyau de la couronne de l'empire King . Objectivement , je pense ne devoir mon salut qu'à mon péché de gourmandise . Je ne conçois pas en effet que des bonbons en gélatine  puissent être emprisonnés  dans des grilles et soumis à une destruction systématique massive. À mes yeux , et surtout à ma bouche, cela constitue un crime de lèse-majesté passible d'une peine de prison à perpétuité. Alors, pour une fois, je vais céder à la tentation , courir chez mon confiseur attitré et remplir mes bocaux de ces friandises acidulées . Parce que je le vaux bien, après tout!